Lyon : Des zones d'ombre à éclaircir sur la mort mystérieuse d'un jeune homme de 35 ans
ENQUETE•Les proches de Jean-Christopher, dont le corps a été retrouvé le 9 septembre sur les bords du Rhône, ne croient pas en la thèse de la noyadeCaroline Girardon
L'essentiel
- La famille et les proches de Jean-Christopher, dont le corps a été découvert le 9 septembre sur les bords du Rhône à Lyon, organisent samedi après-midi une marche blanche en sa mémoire.
- Ils ne croient à l’hypothèse de la noyade avancée par le médecin légiste.
- Selon eux, ce père de trois enfants porté disparu pendant quatre jours, aurait été assassiné avant d’être jeté à l’eau.
Son corps a été retrouvé le 9 septembre sur les bords du Rhône à Lyon près de la Cité internationale, quatre jours après sa disparition. Un mois et demi plus tard, les proches de Jean-Christopher, 35 ans, organiseront samedi après-midi une marche blanche pour lui rendre hommage et comprendre. « Nous sommes complètement dépourvus. Il y a des faits. Aujourd’hui, nous voulons savoir ce qu’il s’est passé », explique Ariane, sa maman désireuse de « connaître la vérité » qu’elle « soit bonne ou mauvaise ». Car la famille de ce père de trois enfants est persuadée qu’il a été assassiné.
« Il y a des sources, des indices graves et concordants qui nous font dire qu’il s’agit d’un meurtre », résume Jean-Christophe Basson-Larbi, l’avocat de la famille qui a déposé plainte pour homicide volontaire le 14 octobre devant le Doyen des juges d’instruction et plainte contre X auprès du parquet de Lyon. Et de déplorer : « Malheureusement, l’enquête sur la disparition de Jean-Christopher n’est pas la priorité de la justice. Ce qui ajoute à la souffrance de ses proches ayant l’impression que sa mort n’intéresse personne ».
Des témoignages troublants
« Des analyses toxicologiques ont été réalisées et ont révélé une consommation importante et récente d’alcool et de produits stupéfiants chez le défunt », répond le parquet de Lyon ajoutant que l’autopsie n’a révélé « aucune lésion particulière » concluant à une « mort par noyade ». Un point contesté par Jean-Christophe Basson-Larbi. « Il n’y a pas de rapport d’autopsie. Les éléments dont on parle, résultent des conclusions hâtives des premières constatations du médecin légiste effectuées le 10 septembre », assure-t-il, pas convaincu par la thèse de l’accident.
Selon ses dires, les proches du défunt auraient rencontré trois des quatre « marginaux », avec lesquels Jean-Christopher a passé sa dernière soirée, pour tenter d’élucider la disparition de leur ami. « Les propos rapportés sont troublants », révèle l’avocat. « Le premier a indiqué en aparté aux amis de Jean-Christopher qu’il fallait chercher par là-bas en indiquant la direction des quais. C’était avant que l’on retrouve son corps à cet endroit. D'autres clochards habitués des lieux leur ont confié "ils lui ont fait du sale"», précise-t-il.
Le second individu aurait expliqué aux proches que la victime lui avait prêté sa trottinette et sa carte bleue pour aller acheter des cigarettes. « Mais ce n’était clairement pas le genre de Jean-Christopher. Et la trottinette n’a, depuis, pas été retrouvée », poursuit l’homme de loi. Le troisième leur aurait déclaré:« De toute façon, quand on est revenu, ton pote était déjà mort ». « Juste après la découverte du corps, tout le camp de SDF et dealers qui s’était installé sur cette partie des quais, a subitement été levé. Aujourd’hui, on a clairement la certitude qu’il n’est pas mort dans l’eau mais qu’on l’y a mis », appuie Jean-Christophe Basson-Larbi.
L'existence d'une vidéo du meurtre?
D’autres indices ont éveillé sa curiosité : le corps immergé dans l’eau pendant plusieurs jours était difficilement reconnaissable alors que son sac à dos, restitué par les enquêteurs, a séjourné que partiellement dans le fleuve. « Les papiers qu’ils mettaient dans son sac banane et un verset biblique qu’il conservait sont intacts, soulève l’avocat. Sans oublier de parler d’un message que la mère de Jean-Christopher a reçu d’un homme lui expliquant avoir en sa possession une vidéo du meurtre mais qu’il craignait pour sa vie ». Vidéo qui ne lui a par ailleurs pas été envoyée.
Le parquet de Lyon a précisé, pour sa part, que « les enquêteurs ont procédé à de nombreuses auditions et s’attachent à rechercher et entendre tous les témoins cités par la famille ». Mais aussi qu’un juge d’instruction serait rapidement désigné après le dépôt de deux plaintes de l’avocat. « Il va de soi que contrairement à ce qui a pu être allégué, le parquet de Lyon et les enquêteurs de la DDSP sont fortement mobilisés depuis le début de cette enquête pour répondre aux attentes légitimes de la famille du décédé et déterminer les causes et circonstances de son décès », conclut-il.