Paris : Aussitôt installé, un campement de migrants violemment démonté par la police, Darmanin « choqué » par les images
MOBILISATION•Gérald Darmanin a évoqué des images « choquantes » et a demandé un rapport au préfet de police20 Minutes avec AFP
Des centaines et des centaines de tentes installées sur la place de la République. Ce lundi soir, plusieurs centaines de migrants, en errance depuis le démantèlement d’un important camp d’exilés la semaine dernière, ont monté un campement dans le centre de Paris pour être à leur tour mis à l’abri en pleine pandémie de coronavirus.
« On était sur le campement, on a été virés le jour où les autres ont été emmenés dans les bus [pour être mis à l’abri] et depuis on est à nouveau dans la rue où la police ne nous laisse pas dormir », a expliqué Mahdi Jafari, un Afghan de 19 ans, en installant sa tente sur les coups de 19 heures.
Des policiers enlèvent des tentes
Mais dès 20 heures, les forces de l’ordre ont commencé à démanteler sans ménagement une partie des tentes, parfois avec des exilés encore à l’intérieur, et sous les huées des militants et des migrants. C’est finalement sous les tirs de gaz lacrymogène et de grenades de désencerclement que quelques centaines d’exilés et leurs soutiens ont été dispersés.
« L’Etat donne de lui-même un spectacle lamentable » en apportant « une réponse policière à une situation sociale », a commenté Ian Brossat, adjoint de la Mairie de Paris en charge notamment de l’accueil des réfugiés. Plus tard dans la nuit, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a évoqué des images « choquantes ». « Je viens de demander un rapport circonstancié sur la réalité des faits au préfet de police d’ici demain midi. Je prendrai des décisions dès sa réception », a-t-il ajouté.
Démantèlement d’un campement à Saint-Denis
Plus de 3.000 personnes, principalement des hommes afghans, avaient bénéficié d’une mise à l’abri dans des centres d’accueil ou des gymnases en Ile-de-France mardi dernier, à l’issue du démantèlement d'un très important campement informel qui s’était constitué depuis l’été sous une bretelle d’autoroute près du Stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
Mais entre 500 et 1.000 personnes n’avaient pas bénéficié de cette opération et se trouvaient depuis en errance dans les rues en lisière de Paris, selon les associations qui leur viennent en aide et qui dénoncent notamment des abus policiers.
La semaine dernière, la vidéo diffusée par un journaliste de l’errance forcée de certains de ces exilés, forcés à marcher toute la nuit encadrés par des policiers qui refusent de les laisser s’installer pour dormir, avait notamment suscité une vague d’indignation dans le milieu associatif et politique.