Lille : Une lycéenne transgenre s’est-elle suicidée après une altercation avec une surveillante ?
FAKE OFF•Réseaux sociaux, associations, politiques et médias se sont emballés sur les raisons qui ont poussé une lycéenne transgenre de 17 ans à mettre fin à ses jours dans son foyer d’accueil lillois mardi dernierMikaël Libert
L'essentiel
- Une lycéenne transgenre de 17 ans s’est suicidée, mardi, dans son foyer à Lille.
- Scolarisée au lycée Fénelon, elle y avait eu une altercation, début décembre, avec une surveillante au sujet de sa tenue vestimentaire.
- Sur les réseaux sociaux, le drame suscite beaucoup d’émotion et beaucoup de contre-vérités.
Un drame et presque aucune certitude. Mardi, Fouad, une jeune adolescente transgenre scolarisée au lycée Fénelon, à Lille, s’est donnée la mort au sein du foyer où elle était hébergée. Un drame qui a suscité beaucoup d’émotion chez ses camarades, ainsi qu’un emballement sur les réseaux sociaux après la publication d’un thread twitter largement relayé racontant une version de l’histoire très approximative.
Ce que l’on sait avec certitude, c’est que Fouad, 17 ans, une jeune fille qui a été assignée garçon à la naissance, s’est suicidée, mardi soir, dans le foyer où elle habitait. Une enquête de police a été ouverte pour tenter de déterminer les raisons qui ont poussé cette adolescente transgenre à mettre fin à ses jours. Parmi les éléments qui seront pris en compte par les enquêteurs, il y a une vidéo tournée par la victime dans le bureau d’une surveillante du lycée Fénelon le 2 décembre.
Sur un ton agressif, la surveillante lui reproche d’être venue en jupe au lycée : « Je comprends ton envie d’être toi-même […]. Et tout ça, justement, c’est fait pour t’accompagner au mieux. C’est ça que tu ne comprends pas. Parce qu’il y a des sensibilités qui ne sont pas les mêmes, à différents âges », peut-on entendre.
FAKE OFF
Selon plusieurs de ses camarades de lycée, l'adolescente a diffusé la vidéo sur Snapchat le jour même de l’incident. La séquence est ensuite réapparue sur Twitter après sa mort, induisant une relation de cause à effet. Aucun élément, à ce stade, ne permet de l'affirmer. Un thread Twitter, partagé près de 8.000 fois, assurait notamment que Fouad avait été exclue d’un cours puis du lycée en raison de sa tenue. « La surveillante est venue la chercher dans la cour pour l’emmener dans son bureau. Mais elle n’a pas été exclue, elle est sortie d’elle-même du lycée parce qu’elle était en colère et qu’elle voulait se calmer », assurent Annabelle et Safina, deux de ses amies. Il est aussi apparu que l’auteure du thread « ne connaissait pas Fouad personnellement ».
aIl est aussi faux de dire que le proviseur a interdit à la jeune fille de revenir au lycée en jupe, avant de changer d’avis plusieurs jours plus tard. « Dans la foulée de l’altercation avec la CPE, il y a eu une médiation avec Fouad, sa référente au foyer et la direction du lycée. Trois heures après l’incident, Fouad a été autorisée à revenir au lycée habillée comme elle le souhaitait », insistent Annabelle et Safina.
« On ne saura peut-être jamais »
Plusieurs de ses camarades rapportent que la jeune femme a vécu l’altercation avec la CPE « comme une humiliation ». Mais, dans les jours qui ont suivi cet événement, de nombreux élèves lui ont apporté leur soutien, en collant des affiches dans le lycée ou en organisant une « journée de la jupe ». « Finalement, c’était une victoire pour Fouad », affirment ses proches.
Pour beaucoup de lycéens présents devant Fénelon ce vendredi, l’établissement ne peut pas être qualifié de transphobe. Tous soulignent la tolérance des professeurs et des élèves. « Il faudrait quand même que l’Education nationale forme les enseignants à ce sujet, pour genrer correctement une personne, par exemple », avance Zya, élève de terminale. « On ne peut rien affirmer sur les raisons du geste de Fouad, reconnaît Annabelle. Elle avait aussi des problèmes familiaux et personnels. On ne saura peut-être jamais quel a été l’élément déclencheur ».