FAKE OFFOui, la mosquée de Vernon a bien reçu des lettres de menace islamophobes

Attentat à Conflans : La mosquée de Vernon visée par des lettres de menace islamophobes ? C’est vrai

FAKE OFFDeux courriers de menace ont été adressés à l’Association des travailleurs turcs de Vernon (Eure). Selon les informations de « 20 Minutes », au moins trois enquêtes sont en cours après des actes islamophobes qui ont également visé la communauté turque de Compiègne (Oise) et Dunkerque (Nord), sur fond de tensions entre la France et la Turquie après l’assassinat de Samuel Paty
Tom Hollmann

Tom Hollmann

L'essentiel

  • Une photographie largement partagée sur les réseaux sociaux laisse entendre qu'une mosquée de Vernon aurait été la cible de lettres de menace islamophobes au mois d'octobre.
  • Si certains ont cru à un faux, l’Association des travailleurs turcs de Vernon (Eure) a bien été destinataire de deux lettres, les 17 et 18 octobre dernier. Une enquête est en cours.
  • Dans un contexte de tensions entre la France et la Turquie sur le droit au blasphème après l'assassinant de Samuel Paty, deux autres sites gérés par la communauté turque, à Compiègne et à Dunkerque, ont été victimes d'actes islamophobes.

«C’est la guerre, on va vous extirper de notre pays. » Une photographie massivement partagée sur les réseaux sociaux depuis plusieurs jours fait état d’une lettre de menaces à caractère islamophobe et turcophobe reçue par la mosquée de Vernon. Le courrier émane d’une personne ou d’un groupe de personnes se présentant comme les « Commandos républicains contre les salopards turcs, musulmans et salafistes ».

La lettre islamophobe reçue à deux reprises par la Ditib de Vernon.
La lettre islamophobe reçue à deux reprises par la Ditib de Vernon. - Facebook

Dans un post Facebook partagé plus de 740 fois, on trouve la lettre de menace annotée d’un commentaire : « Les fidèles de la mosquée de Vernon ont découvert ce message dans la boîte aux lettres. » Des menaces qui s’inscrivent dans un contexte de tensions entre la France et la Turquie autour du droit au blasphème, quelques jours après les mots d' Emmanuel Macron lors de l’hommage national à Samuel Paty et l' appel au boycott de Recep Tayyip Erdogan.

FAKE OFF

Plusieurs internautes ont suspecté le courrier d’être un faux. La lettre de menace a pourtant bien été reçue à deux reprises par l’Association des travailleurs turcs de Vernon, structure affiliée à l’Union turco-islamique des affaires religieuses de France (Ditib France). Dans la commune de l’Eure, elle gère une mosquée et un complexe culturel. Joint par 20 Minutes, Saït Karaagac, le président de l’association, ne cache pas son indignation. Le 17 octobre dernier, il reçoit, par la poste, une lettre de menaces islamophobes dans laquelle des « Commandos républicains » se déclarent en guerre « contre les salopards turcs, musulmans et salafistes ».

L’expéditeur promet que l’association « va payer pour la mort de Samuel [Paty] », l’enseignant sauvagement décapité à Conflans-Sainte-Honorine le 16 octobre dernier, et menace même de « péter la gueule » du président turc, Recep Tayyip Erdogan. Saït Karaagac se rend immédiatement au commissariat de police, où il dépose plainte.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Dix jours plus tard, le 27 octobre, le président de l’association découvre une nouvelle missive, identique « à quelques mots près », dans la boîte aux lettres du complexe culturel et cultuel. Il porte à nouveau plainte. « C’est très inquiétant. Nous sommes implantés à Vernon depuis 1992 et jamais nous n’avons reçu quelque chose d’aussi violent », explique Saït Karagaac, qui préfère croire que c’est « l’œuvre d’un fou qui n’a sans doute rien d’autre à faire ». Contactée par 20 Minutes, une source policière confirme le dépôt de ces plaintes, et assure qu’une enquête est en cours.

Deux autres attaques similaires

Lundi 2 novembre, la Ditib France condamne ces actes islamophobes dans un communiqué et prône le « vivre-ensemble ». Car entre-temps, deux autres associations affiliées à la Ditib ont été visées par des actes islamophobes, à Compiègne et Dunkerque. Sont-elles, elles aussi, la cible de ces « commandos républicains » ? Deux enquêtes ouvertes par les commissariats locaux, selon les informations de 20 Minutes, devront le déterminer.

« Ce lundi, les ouvriers ont retrouvé deux têtes de sanglier décapitées à même le sol, en plein milieu du chantier », rapporte Youssef Tuzcu, président de la Ditib de Compiègne, auprès de 20 Minutes. Dans la zone industrielle de la ville, l’association fait construire un nouveau site pour mieux accueillir sa communauté grandissante. Cette fois-ci, pas de lettre, ni de revendication de « commandos républicains », mais un geste à la symbolique clairement islamophobe. « C’est incompréhensible, nous avions déjà eu quelques remarques de la part du voisinage, mais jamais rien d’aussi violent. Nous avons toujours été bien intégrés », explique-t-il. Youssef Tuzcu a déposé plainte le jour même au commissariat de police.

A Dunkerque, vendredi dernier, les membres de l’association turque ont découvert une série de tags islamophobes, rapporte à 20 Minutes Ahmet Kula, le dirigeant de l’antenne locale. Plusieurs inscriptions ont été tracées au marqueur noir sur la porte d’entrée du complexe, ainsi que sur du mobilier urbain aux alentours.

La porte d'entrée du complexe culturel de la Ditib de Dunkerque, taguée d'insultes islamophobes.
La porte d'entrée du complexe culturel de la Ditib de Dunkerque, taguée d'insultes islamophobes. - Ahmet Kula

Les membres de l’association ont pris les dégradations en photo et Ahmet Kula, qui rentre de vacances, dépose plainte dès son retour, le dimanche qui suit. Comme ses homologues de Vernon et Compiègne, Ahmet Kula s’en remet à la justice, mais se dit attristé d’un tel acharnement : « Nous avons toujours prôné la bienveillance, le quartier en est témoin. Lors du dernier confinement​, nous avions distribué des spécialités turques pour les plus défavorisés, et c’est comme ça que l’on nous remercie… »