REPORTAGEA Barbès, les policiers tentent de faire respecter le confinement

Confinement à Paris : A Barbès, la police « rentre dans une phase de contrôles et de verbalisations »

REPORTAGELes policiers du 18e arrondissement se sont déployés en nombre, mardi soir, près de la station de métro Barbès-Rochechouart, afin de procéder à des contrôles d’attestation
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Un nouveau confinement est en vigueur depuis près d'une semaine pour lutter contre la propagation du coronavirus.
  • A Paris, la police, qui a observé un relâchement de la population du quartier le week-end dernier, entend bien multiplier les contrôles d'attestation.
  • Mais contrairement au premier confinement, les rues du 18e arrondissement sont loin d’être désertes : des commerces sont autorisés à ouvrir et de nombreuses personnes disposent d’une attestation pour aller travailler ou se rendre en cours.

A l’entrée de la station de métro Barbès-Rochechouart, à Paris, un vendeur de cigarettes dissimule un sac rempli de paquets derrière un mur. Il jette un coup d’œil à la rue, préoccupé par la présence de dizaines de policiers. En ce mardi après-midi, les forces de l’ordre quadrillent le quartier. Objectif de l’opération : s’assurer du respect des mesures de confinement. « C’est important que les gens suivent les consignes afin que cette mesure soit la plus efficace et la moins longue possible », explique la commissaire centrale du 18e arrondissement de Paris, Emmanuelle Oster. Or, souligne-t-elle, « on a constaté ce week-end que les gens avaient du mal, ici, à rentrer dans les clous. »

Terminée la pédagogie. « Désormais, on rentre dans une phase de contrôles et de verbalisation », poursuit Emmanuelle Oster. Il est 17h, horaire des sorties de bureau. Il y a du monde dans la rue, en tout cas « bien plus que lors du précédent confinement », remarque un agent présent. « Plus de personnes travaillent et disposent d’une attestation pour sortir. » Les snacks sont ouverts, tout comme les boutiques de téléphone qui jalonnent le boulevard Barbès. Des dealers se cachent dans les rues alentour. Le carrefour est embouteillé. Ce n’est pas tout à fait un jour normal, mais presque.

« Il faut rentrer à la maison maintenant »

Parmi la foule, les policiers ciblent particulièrement les personnes « qui stagnent, se regroupent » ou ne portent pas de masque, explique la commissaire Emmanuelle Oster. Une petite tolérance semble néanmoins accordée aux fumeurs.

Devant la brasserie Barbès, les policiers contrôlent une étudiante qui a fini les cours et rentre chez elle. Elle sort son iPhone et tente de retrouver son attestation. En vain. « Ça n’a pas marché ? », demande le fonctionnaire. « Il faut la générer mais après, il faut bien penser à la télécharger », lui explique-t-il. Après avoir été invitée à réitérer l’opération – avec succès cette fois –, elle reprend sa route, sans avoir été verbalisée. « Elle est de bonne foi, j’ai bien vu qu’elle avait essayé de le faire, et elle était bien sur le chemin de son domicile », souligne le fonctionnaire.

Des policiers contrôlent l'attestation de cette étudiante
Des policiers contrôlent l'attestation de cette étudiante - Thibaut Chevillard

Quelques mètres plus loin, c’est un homme qui est contrôlé à la sortie du travail. Il tend son attestation à Emmanuelle Oster. Tout est en règle. « Il faut rentrer à la maison maintenant », lui lance en souriant la policière. « Oui ! Ma famille m’attend ! » répond-il en rigolant.

« C’est un arrondissement qui, culturellement, à l’habitude de vivre dans la rue, observe la commissaire. Même s’il y a moins de monde qu’en temps normal, la vie économique ne s’est pas arrêtée. Il y a donc plus de raisons que lors du premier confinement d’être dehors. Mais après avoir fait les courses, il faut rentrer », insiste-t-elle.

« C’est pas moi ! »

Les vérifications continuent sur le point de contrôle. Casquette sur la tête, un lycéen sort de son sac à dos une pochette bleue, dont il extrait une feuille pliée qu’il tend au policier. « Il y a bien le tampon, mais maintenant il faut la remplir ! » Le jeune homme promet qu’il le fera dès qu’il sera chez lui. « Pas besoin de le faire tous les jours », lui précise le fonctionnaire.

Soudain, deux hommes passent en courant. « Au voleur ! » Les policiers poursuivent les suspects et les interceptent quelques mètres plus loin. « C’est pas moi ! », crie un adolescent vêtu d’une veste rouge. Mais la victime, elle, est formelle. « On a le sac, le témoignage de la victime : un beau flagrant délit », note Emmanuelle Oster. Vols avec violence, vente à la sauvette, trafics en tout genre… Le secteur n’a pas bonne réputation. Et la présence des nombreux piétons « favorise les petits trafics ». « Le premier confinement avait asséché fortement la délinquance car il n’y avait plus personne dans la rue, indique la commissaire. Mais on sait que cet assèchement sera moins important cette fois. »

Avec un virus très actif à Paris et en Ile-de-France, ces contrôles vont se multiplier dans les prochaines semaines. Emmanuelle Oster l’assure : « On répétera ce genre d’opérations si nécessaire. L’idée, c’est de s’adapter au quotidien. »