Haute-Garonne : 1.320 personnes enfermées au centre de rétention de Cornebarrieu en 2019, dont 57 enfants
MIGRANTS•La Cimade, association d'aide aux migrants, dresse un bilan critique de la politique d'enfermement au sein du centre de rétention de Cornebarrieu (Haute-Garonne)Béatrice Colin
L'essentiel
- L’an dernier, 1.320 personnes ont été enfermées au centre de rétention de Cornebarrieu l’an dernier, dont 57 enfants selon le dernier rapport de la Cimade.
- En pleine crise sanitaire, et alors que les frontières sont fermées, l’association critique la politique d’enfermement qui excède dans 13 % des cas les 46 jours en centre de rétention.
Depuis le début de l’épidémie de coronavirus, trois personnes ont été testées positives au centre de rétention de Cornebarrieu, dont une la semaine dernière, qui a été relâchée. « Avec la crise sanitaire, on se rend compte de l’absurdité de la rétention à tout prix. On enferme des gens dans des lieux de promiscuité, et on les garde à disposition, alors que les frontières sont fermées », déplore Elsa Putelat qui intervient pour le compte de la Cimade au centre de rétention de Cornebarrieu, au nord de Toulouse (Haute-Garonne).
L’association qui vient en aide aux migrants vient de sortir son rapport annuel sur ces lieux où sont retenues les personnes sans-papiers, souvent en attente de leur expulsion. A Cornebarrieu, 1.320 personnes ont ainsi été enfermées l’an dernier, parmi lesquels 57 enfants âgés de 3 semaines à 16 ans, relèvent les membres toulousains de la Cimade.
« Hausse des traumatismes liés à l’enfermement »
L’an dernier a surtout été marqué par l’allongement de la durée de rétention, qui est passé de 45 jours maximum à 90 jours. Plus de 13 % des personnes qui sont passées par le CRA toulousain y sont ainsi restées plus de 46 jours. « Or nous savons que 90 % des reconduites se font avant les 45 jours, au-delà l’expulsion est souvent impossible. Cela ne sert donc pas à expulser plus et mieux, mais c’est un moyen d’enfermer plus longtemps. Or nous constatons qu’il y a de plus en plus d’automutilations, de tentatives de suicide, une hausse des traumatismes liés à l’enfermement », avance Pablo Martin, un des intervenants de la Cimade.
Si 47,2 % des personnes retenues ont été éloignées vers leur pays d’origine ou de là où ils avaient séjourné avant leur arrivée en France, en 2019, 46,4 % ont été libérés. Un taux qui atteint depuis le début de l’année les 67 % au centre de rétention de Cornebarrieu qui a vu passer 687 personnes depuis janvier, dont une vingtaine d’enfants. « Avec la situation sanitaire, il y a eu moins de placements », poursuit Elsa Putelat.