Loi « sécurité globale » : Des rapporteurs de l’ONU demandent une révision « en profondeur »
DROITS HUMAINS•Ce rapport de l'ONU évoque l’article 24 mais également l’article 22 de ce projet de loi, qui encadre la surveillance par drones20 Minutes avec AFP
Nouvelles critiques contre la loi « sécurité globale », qui émanent cette fois de rapporteurs de l’ONU. Les cinq experts la jugent « incompatible avec le droit international » et les droits humains et demandent à la France de revoir sa copie.
« Parmi les nombreuses autres dispositions de la proposition de loi qui pourraient limiter les droits humains, l’article 22 autorisant l’utilisation de drones de surveillance au nom de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme permettrait une surveillance étendue, en particulier des manifestants », ont indiqué ces experts indépendants. « Cela aura de graves implications pour le droit à la vie privée, la liberté de réunion pacifique et la liberté d’expression dans le pays – ainsi que dans tout autre pays qui pourrait s’inspirer de cette législation », ont-ils ajouté dans un communiqué.
Les images de policiers « jouent un rôle essentiel »
Tout en accueillant la création d’une commission, dirigée par le président de la Commission nationale des droits humains, chargée de formuler des recommandations concernant l’article 24, les experts, parmi lesquels figurent la Rapporteure spéciale sur le droit à la liberté d’opinion et d’expression Irene Khan, ont exhorté la France à entreprendre une évaluation complète de la compatibilité de l’ensemble de la proposition de loi avec le droit international.
L’article 24, le plus controversé, « prohibe l’usage malveillant » de l’image « ou tout autre élément d’identification » des policiers et gendarmes en intervention. Pour les rapporteurs, qui sont mandatés par le Conseil des droits humains mais ne s’expriment pas au nom de l’ONU, « les images vidéo des abus policiers captées par le public jouent un rôle essentiel dans la surveillance des institutions publiques, ce qui est fondamental pour l’Etat de droit ».
La seule réécriture de l’article 24 jugée insuffisante
« C’est un bon signe que les membres du Parlement aient déclaré qu’ils réécriraient l’article 24 visant à limiter la publication d’images de policiers, mais il faut aller plus loin et repenser l’objectif de la proposition de loi dans son ensemble », ont-ils jugé.
« La simple réécriture de l’article 24 ne résoudra pas ses défauts et cette disposition n’est certainement pas la seule dans la proposition de loi qui porte atteinte aux droits humains », ont-ils insisté, en réclamant une révision « en profondeur ».