REPORTAGELe repas à un euro pour les étudiants boursiers aiguise les appétits

Repas à un euro pour les étudiants : « Je n’aurais jamais pu m’offrir un repas équilibré à ce tarif, même chez moi »

REPORTAGEAu restaurant universitaire de Mabillon à Paris (6e arrondissement), ces déjeuners pas chers attirent déjà de nombreux étudiants
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

L'essentiel

  • Depuis le 1er septembre, les étudiants boursiers peuvent s’offrir un repas complet au restaurant universitaire pour un euro.
  • Une mesure sociale annoncée par le Premier ministre Jean Castex lors de son discours de politique générale devant l’Assemblée générale le 15 juillet dernier visant à aider les étudiants fragilisés économiquement depuis le début de la crise sanitaire.
  • « 20 Minutes » est allé à la rencontre d’étudiants qui en bénéficient au restaurant universitaire de Mabillon, dans le 6e arrondissement de Paris.

«J’ai faim », « T’as envie de manger quoi ce midi ? », « Ça sent les frites ». Ce mercredi, les discussions des étudiants dans la file d’attente du restaurant universitaire (RU) Mabillon à Paris donnent l’eau à la bouche. Alléchés par la perspective d’un bon repas chaud en cette journée grise, ils sont venus nombreux de l’université Paris Descartes, de la Sorbonne, de l’Institut catholique, de l’école des Mines, de Science Po…

Et pour certains, ce déjeuner sera d’autant plus savoureux, qu’il ne coûtera pas cher. Depuis le 1er septembre 2020, les étudiants boursiers payent 1 euro leur repas au Crous et non plus le tarif de 3,30 euros, « sachant que le coût de revient d’un repas est de 6,60 euros », commente Dominique Marchand, présidente du Cnous.

Des étudiants au restaurant universitaire de Mabillon le 30/09/2020.
Des étudiants au restaurant universitaire de Mabillon le 30/09/2020. - Delphine Bancaud

Cette mesure sociale avait été annoncée par le Premier ministre Jean Castex lors de son discours de politique générale devant l’Assemblée générale le 15 juillet dernier. Le gouvernement a débloqué 50 millions pour financer ce dispositif visant à aider les étudiants fragilisés depuis le début de la crise sanitaire par la perte de petits jobs et par la difficulté de leurs parents à leur donner un petit coup pouce financier.

750.000 étudiants boursiers pourraient en bénéficier

« Ces repas à un euro pourraient potentiellement bénéficier à 750.000 étudiants boursiers. Et nos projections prévoyaient initialement une hausse de 20 % de la fréquentation des RU grâce à cette mesure. Mais elle risque d’être revue à la baisse en raison de la fermeture de certains établissements du supérieur à cause de l’épidémie de coronavirus », explique Dominique Marchand.

Reste que ce mercredi, la file d’étudiants affamée est longue. Et la bonne nouvelle sur les repas à un euro s’est répandue comme une traînée de poudre. « Quand j’ai su ça, c’est sûr que ça m’a incitée à venir. Je peux m’offrir une entrée, un plat et un dessert pour un euro. C’est la solution la plus rentable et ça permet d’éviter le Mac Do », lance Lou en L1 de sciences économiques et politiques à l’Institut Catholique. Son amie Anaïs, inscrite dans la même formation, compte aussi plus fréquenter le RU cette année : « Je n’aurais jamais pu m’offrir un repas équilibré à ce tarif, même chez moi. Je vais pouvoir manger davantage de légumes ».



« Cela va me permettre d’économiser une partie de ma bourse »

Même enthousiasme chez Valentin, élève à l’Ecole des Mines, devant son assiette de frites. : « Venir déjeuner ici à ce tarif, ça me permet de manger des plats que je ne me cuisinerais pas moi-même et de ne pas faire la vaisselle ». Et pour Lucie, étudiante en DU PaRéO à l’université Paris Descartes, qui vient de Chartres tous les matins, ce repas économique lui fait aussi gagner du temps : « Si ce tarif n’avait pas existé, je me serais certainement fait des sandwichs ou des salades à la maison certains jours pour ne pas dépenser 3,30 euros ». Pas la peine de préciser au caissier du RU qu’ils sont boursiers : « Il leur suffit de présenter leur carte et le tarif à un euro s’applique automatiquement. Cela évite que les étudiants bénéficiaires de la mesure se sentent stigmatisés », explique Olivier Houdeville, gestionnaire du RU Mabillon.

Au restaurant universitaire de Mabillon, le 30/09/2020.
Au restaurant universitaire de Mabillon, le 30/09/2020. - D.Bancaud/20minutes

Ces étudiants estiment que les bénéfices du repas à un euro vont vite se ressentir sur leurs finances : « Sur un mois, je vais payer 20 euros mes déjeuners au lieu de 66. Sachant que ma bourse est de 400 euros et que le loyer de ma chambre de bonne me coûte déjà 450 euros, ce coup de pouce envers mon budget nourriture est bienvenu. Et j’espère qu’en trouvant un job étudiant, j’arriverai à boucler mes fins de mois », témoigne Alex, étudiant en licence d’humanités à Nanterre. « Cela va me permettre d’économiser une partie de ma bourse, que je vais pouvoir utiliser pour acheter des bouquins pour la fac », commente Lucie. « Grâce aux économies réalisées, je serai moins obligée de compter tout ce que je dépense », abonde Anaïs. Et à voir leurs plateaux-repas vides à la fin du déjeuner, inutile de se demander si Lou, Anaïs, Alex, Valentin et Lucie reviendront s’attabler les jours prochains…