Gers : Au nom de la liberté d’expression, des décrocheurs du portrait de Macron relaxés
JUSTICE•Le tribunal a retenu l’argument de la liberté d’expression lors de cette action pour dénoncer l’inaction d’Emmanuel Macron en matière de climatB.C. avec AFP
L'essentiel
- Cinq militants écologistes, qui avaient décroché des portraits d’Emmanuel Macron dans des mairies du Gers, viennent d’être relaxés.
- Le tribunal a retenu l’argument de la liberté d’expression dans le cadre du débat sur les changements climatiques et l’action du gouvernement.
Ils espèrent que ce jugement en appellera d’autres. Ce mardi, le tribunal correctionnel d’Auch a relaxé cinq militants écologistes, «décrocheurs» de portraits d’Emmanuel Macron dans des mairies du Gers, au cours de l’été 2019.
Membres d’ANV-COP21 Auch et Alternatiba, deux mouvements non-violents et de défense de l’environnement, ils avaient voulu ainsi signifier l’inaction du président de la République en matière climatique. Ils étaient poursuivis pour vol en réunion et encouraient alors jusqu’à cinq ans de prison et plusieurs milliers d’euros d’amende.
Finalement, le tribunal a « estimé que cette action non-violente s’inscrit dans un débat d’intérêt général sur l’urgence climatique. Et donc qu’elle est légitime au nom de la liberté d’expression », a fait valoir le mouvement ANV-COP21 sur ses réseaux sociaux.
Ce motif pour appuyer la relaxe est « première » depuis le début d’une série de procès similaires de décrochage du portrait présidentiel a relevé l’avocat de la défense, Pierre Roujou de Boubée. Lors de l’audience, le 13 octobre dernier, le climatologue du GIEC Christophe Cassou et l’économiste toulousaine Geneviève Azam, étaient venus témoigner de l’urgence climatique.
« Le tribunal a considéré que l’infraction de vol était constituée et a écarté l’état de nécessité, estimant qu’il y avait d’autres moyens d’agir (dans la lutte contre le réchauffement climatique) qu’en décrochant les portraits », a indiqué toutefois Maître Roujou de Boubée.
Mais les magistrats ont retenu qu’il s’agissait d’une « action de protestation politique s’inscrivant dans un débat d’intérêt général, nécessitant donc une protection renforcée de la liberté d’expression », qui, de fait, neutralise l’infraction pénale, at-t-il poursuivi.