Coronavirus à Rennes : « Ce serait catastrophique »… Le milieu associatif retient son souffle
EPIDEMIE•Le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé la fermeture des gymnases et des salles polyvalentes dans les villes classées en zone d’alerte renforcéeCamille Allain
L'essentiel
- Le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé la fermeture des gymnases et des salles polyvalentes dans les zones d'alerte renforcée, dont Rennes fait partie.
- La capitale bretonne, qui compte plus de 5.000 associations, pourrait voir son activité associative s'arrêter en partie.
- Les responsables croisent les doigts pour que les salles qui les accueillent restent ouvertes. La réponse est attendue ce vendredi après-midi.
«Notre section loisirs doit reprendre ce vendredi. On espère maintenir pour qu’ils fassent au moins une séance ». Baptiste Urvoy est le président de l'AS Rennes Futsal. Comme tous les dirigeants associatifs, il croise les doigts pour que les équipements sportifs ne ferment pas leurs portes dans les jours à venir. Mercredi soir, le ministre de la Santé Olivier Véran a lancé un parpaing dans la mare associative. Dans toutes les zones d’alerte renforcée, dont Rennes, les gymnases et les salles polyvalentes pourraient fermer. Censée freiner la circulation du Covid-19, la mesure mettrait à l’arrêt un très grand nombre d’associations et de clubs sportifs. On en compte plus de 5.000 rien qu’à Rennes. Au revoir judo, handball, badminton, chorale et théâtre…
En attendant les précisions de la présidente de la métropole Nathalie Appéré et de la préfète Michèle Kirry, attendues vendredi après-midi, le monde associatif oscille entre espoir et résignation. « Nos adhérents ont tellement envie de danser ». Privés de leurs cours hebdomadaires, les habitués de Swing’in the Rennes (pas mal le jeu de mots, hein ?) vont-ils retourner danser dans leur salon ? « On a pu rouvrir toutes nos salles en septembre même si on doit parfois limiter la jauge. Mais jusqu’à quand ? On essaye de suivre les protocoles de la fédération de danse, de la ville, des gens qui nous accueillent. On danse avec le masque, on limite les changements de partenaires… On s’adapte mais on subit », analyse Anna Stevens.
En cette rentrée, la fondatrice de l’association a vu revenir la majorité de ses 300 adhérents. Mais pas les plus âgés. « Chez les plus de 50 ans, c’est la cata », admet-elle. Pour donner ses cours, l’association loue ici et là des salles polyvalentes et des gymnases souvent gérés par des lycées. Seront-ils fermés ? Impossible à dire. Certains n’ont même pas rouvert depuis le mois de mars. « On jouait nos matchs dans un gymnase sur le campus de Ker Lann (Bruz) qui est la propriété du conseil départemental. On nous a fait comprendre qu’il n’allait pas rouvrir tout de suite », explique le président du Rennes Futsal, un brin fataliste. « Les loisirs rapportent peu, ça passe après l’activité économique. Je peux le comprendre, mais… ».
Car il y a un « mais ». Alors qu’elles s’appliquent depuis des mois à respecter les règles sanitaires, les associations goûtent assez mal d’être ainsi sanctionnées. « On a mis en place des protocoles stricts et on les applique. Nos entraîneurs ne peuvent même plus toucher les élèves pour corriger leur geste. Et là on nous dit qu’on va tout fermer ? Ce serait catastrophique », estime Michel Rogue, président du comité départemental de tir à l’arc d’Ille-et-Vilaine.
Traditionnellement, à cette période, ses archers fuient la pluie d’automne et viennent tirer leurs flèches en intérieur. Mais cette année n’est décidément pas comme les autres. Le milieu associatif se veut comme une bouffée d’oxygène en cette période anxiogène. Mais aujourd’hui, il retient son souffle.