Marseille : Des logements scolaires vacants pour héberger des femmes victimes de violences conjugales
CONFINEMENT•Une vingtaine d’appartements libres et séparés de l’enceinte des écoles vont être mis à disposition par la ville, pour répondre à l’urgence liée au confinementCaroline Delabroy
L'essentiel
- La ville de Marseille a identifié des logements scolaires vacants pour les mettre à disposition des femmes victimes de violences conjugales et de leurs enfants.
- Cette mesure d’urgence est saluée par les associations, qui appellent à trouver des solutions pérennes et sur le long terme.
C’est une question de quelques semaines. D’ici au mois de janvier, la ville de Marseille va commencer à mettre à disposition des femmes victimes de violences conjugales une vingtaine d’appartements. « Ce sont des logements scolaires de fonction inoccupés et qui sont détachables des écoles, c’est-à-dire qu’ils ont une entrée indépendante, il n’y a pas de cohabitation entre les familles et les enseignants », indique Pierre-Marie Ganozzi, adjoint à la ville de Marseille en charge du plan école et du patrimoine des écoles maternelles et élémentaires. Au dernier conseil municipal, il a fait voter une délibération en ce sens, dans le cadre des mesures d’urgence liées à la crise sanitaire du Covid-19.
« Avec ce deuxième confinement, les appels augmentent encore, c’est du non-stop », confie Sophie Pioro, directrice de SOS Femmes 13. « On est manque d’hébergements », ajoute-t-elle. Les 70 places que compte l’association à Marseille, Istres et Port-de-Bouc, sont plus que jamais insuffisantes pour héberger temporairement les femmes et les enfants victimes de violence conjugales et sexuelles. Même provisoire, la solution apportée par la mairie de Marseille est ainsi accueillie avec soulagement.
« C'est une piste »
« Cela s’apparente à ce qui avait été fait avec l’OM lors du premier confinement, et qui a duré deux mois et permis d’accueillir à la commanderie 40 femmes et 42 enfants co-victimes de violences conjugales, détaille Sophie Pioro. C’était très positif, cela nous a permis de travailler avec d’autres partenaires. Et cela montre bien nos besoins aussi. » A la différence de l’OM, les logements scolaires sont cette fois plus éparpillés, et leur emplacement gardé secret pour une meilleure protection des femmes et des enfants. Ici, c’est une ancienne conciergerie, là un appartement de fonction inoccupé. La superficie peut varier de 54 m² à 87m² .
«Il faut installer les lits, s’occuper de l’approvisionnement, régler les problématiques liées aux violences », complète Sophie Pioro, qui souligne les besoins sur le plus long terme : « On n’a pas de financements à hauteur des demandes actuelles. Il faut des solutions pour accompagner ces femmes vers un logement. » « Un cadre scolaire, c’est une piste, c’est mieux qu’un hôtel, mais derrière, c’est de l’hébergement de longue durée qu’il faut pouvoir proposer, abonde Paula Cusi Echaniz, coordinatrice régionale des CDIFF (Centres d’information sur les droits des femmes et des familles). Ce n’est pas une solution précaire qui va faire que les femmes victimes de violences quittent un domicile. »
Pour l’heure, Pierre-Marie Ganozzi n’exclut pas de pérenniser l’expérience, au-delà de la crise sanitaire. Il travaille déjà à une cartographie complète des logements disponibles, au sein et à l’extérieur des établissements scolaires. « Il va falloir définir une stratégie plus globale à moyen et long terme », poursuit-il. Une partie de ce patrimoine pourrait être vendue pour dégager des finances, ou réaffectés pour donner plus d’oxygène aux écoles. La porte reste aussi ouverte à une réflexion avec les associations et le parc social.