Coronavirus dans les Pyrénées : Comment les stations de ski vont-elles gérer l'épidémie ?
COVID-19•Pour préparer leur saison en pleine épidémie, les stations de ski des Pyrénées jouent le déconfinement psychologique, sur le thème des grands espaces et des forfaits souples, sans tracasseriesHélène Ménal
L'essentiel
- A dix semaines du lancement de la saison, les stations des Pyrénées veulent prendre le contre-pied du Covid.
- Deux exploitants « rivaux », Altiservice et la Savasem annoncent un sésame commun et magnétique, d’utilisation très souple et valable sur toutes leurs stations.
- Les professionnels vantent le risque faible inhérent aux grands espaces.
- Mais ils envisagent aussi des restrictions de capacité sur les remontées mécaniques.
L’avantage du ski, c’est qu’on porte déjà des gants, des grosses lunettes, voire des cagoules. « C’est une activité de plein air, en pleine nature où les risques sont très faibles », insiste Yves Rougier, le PDG d’Altiservice, exploitant de trois stations pyrénéennes. A environ dix semaines du coup d’envoi de la saison, c’est donc sur le thème d’un déconfinement garanti et safe que les professionnels veulent prendre le contre-pIed du Covid-19 qui a stoppé brutalement la saison dernière à la mi-mars. Un déconfinement psychologique qui passe par le marketing.
Altiservice (Saint-Lary, Font-Romeu, Cambre d’Aze) et son concurrent la Savasem (Ax-3 Domaines, Guzet, Ascou, les Mont d’Olmes), annoncent ce mercredi une nouveauté qui va faire du bruit dans les Pyrénées : un sésame commun, baptisé Skizam. Cette carte magnétique qu’on peut souscrire en ligne, sans engagement (et moyennant 30 euros de droit d’entrée), permet de skier directement et indifféremment dans les sept stations concernées sans aller s’agglutiner au guichet. Surtout, les forfaits sont débités a posteriori, après la journée de glisse. Skizam est utilisable sur 340 km de pistes, des Pyrénées-Orientales à l’Ariège en passant par les Hautes-Pyrénées, en fonction de la météo.
Garantie Covid
Et le coronavirus n’est pas pour rien dans ce rapprochement entre stations rivales et cette liberté totale d’utilisation vendue aux skieurs. « On s’est dit qu’il y aurait une forme de morosité et que le loisir ne serait sûrement pas la première priorité des gens. Il nous fallait donc les offres les plus vastes et les plus sexy », explique Fabrice Esquirol, le directeur général de la Savasem.
D’ailleurs N'PY, l’autre concurrent pyrénéen, gestionnaire de huit stations, n’est pas en reste. Il dévoile ce mercredi aussi ses nouveaux forfaits illimités (avec une promo de -30 % jusqu'au 31 octobre). L’opérateur met également en avant sa « garantie Covid » : les détenteurs de forfait seront remboursés si les autorités sanitaires ferment la station ou bien s’ils sont empêchés de venir par un reconfinement local.
Restrictions probables sur les remontées mécaniques
Si les arguments marketing sont bien rodés, les modalités pratiques d’accueil des skieurs dans les stations ne sont pas encore tout à fait définies. Des réunions sont en cours à Domaines skiables de France. « Il n’y aura pas de limitation en nombre de skieurs dans les stations françaises, assure Hakim Boufaid, son représentant pyrénéen, par ailleurs directeur de Saint-Lary. Mais il faut s’attendre à des limitations de capacité dans les remontées mécaniques, en particulier pour les cabines fermées ». Faudra-t-il coincer l’élastique de son masque sous son bonnet dans les files d’attente ? Rien n’est encore décidé.
Les classes de neige sont une autre inconnue qui pèse sur la saison à venir. « Nous avons beaucoup d’options mais aucune concrétisation de contrat pour l’instant », reconnaît Jacques Murat, directeur commercial d’Ax 3 domaines. Pour assurer un accueil sécurisé aux futures générations de skieurs, les stations sont en attente d’un protocole de l’Education nationale.