Football : Le bulletin de paie de Keylor Navas (PSG) qui circule sur les réseaux sociaux est-il authentique ?
FAKE OFF•Un document indiquant le montant du salaire du gardien de but du PSG – 614.000 euros après prélèvement de l’impôt sur le revenu à la source – est devenu viral. Ni le club ni le principal intéressé n’ont confirmé son authenticité, même si le montant des émoluments du Costaricien, naturalisé espagnol correspond à l’ordre de grandeur déjà évoqué par la presseMarie-Laëtitia Sibille
L'essentiel
- Sur Facebook, une publication qui prétend révéler le bulletin de salaire de septembre 2019 du footballeur Keylor Navas, est redevenue virale au cours des derniers jours. Un conseiller en rémunération explique à 20 Minutes pourquoi il pense que ce document est authentique.
- Le PSG ne souhaite pas faire de commentaires et le gardien de but s’était expliqué en laissant planer le doute lors d’une conférence de presse en 2019.
- Selon L’Equipe, qui publie régulièrement le classement des footballeurs les mieux payés, Keylor Navas gagnait, en février 2020, 1 million d’euros bruts par mois.
«C’est hallucinant […]. En un salaire, il est déjà bien pour toute la vie. » Un document circule à nouveau de façon virale sur Facebook depuis dimanche : il s’agirait, selon les auteurs de la publication, de la copie d’un bulletin de salaire du footballeur Keylor Navas. Une fiche de paie qui a fait réagir les internautes et donné lieu à de nombreux commentaires.
Selon ce document, l’ancien gardien du Real Madrid, transféré au PSG à l’été 2019, a touché 614.254 euros nets en septembre 2019, une fois les impôts sur le revenu déduits d’un montant de 860.582 euros. Le joueur gagnerait donc plus de 7 millions d’euros par an.
« Regardez juste ses impôts, vous les payerez même pas toute votre vie ! », « J’aurais dû choisir foot quand j’étais plus jeune », commentent amusés certains utilisateurs de Facebook. Le document avait déjà circulé sur Twitter à l’automne 2019, où il avait été largement commenté.
FAKE OFF
Le nom mentionné sur le document, Navas Gamboa Kailor Antonio, est bien celui du joueur. Le début de numéro de Sécurité sociale correspond également à sa date de naissance, en décembre 1986 : 1 86 12… L’adresse de l’employeur, en haut à gauche, correspond à celle du centre de formation du PSG. Le numéro Siret correspond également, tandis que le footballeur est domicilié au siège social du club, au Parc des Princes. Une adresse qui pourrait s’expliquer par l’arrivée du joueur à Paris au début du mois de septembre 2019.
« Pour moi, il n’y a aucun doute : cette feuille de paie est authentique », indique à 20 Minutes Quentin Guézénec, conseiller en rémunération au sein du cabinet de conseil financier Prominis. « Ou alors il faudrait être un faussaire vraiment très compétent ! Mais il y a des détails qui ne trompent pas, des calculs vraiment très techniques. Par exemple, Navas a pris ses fonctions le 2 septembre (c’est sa première feuille de paie), et non le 1er. Or, le plafond de la Sécurité sociale pris en compte pour les cotisations sociales se fait bien sur ces 29 jours sur 30. »
D’autres indications attirent l’œil de l’expert : « Les avantages en nature mentionnés sur le bulletin, comme les places au stade pour que les proches assistent aux matchs, sont une réalité. D’autre part, tous les taux sont justes et, enfin, la prime d’impatriation est bien calculée. » Cette prime, prévue à l’article 155B du code général des impôts, permet aux joueurs étrangers ou aux Français ayant passé les cinq dernières années à l’étranger de soustraire 30 % de leur rémunération à l’impôt pendant huit ans. Keylor Navas bénéficie ainsi d’un abattement de plus de 300.000 euros. Au total, le joueur gagne près de 1 million d’euros brut.
« Tant mieux si ça fait rire certains »
Contacté par 20 Minutes, le Paris Saint-Germain ne souhaite faire « aucun commentaire sur le sujet ». Mais à l’époque où est sorti ce document, en octobre 2019, en conférence de presse, Keylor Navas s’était exprimé lui-même, sans démentir, mais avec ironie : « Ne vous étonnez pas si à l’avenir vous voyez que j’achète une villa à Miami, un immeuble en Chine ou une maison à Paris. J’imagine qu’il y en a beaucoup qui s’ennuient et qui font ce genre de choses. C’est triste, mais c’est comme ça. Moi, ça ne me fait rien. Tant mieux si ça fait rire certains. Ce qui m’intéresse, c’est le football. Malheureusement, il y a des choses comme ça qui arrivent. Mais j’insiste, ne vous étonnez pas si un jour vous voyez que j’ai un jet privé à mon nom. »
En octobre 2019, le journal L'Equipe, lui, confirmait que, « selon des sources espagnoles proches du joueur, le PSG lui verse 1 million d’euros brut mensuels […]. Avec de tels émoluments, le Costaricien [naturalisé espagnol], quart finaliste du Mondial brésilien, frappe à la porte du top 5 parisien, juste derrière le quinté qui se compose ainsi, dans l’ordre : Neymar, Kylian Mbappé, Edinson Cavani, Thiago Silva et Angel Di Maria. »
En février 2020, le quotidien revoit le classement et Navas repasse à la 8e place des salaires mensuels bruts de Ligue 1 : « Grâce à leurs récentes prolongations, Marco Verratti et Marquinhos gagnent aujourd’hui près de deux fois ce qu’ils touchaient l’année dernière à la même époque. »
Et L’Equipe de conclure : « Le Paris-SG pourrait-il attirer tous ces talents s’il ne payait pas si bien ? Et ces gars-là, regardés avec envie par l’Europe entière, resteraient-ils à Paris, dans un Championnat sans grande passion ni réel intérêt, joué et gagné d’avance, s’ils ne voyaient pas leurs conditions régulièrement revues à la hausse ? »
A noter que, depuis l’épidémie de coronavirus, le club de la capitale envisage de baisser de moitié les salaires de certaines de ses stars dont les revenus dépassent les 100.000 euros mensuels, conformément aux recommandations de la Ligue et de l'UNFP (Union nationale des footballeurs professionnels).
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