Couvre-feu : Les forces de l’ordre en première ligne pour faire respecter les règles
CORONAVIRUS•12.000 policiers et gendarmes auront pour mission de s’assurer que les personnes contrôlées entre 21 h et 6 h sont bien en possession d’une attestation de déplacement dérogatoireThibaut Chevillard
L'essentiel
- 12.000 policiers et gendarmes seront mobilisés pour s’assurer du respect du couvre-feu annoncé par le président de la République mercredi soir.
- Ils seront chargés de s’assurer que les personnes qui circulent entre 21 h et 6 h sont bien en possession d’une attestation justifiant leur déplacement dérogatoire.
- Pour leurs syndicats, ces contrôles représentent des risques accrus d’agression, notamment des « nuiteux ».
Au printemps dernier, elles étaient en première ligne pour s’assurer du respect du confinement. Dès samedi, les forces de l’ordre seront une nouvelle fois pleinement mobilisées pour faire appliquer les règles du couvre-feu, détaillées ce jeudi par le gouvernement. Au total, 12.000 policiers et gendarmes seront « spécialement chargés », entre 21 h et 6 h, de s’assurer que les personnes contrôlées sont bien en possession d’une attestation justifiant leur déplacement, a précisé le ministre de l’Intérieur. Tout contrevenant s’expose à une amende de 135 euros et, en cas de récidive, à « six mois d’emprisonnement et 3.750 euros d’amende », a prévenu Gérald Darmanin.
Les organisations syndicales de policiers s’attendent déjà à des nuits compliquées dans les métropoles concernées. « La majeure partie des gens honnêtes vont respecter ce couvre-feu. Notre difficulté, en Ile-de-France, c’est qu’on va être confrontés, comme au moment du confinement, à une population délinquante qui ne respecte déjà pas les règles, explique Yvan Assioma, secrétaire national du syndicat Alliance pour cette région. Il est à parier que ce couvre-feu ne servira à rien du tout vis-à-vis de ceux-là. » Et d’ajouter : « Comme l’actualité de ces derniers jours nous le rappelle, le métier de policier la nuit est particulièrement difficile, ils sont confrontés à des gens de plus en plus violents. »
« Le travail de nuit est dangereux »
Plusieurs policiers ont en effet été blessés ou pris pour cible lors de missions nocturnes récentes. « A Champigny-sur-Marne, c’est la brigade de nuit qui était visée par les tirs de mortier », relève Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police-FO. « Le travail de nuit est dangereux. Les collègues sont obligés d’être constamment sur leurs gardes. En faisant respecter le couvre-feu, ils ont davantage de raisons de contrôler une personne, et donc de s’exposer à de la violence, des rébellions, des outrages. Ils vont beaucoup plus exposer leur vie », craint la syndicaliste.
D’autant que, selon elle, les « nuiteux » ne seront pas assez nombreux pour assurer à bien cette mission, qui s’ajoute aux autres. En temps normal, « en région parisienne, ils n’équipent pas assez de patrouilles la nuit pour répondre aux besoins, pointe Linda Kebbab. Pour autant, en tant que syndicaliste, ça m’embêterait que des collègues de jour soient obligés d’aller bosser la nuit tout ça parce que les effectifs ne sont pas assez nombreux en raison des réductions d’effectifs. Ils ne sont de toute façon déjà pas assez nombreux la journée. »
Une prime pour les « nuiteux »
Est-ce pour éviter de se mettre à dos les « nuiteux » que Gérald Darmanin a annoncé cette semaine la création d’une prime pour eux alors qu’elle était réclamée de longue date par les organisations syndicales ? Les fonctionnaires concernés, qui ont multipliés les manifestations ces derniers mois, toucheront en moyenne 60 à 100 euros de plus par mois. « Je me suis effectivement posé la question », pointe la syndicaliste d’Unité SGP Police-FO. Mais, souligne Linda Kebbab, « la réunion avec le ministre était prévue depuis au moins deux semaines, et à ce moment-là il n’y avait pas encore de discussions sur le couvre-feu ». Le hasard, en tout cas, fait bien les choses.