Marseille : Frédérique Camilleri, longtemps au service de Didier Lallement, prend la tête de la préfecture de police
SECURITE•Directrice de cabinet adjointe du préfet de police de Paris décrié, Didier Lallement, depuis avril 2019, Frédérique Camilleri a été promue préfète de police des Bouches-du-RhôneMathilde Ceilles
L'essentiel
- Ce lundi, la préfète de police des Bouches-du-Rhône Frédérique Camilleri a été officiellement installée dans ses fonctions.
- Elle était jusqu’ici directrice adjointe du cabinet du préfet de police de Paris Didier Lallement.
- Dès ses premiers mots officiels en tant que préfète de Marseille, Frédérique Camilleri a tenu un discours de fermeté.
Dès son tout premier discours de prise de fonction en tant que toute nouvelle préfète de police des Bouches-du-Rhône, Frédérique Camilleri donne le ton : celui de la fermeté. « Le premier des défis, à la racine de bien des maux dans ce département, c’est la lutte contre les trafics de stupéfiants, qui gangrènent nos quartiers, qui brisent des destins et des familles, qui pervertissent toutes les références, lance la préfète fraîchement nommée dans la cour glaciale de l’Evêché ce lundi. Cette lutte, nous la mènerons sans relâche, sans états d’âme, pied d’immeuble par pied d’immeuble, cage d’escalier par cage d’escalier. »
« C’est une dure », glisse une élue marseillaise bien au fait des questions de sécurité. Pour succéder au préfet Emmanuel Barbe, limogé à la surprise générale après seulement neuf mois d’exercice et quelques bourdes qui lui ont visiblement coûté sa place, le ministère de l’Intérieur a en effet choisi de placer à la tête de la préfecture de police des Bouches-du-Rhône une proche de Didier Lallement. Depuis avril 2019, la jeune Frédérique Camilleri, 36 ans à peine, était en effet -déjà- directrice adjointe de cabinet du controversé préfet de police de Paris.
« Aucune tolérance »
Interrogée sur cet héritage, Frédérique Camilleri l’endosse avec une certaine prudence. « J’ai eu l’occasion dans ma vie, et je leur rends hommage aujourd’hui, de travailler avec de très grands préfets qui m’ont tous apporté quelque chose. Et puis chacun ensuite est lui-même, apporte sa méthode, sa vision. C’est un métier qu’on apprend auprès de ces préfets, ses patrons, et j’ai eu la chance d’avoir ces patrons-là. »
La méthode Camilleri, selon la principale intéressée, qui connaît bien Marseille pour y avoir travaillé récemment, consiste à « avoir le courage de faire les choses », que ce soit contre les soirées clandestines contre lesquelles elle promet « aucune tolérance », ou pour la gestion des manifestations contre la loi de sécurité globale. « Je condamne très fermement tous les débordements qu’il y a pu y avoir avec des incidents parfois graves contre les forces de l’ordre présentes pour sécuriser les cortèges », tient-elle ainsi à préciser.
« C’est bien d’avoir une préfète un peu plus dure ! »
Cette apparente fermeté n’est pas pour déplaire aux policiers marseillais. « Dans la police, on nous demande d’être fermes et courtois, et je n’ai pas de doute qu’elle le soit, lance Rudy Manna, secrétaire départementale du syndicat policier Alliance. C’est une bonne chose que d’avoir une préfète de police un peu plus dure que les autres à Marseille ! »
« Sa nomination envoie un message clair de fermeté, plus à l’intention des délinquants que des forces de l’ordre, avec une feuille de route limpide, estime une source syndicale policière. Et elle a pour mission d’essayer de faire retourner le département dans le giron du ministère de l’Intérieur, alors qu’on dit qu’il existe trois polices avec trois méthodes : celle de Paris, celle de province et celle de Marseille ! »
« On attend de la préfète de la concertation, et qu’elle s’engage sur des recrutements, met en garde Yannick Ohanessian, adjoint à la maire de Marseille en charge de la sécurité. Et il faut des recrutements de façon pérenne, pas seulement des opérations de communication uniquement centrées sur le trafic de stupéfiants. » « Il y a un besoin de renfort d’effectifs de manière impérieuse à Marseille, s’étrangle une source policière syndicale. Il y a eu des renforts annoncés par le ministre à Lille, Nice, Toulouse, et rien à Marseille ! » Selon Yannick Ohanessian, Marseille a perdu 300 policiers en trois ans.