Coronavirus : Vers un « certificat de vaccination » pour aller au théâtre ou au restaurant ? Prudence !
FAKE OFF•Une citation de Christophe Barbier, virale sur les réseaux sociaux, laisse entendre qu’un « certificat de vaccination » conditionnerait nos déplacements à l’avenir. En réalité, l’édiorialiste a émis cette proposition sur son compte Twitter, il ne s’agit pas d’un projet du gouvernementTom Hollmann
L'essentiel
- Une publication massivement relayée sur Facebook laisse entendre que le vaccin contre la Covid-19 pourrait devenir une sorte de « laissez-passer » pour fréquenter des lieux publics.
- Ces propos sont tirés d’un « édito vidéo » de Christophe Barbier, dans lequel le journaliste philosophe à voix haute.
- Le gouvernement n’a jamais évoqué un tel projet.
Un « certificat de vaccination » contre le coronavirus sera-t-il obligatoire prochainement pour fréquenter certains lieux publics ? Plusieurs publications virales présentent une citation du journaliste et éditorialiste Christophe Barbier comme un scoop retentissant, qui a déclenché l’ire de nombreux internautes sur les réseaux sociaux.
Selon un visuel vu plus de 400.000 fois depuis sa publication le 14 novembre, l’ancien directeur de la rédaction de L’Express aurait déclaré : « Si vous n’êtes pas vaccinés vous ne pourrez plus aller au restaurant, au théâtre, ou prendre l’avion… Il faudra avoir un certificat de vaccination comme un laissez-passer pour être dans la société. »
Dans une actualité propice aux fantasmes, alors même que l’état d’urgence sanitaire a été prolongé jusqu’au 16 février prochain – et que de plus en plus de laboratoires annoncent avoir mis au point un vaccin contre le Covid-19 –, il est bon de redonner du contexte à ces propos.
FAKE OFF
Si ces mots ont bien été prononcés par Christophe Barbier dans un « édito vidéo » publié sur son compte Twitter le mardi 10 novembre dernier, ils ne sont que le reflet de sa pensée. Ils ne reposent donc sur aucune source gouvernementale ni information confidentielle à laquelle le journaliste aurait eu accès. L’ancien directeur de rédaction de L’Express n’engage que lui lorsqu’il propose de mettre en place un « certificat de vaccination » à avoir sur soi dans certains lieux publics.
Mais peut-on vraiment restreindre la liberté de celles et ceux qui ne souhaitent pas se faire vacciner ? Si le refus de vaccination exposait encore, il y a quelques années, à six mois de prison et 3.750 euros d’amende, cette sanction prévue dans le Code de la santé publique a été supprimée par Agnès Buzyn peu après son arrivée au ministère de la Santé en 2017.
En 2015, le Conseil constitutionnel a reconnu l’obligation vaccinale des enfants comme conforme « à l’exigence constitutionnelle de protection de la santé ». Ainsi, le défaut de vaccination peut amener une crèche ou une école à refuser un enfant s’il n’a pas reçu l'un des onze vaccins obligatoires. Et des sanctions pénales restent en vigueur pour les parents qui compromettraient la santé de leur enfant. Mais la preuve de vaccination n’est pas nécessaire pour fréquenter un théâtre ou un restaurant.
Vers un vaccin obligatoire ?
De nombreux hommes et femmes politiques appellent néanmoins d’ores et déjà à la mise en place d’un vaccin obligatoire contre le Covid-19, tels que le député européen Yannick Jadot (Europe Ecologie-Les Verts), ou la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (ex-Les Républicains), lundi matin sur BFMTV.
Cette idée est loin de faire l’unanimité. Pour la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, chaque Français devrait avoir le choix en son « for intérieur ». Interrogé sur France 3, Julien Bayou, secrétaire national d’EELV, redoutait que le caractère obligatoire du vaccin ne fasse « reculer le souhait de se faire vacciner » au sein de la population.
Une obligation vaccinale reste de toute façon très hypothétique pour l’heure. La Haute Autorité de santé a estimé la semaine dernière que, « dans le contexte actuel, la vaccination contre la Covid-19 ne devrait pas être obligatoire » en raison d’un « calendrier de livraison des doses de vaccin mal connu et du manque de recul sur les futurs vaccins, ainsi que sur leur capacité à limiter la contagion du virus ».
La prudence est de mise au gouvernement
De son côté, le gouvernement n’a pas abordé explicitement la question de l’obligation vaccinale. Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, estimait la semaine dernière qu’il « est très tôt pour dire (…) les conditions dans lesquelles nous déploierons un vaccin alors même qu’aucun vaccin n’a été définitivement validé ». Une prudence partagée par Olivier Véran dans un entretien aux quotidiens régionaux du groupe Ebra publié lundi : « La campagne vaccination ne commencera que quand nous aurons toutes les garanties de vacciner en toute sécurité la population », a assuré le ministre de la Santé.
« Ma crainte, c’est que les Français ne se fassent pas assez vacciner », a confié Jean Castex au Monde ce week-end. Selon le quotidien, l’entourage du Premier ministre serait réticent à rendre la vaccination contre le Covid-19 obligatoire. Si une telle décision était prise, le gouvernement et le Parlement devraient en tout cas passer parle vote d'une loi, comme en 2017 lorsque la liste des vaccins obligatoires est passée de trois à onze.