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Comment éviter l'engorgement de la future frontière franco-britannique ?

Brexit : Comment éviter l'engorgement de la future frontière franco-britannique ?

BREXITLes autorités françaises devront jongler entre le maintien de la fluidité à la frontière et le retour des contrôles douaniers après la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne
Mikaël Libert

Mikaël Libert

L'essentiel

  • Officiellement, la Grande-Bretagne sortira de l’Union européenne le 1er janvier 2021.
  • Les négociations restent ouvertes sur certains points mais d’autres seront mis en place tout de suite, comme le rétablissement des contrôles aux frontières.
  • L’enjeu des autorités dans les Hauts-de-France est de maintenir la fluidité du trafic des véhicules et de passagers pour éviter l’engorgement des ports et du tunnel.

Il faut que ça roule. A 00h01, le 1er janvier prochain, la Grande-Bretagne ne sera officiellement plus membre de l’Union européenne (UE). Si les négociations sur certains points du Brexit vont se poursuivre au-delà de cette date, notamment sur la pêche, d’autres conséquences entreront en vigueur immédiatement. C’est le cas du rétablissement des contrôles aux frontières. A ce titre, les Hauts-de-France sont particulièrement concernés puisque 70 % des échanges entre l’Angleterre et l’UE sont gérés dans la région.

Il existe trois principaux points de passage entre la Grande-Bretagne et l’UE via les Hauts-de-France : Calais, Boulogne-sur-Mer et Dunkerque. Entre les ports et le tunnel, ce ne sont pas moins de huit millions de véhicules et 22 millions de passagers qui franchissent la frontière chaque année rappelait, ce lundi matin, le préfet du Nord, Michel Lalande. En temps normal, il est déjà arrivé que ça coince pour diverses raisons : chutes de neige, mouvements sociaux. On n’imagine donc pas un retour des contrôles douaniers à la manière d’avant Schengen avec un tel flux. Et pourtant, il faudra bien vérifier ce qui entre, que ce soi pour des questions fiscales (taxes), sécuritaires ou vétérinaires.

Une frontière intelligente

Ainsi, le mot préféré des autorités, ce lundi, était « fluidité ». « C’est la première fois que l’on rétablit une frontière. Les infrastructures ont toutes été conçues pour la libre circulation des biens et des personnes mais il faut pourtant éviter que le retour des contrôles ne créé des embouteillages comme on a pu en voir ces dernières semaines », explique le préfet du Nord. D’où le travail mené depuis trois ans pour concevoir une « frontière intelligente ».

L’idée est d’automatiser et de numériser au maximum les procédures. « Les camions ne seront arrêtés que lorsque ce sera nécessaire. Les contrôles se feront sur la base d’une analyse de risques ciblée en non systématique », précise Jean-Michel Thilliez, directeur interrégional des douanes. Concrètement, il y aura deux parcours pour les véhicules arrivant en France : un vert et un orange. Pour le premier, sans contrôle physique, il faudra avoir effectué correctement les formalités et ne pas être dans le collimateur. Emprunteront le parcours orange les transporteurs n’ayant pas fait les formalités en amont mais aussi potentiellement ceux transportant des marchandises qui pourraient intéresser la douane ou les services vétérinaires.

Une période décisive de six mois pour les TPE PME

En théorie, les moyens humains et technologiques mis en place devraient permettre que tout roule. En pratique, ce n’est pas aussi simple. « La frontière intelligente ne sera efficace que si nos clients anticipent leurs voyages en effectuant en amont les formalités douanières », insiste Benoît Rocher, directeur général délégué du port de Boulogne-Calais.

Certes, les autorités ont largement communiqué sur les nouvelles règles qui entreront en vigueur le 1er janvier prochain, notamment auprès des syndicats de transporteurs, des entreprises habituées des voyages transmanche, mais aussi à l’étranger. Sauf qu’avec la crise du coronavirus, de nombreuses TPE-PME ont un peu mis de côté le Brexit. « Les six mois à venir vont être décisifs, surtout pour les petites et moyennes entreprises », reconnaît Philippe Hourdain, président de la Chambre de commerce et d’industrie des Hauts-de-France.