Coronavirus : Le cauchemar des couples au mariage (encore) annulé
LA POISSE•Des couples qui avaient dû reporter leur mariage à cause du confinement doivent à nouveau annuler à cause des nouvelles restrictions sanitairesMarie De Fournas
L'essentiel
- Dès la semaine prochaine, les célébrations de mariages dans des salles accueillant du public sont interdites partout en France.
- Pour certains couples, c’est la deuxième fois que leur fête est annulée à cause du Covid-19.
- L’implication financière et psychologique de ces annulations poussent certains à bout.
Cela devait être le plus beau jour de leur vie. Au lieu de ça, c'est devenu la pire galère de leur existence. Au printemps dernier, lorsque la France entière se retrouve confinée, de nombreux couples sont contraints de décaler leur mariage de plusieurs mois. Les dates pour l'été sont déjà massivement réservées, les prestataires proposent de repousser à l'automne. Mais ce jeudi : coup de massue. Après qu’Emmanuel Macron a décidé d'un couvre-feu en Ile-de-France et dans huit métropoles, Jean Castex annonce qu’il est désormais interdit de célébrer des mariages dans des salles accueillant du public partout en France. Les derniers espoirs de pouvoir célébrer leur amour s’effondrent pour certains.
« Les cartons d’invitation sont fichus, les gravures dans les alliances sont datées de la première date de notre mariage et le pompon : ma robe ne me va plus car le confinement a eu raison de moi », rapporte Stéphie dont le mariage en juin avait été décalé au 14 novembre. « Psychologiquement, je suis à bout, je ne dors plus, je ne cherche que des solutions», explique Aurélie qui pour le coup elle, a perdu cinq kilos. Son mariage prévu le 18 avril avait été décalé au 31 octobre. Aujourd'hui, elle veut « simplement signer ce bout de papier sans fête et passer à autre chose ». Pour beaucoup, ces annonces ont en effet été la goutte de trop.
«Cette double annulation m’est apparue comme un signe»
« Mon mariage de plus de 150 personnes était prévu début mai depuis plus d’un an, raconte Fabrice, qui à la suite de l’annonce du confinement l’avait décalé fin octobre. Cette double annulation m’est apparue comme un signe, je ne vais pas reporter mon mariage mais bel et bien l’annuler. J’ai failli le faire la première fois mais je ne m’en sentais pas capable. Maintenant, c’est clair dans ma tête.»
Pour Victoria aussi le « rêve de jeune fille » s’est envolé. « Je voulais un grand mariage, avec tous nos amis et nos familles. Nous l’avions préparé dans les moindres détails depuis bientôt deux ans, explique celle qui avait finalement pris la décision de le décaler d’un an. Au vu de la situation actuelle, nous pensons tout annuler. Ça nous a enlevé toute envie de fêtes, nous sommes totalement dégoûtés. Tant de temps et d’argent pour rien. Nous pensons faire une fête dans quelques années, au moins quatre ans, pour être vraiment sûr que le Covid-19 sera maîtrisé.»
« Nous avons engagé pas loin de 10.000 euros »
Ces annulations n’ont pas que des conséquences psychologiques, car un mariage coûte cher. « Nous avons engagé pas loin de 10.000 euros, mais comme nous annulons au lieu de repousser, les prestataires ne veulent rien entendre. Nous avons dû prendre un avocat », raconte Stéphane. Pour Aurélie, qui a dû passer d’un mariage de 100 à 24 convives, les pertes s’élèvent à « 6.000 euros , entre les décos, les cadeaux des Invités, les alcools, les petits détails les vêtements pour les enfants d’honneur... »
Marion, dont le mariage ce samedi ne pourra pas se tenir ne comprend pas que l’annonce n’ait pas été faite plus en amont : « Mon traiteur qui faisait le buffet se retrouve avec de la nourriture achetée, préparée qu’il va devoir sans doute jeter. » Car les pertes sont aussi très importantes chez les prestataires. « Je devais organiser dix mariages cette année. Six avaient été reportés à l’année prochaine et j’en ai eu deux, décalés deux fois. Au final, je n’en ai fait qu’un en août », confie Eglantine, organisatrice de mariage chez Les cocottes event. « Mes clients gardent le moral et se sentent aussi soutenus parce que je fais le lien avec les prestataires et j’essaie de trouver des solutions qui conviennent à tout le monde. »
Des tensions au sein des couples
Ces événements ont aussi mis à rude épreuve certains tourtereaux. « Avec toutes ces annonces, notre moral en a pris un grand coup et nous avons beaucoup de tensions au sein de notre couple », reconnaît Sandra qui a décidé d’arrêter les frais après deux annulations, en organisant son mariage dans son jardin avec « chapiteau, traiteur et pièce montée ». Même décision pour Fabienne, 50 ans, dont le loueur de salle de réception, après deux reports, lui a proposé une date au printemps 2023. « Foutaise…. Ça n’a plus de sens. Ce qui devait être une fête devient cauchemardesque ! Nous délocalisons la fête en Auvergne dans un domicile privé au printemps 2021. »
Contrairement à Sandra, Cindy et son compagnon sont passés de justesse entre les gouttes. Avec leur mariage annulé au moment du confinement, leur lieu de réception situé près du Mont Saint Michel avait proposé la date du samedi 17 octobre. « Quand on a entendu le discours de Jean Castex on s’est dit : c’est pas possible, il peuvent pas faire ça 48 heures avant. » Leurs prières ont été entendues puisque Matignon a précisé que les mariages de ce week-end uniquement, pouvaient être maintenus. « Ça a été les montagnes russes mais on a eu de la chance. »
Le Covid-19 découragera-t-il pour autant les Français à se marier ? Eglantine assure qu’elle reçoit encore des demandes pour 2021. « La différence, c’est que les dates demandées sont décalées par rapport à d’habitude, c’est plutôt concentré entre août et octobre. » En revanche, les demandes pour 2022 explosent. « A la fois parce qu’il y a de l’incertitude pour 2021, mais aussi parce que beaucoup de mariages de 2020 sont décalés à 2021 et les gens veulent avoir du choix sur les lieux et les prestataires. »