Toulouse : Toit à moi, l'association qui offre un nid et du temps aux sans-abri, reçoit le soutien de Jean-Paul Dubois
SOLIDARITE•L’association qui finance des appartements grâce aux dons de particuliers des appartements pour loger des sans-abri fait l’objet d’un documentaire diffusé ce lundi soirBéatrice Colin
L'essentiel
- L’association Toit à Moi finance, grâce aux dons des particuliers et au mécénat d’entreprises, des appartements où sont logés des sans-abri.
- A Toulouse, où elle a cinq appartements, elle vient de recevoir le parrainage de Jean-Paul Dubois, le prix Goncourt 2019.
- Ce lundi soir, un documentaire diffusé sur France 3 Occitanie retrace le parcours de trois de ses bénéficiaires et leur cheminement pour remettre le pied à l’étrier.
«J’ai été sidéré par l’intelligence, la modestie et l’efficacité de ce système ». C’est par un simple mot glissé dans sa boîte aux lettres que Jean-Paul Dubois a connu l’association Toit à Moi, qui s’engage à reloger des personnes à la rue et à les accompagner dans la durée. Pour l’auteur de Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, prix Goncourt 2019, cet appel à la solidarité a tout de suite fait écho à ses valeurs humanistes.
Grâce aux dons réguliers des particuliers, depuis plus de quinze ans, l’association née à Nantes a pu acheter plus d’une trentaine d’appartements dans six villes françaises, dont Toulouse où cinq ont déjà été financés.
Plus de 70 personnes aidées
Elle a ainsi aidé plus de 70 personnes sans abri à rebondir, comme Nathalie, Michel et Serge, au cœur du documentaire de Florence Mary, « Le temps qu’il faudra », diffusé ce lundi soir à 23 heures sur France 3 Occitanie.
« C’est malin d’acheter des appartements au fil des années, cela garantit une stabilité. Cinq appartements à Toulouse, cela paraît dérisoire, mais cela dit toute la beauté du système, c’est du sur-mesure, du cas par cas, très efficace. Vous y rencontrez des gens singuliers, comme ce jardinier qui m’a appris plein de choses. La puissance de cette association c’est de faire revivre des gens comme ça », assure l’écrivain qui a rejoint les 75 donateurs de la Ville rose et parraine désormais l’association.
Remettre le pied à l’étrier, tout en donnant du temps, c’est bien ce qui a guidé dès le départ Denis Castin, l’un des cofondateurs de Toit à Moi. « On est un dispositif tremplin, pour que le bénéficiaire puisse rebondir sur un autre logement. Mais cela peut prendre du temps, parmi les bénéficiaires toulousains, il y en a qui sont là depuis plus de quatre ans, d’autres font des passages plus brefs. Quand on accueille quelqu’un, on n’a pas la recette, on va aider au mieux cette personne, on construit avec elle quelque chose qui a du sens », explique le directeur général de Toit à Moi.
Bénéficiaire devenu donateur
Et ça marche. Comme pour cet homme qui a quitté un des appartements de Toit à Moi il y a un an. « Quand il est sorti, il est devenu parrain de l’association et donne 20 euros chaque mois. Il avait été à la rue durant quatre mois, avec des problèmes de santé chronique. Aujourd’hui, il a un contrat en CDI, une compagne et un bébé né au mois de mars. On continue à l’accompagner mais lui aussi souhaitait s’impliquer dans l’association », explique Richard Bastien, l’accompagnateur social de l’association.
Au quotidien, c’est lui qui fait l’interface entre les bénéficiaires, les bénévoles et les entreprises mécènes qui participent au financement de l’association. Mais au-delà du logement ou de la gestion administrative, Richard tisse surtout du lien et installe une relation de confiance avec chacune des personnes logées. « Le gros travail que l’on fait, c’est sur l’estime de soi. Elles ont été victimes de tous types de violence, l’image d’elles-mêmes est dégradée, pour certains cela prend du temps d’avoir le déclic, de s’estimer et trouver une place dans cette société qui nous a mis de côté », poursuit-il.
Cette reconstruction passe parfois par des rencontres avec les bénévoles et mécènes. Car à Toit à Moi, la dimension humaine est au cœur du dispositif. On est loin du chèque posté ou du prélèvement automatique désincarné. Ici tout le monde se côtoie, du chef d’entreprise aux personnes tout droit sorties de la rue. Et ces rencontres aboutissent parfois à des emplois. « Cela fédère des gens qui ne sont pas des mêmes milieux, qui ne se ressemblent pas. Tous disent leur envie de ne délaisser personne », assure Christian Saubion, patron d’une PME et membre du club des mécènes toulousains de Toit à Moi.
Comme Jean-Paul Dubois, il espère que d’autres rallieront d’ici peu l’aventure humaine de Toit à Moi. Autant de donateurs qui pourront ainsi participer à aider une des 4.200 personnes à la rue selon un recensement réalisé par la mairie de Toulouse. Et avoir la joie de voir une petite fille arrivée à l’âge de cinq mois dans un appartement faire sa première rentrée scolaire cette année.