Lyon : Pas de métro mais quatre lignes de tramway dans les six prochaines années
TRANSPORTS EN COMMUN•Le Sytral a voté jeudi matin les grandes lignes de transport qui seront réalisées avant la fin de l'année 2026 à Lyon
Caroline Girardon
L'essentiel
- Le Sytral a voté jeudi la réalisation de quatre lignes de tramway avant la fin de l’année 2026 dans la métropole de Lyon.
- Une consultation citoyenne sera lancée sur l’extension du métro à l’automne 2021.
- La future ligne E du métro n’est pas abandonnée, mais elle sera en concurrence avec trois autres projets.
Bruno Bernard ne s’en est jamais caché pendant la campagne des élections municipales. Il n’a jamais été un fervent partisan du métro, dont la réalisation est jugée trop coûteuse. Jeudi matin, au moment de faire voter les grands projets en matière de transports en commun pour les six prochaines années, le président EELV de la métropole de Lyon (également président du Sytral) a assumé ses choix.
Le budget consacré aux investissements sera doublé pour passer à 2,5 milliards d’euros. Et le paquet sera mis sur le tramway en plus de l’achat de 400 bus écologiques et du renouvellement du matériel existant.
Un téléphérique de Francheville à Gerland
D’ici à 2026, quatre nouvelles lignes sont prévues « pour renforcer la cohésion du territoire ». A commencer par le tramway T8 qui reliera le quartier de Bellecour à celui de la Part-Dieu et qui circulera jusqu’au campus de la Doua ou Vaulx-en-Velin. Le futur T9 fera le trait d’union entre le quartier de la Soie (Vaulx-en-Velin) et Villeurbanne. Le T10, qui partira de Vénissieux, ira jusqu’à Gerland. Enfin, l’actuel T6 sera prolongé entre les hôpitaux de l’Est lyonnais et la Doua.
Ces nouvelles réalisations permettront, à terme, un meilleur maillage de l’agglomération. Elles contribueront également à desservir plus efficacement le sud et l’est de la métropole, où résident notamment, les populations les moins aisées ainsi que les familles n’ayant pas les moyens d’investir dans le centre de Lyon. L’ouest lyonnais, très peu desservi par les transports en commun à l’exception de quelques lignes de bus, se consolera avec la réalisation d’un téléphérique permettant de relier Francheville à Gerland en 2025. Une réalisation qui transportera entre 20.000 et 25.000 voyageurs par jour.
Une consultation citoyenne sur le métro
La ligne de métro E, imaginée par les équipes de Gérard Collomb pour desservir le même secteur, n’est pas abandonnée. Mais elle est loin d’être sur les rails. C’est une certitude : le premier coup de pioche ne sera pas donné dans les six années à venir. Bruno Bernard a indiqué qu’il ne voulait pas de faire de choix hâtifs au regard du coût de ce projet, estimé à 1,4 milliard d’euros. « Selon les premières études, cette ligne véhiculerait 60.000 voyageurs par jour. Il y a un enjeu citoyen à aller vers le plus utile. Rien ne sert de réaliser un métro s’il concerne peu de gens », argumente l’élu.
Une consultation citoyenne sera donc lancée à l’automne 2021 pour que chacun s’exprime. Les habitants auront le choix de déterminer quel projet de métro leur semble le plus pertinent parmi quatre options : la ligne E, le prolongement du métro A vers Meyzieu, le prolongement de la ligne D vers la Duchère et l’extension de la ligne B vers Caluire et Rillieux-la-Pape.
Contre l’étalement urbain
« On n’a pas les moyens de tout faire, expose Bruno Bernard. C’est la raison pour laquelle, nous voulons voir, à l’échelle de l’agglomération et dans le cadre du développement urbain, ce qui est le plus pertinent ». Et d’ajouter : « Il y aura des frustrations mais je ne veux pas favoriser l’étalement urbain. Construire un métro, c’est aussi inciter les gens à aller habiter plus loin. »
Que répondre alors aux futurs habitants, qui dans les dix ou quinze ans à venir, seront contraints de résider en périphérie compte tenu de l’augmentation galopante des prix du marché à Lyon ? Et qui continueront probablement de prendre leurs voitures pour aller travailler, faute de moyens de transport rapides. « C’est un choix politique. L’étalement urbain, beaucoup réalisé dans les années 1980, a été catastrophique. Il n’est plus le modèle d’aujourd’hui », répond Bruno Bernard en guise de conclusion.