La Savoie, le département français le plus touché par le coronavirus

Coronavirus : La Savoie est désormais le département français le plus touché par l'épidémie

COVID-19Avec un taux d’indice 2,5 fois plus élevé que la moyenne nationale, la Savoie monte sur la plus haute marche du podium des départements les plus contaminés… Sans qu’il n’y ait pour autant d’explications
Caroline Girardon

C.G. avec AFP

L'essentiel

  • Relativement épargnée lors de la première vague, la Savoie est désormais le département le plus touché par l’épidémie de coronavirus.
  • Il n’y a pourtant guère d’explications rationnelles permettant de comprendre l’afflux massif de patients enregistrés dans les hôpitaux savoyards.
  • Le tourisme et les vacanciers estivaux ont été mis hors de cause car la situation est restée calme jusqu’à la mi-septembre.

Des explications « rationnelles » ? Il n’y en a guère. La Savoie, relativement épargnée au printemps dernier et au début de la seconde vague de coronavirus sur le territoire, est désormais le département français le plus touché par l’épidémie. Avec 1.167 cas positifs pour 100.000 habitants, elle présente un taux d’incidence 2,5 fois plus élevée que la moyenne nationale.

448 patients ont été accueillis dans les hôpitaux savoyards ces dernières semaines contre 127 au plus fort de la première vague. Soit près de 3,5 fois plus. L’afflux brutal de malades reste toutefois une énigme. « On est en tête du hit-parade et on aimerait bien avoir une explication rationnelle et évidente », soupire le Dr Olivier Rogeaux, infectiologue au Centre hospitalier Métropole Savoie (CHMS, Chambéry et Aix-les-Bains).

Les vacanciers estivaux mis hors de cause

« On a une population semi-rurale ; nos plus de 65 ans sont plutôt en bonne forme et par rapport à l’Alsace qui avait été touchée de plein fouet, on a moins d’obèses, de diabétiques, d’hyper-tendus », se souvient le Dr Emmanuel Forestier, chef du service infectiologie au CHMS. Et de souligner, perplexe, : « Depuis, notre population n’a pas changé ».

Le tourisme et les vacanciers estivaux ont été mis hors de cause car la situation est restée calme jusqu’à la mi-septembre. Et les stations de ski n’ont pas encore ouvert.

Alors les infectiologues avancent un faisceau d’indices : un « effet région » car le virus circule fort en Auvergne-Rhône-Alpes. Le département est aussi proche du canton de Genève où le taux d’incidence atteint plus de 2.000 cas pour 100.000 habitants. D’ailleurs, la Haute-Savoie, directement limitrophe de la Suisse, talonne la Savoie en haut du classement (1.146 cas pour 100.000 habitants).

Les gestes barrières trop ignorés ?

Les « failles » identifiées sont surtout le manque de respect des gestes barrière avec la famille ou les amis et lors des temps de pause au travail. « La première vague a fait peu de dégâts ici. Donc, les gens minimisent la gravité de l’infection, alors que le nombre de morts est déjà plus important », rappelle le Dr Rogeaux. Par comparaison, « l’Italie du Nord garde un traumatisme fort et les gestes barrières sont mieux appliqués ».

Même au sein de la cellule régionale de Santé publique France, réunie mardi après-midi, on est en panne d’explications. « La situation de la Savoie ne s’explique pas à ce stade par des spécificités significatives », confie le délégué Savoie de l’Agence régionale de santé (ARS), Loïc Mollet.

Face à une « très forte augmentation de patients », le Dr Philippe Dalmon, directeur médical de crise, ne fait pas de la recherche du "pourquoi" sa priorité. Pour lui, ce qui importe c’est « le "comment" on va affronter cette vague ». « On est vraiment dans le dur, l’hôpital est en tension forte et au maximum de ses capacités », abonde le directeur général de l’établissement Florent Chambaz.

Transferts de patients

Les enseignements organisationnels du printemps combinés à la meilleure connaissance du coronavirus ont toutefois permis de mieux anticiper. De 18, les lits de réanimation ont été portés à 41, grâce aux déprogrammations d’opérations. Et surtout, les transferts de malades permettent de garder des lits disponibles.

Ainsi, six patients sont partis la semaine dernière à Saintes et Nancy, deux lundi à Bordeaux et quatre mardi à Nantes. « Il est probable qu’il y en ait d’autres cette semaine et la semaine prochaine », conclut le représentant de l’ARS.