Rennes : La famille de Babacar, tué par la police en 2015, conteste la légitime défense

Une reconstitution des faits est prévue jeudi matin. Dans la nuit du 2 au 3 décembre 2015, Babacar Gueye est mort dans la cage d’escalier d’un immeuble à Rennes, touché par cinq balles tirées par un policier de la brigade anticriminalité. Cinq après le drame, la sœur de ce Sénégalais de 27 ans conteste toujours la légitime défense invoquée par le policier auteur du tir. « C’est un mensonge total. Ils ont donné des versions différentes, ça ne colle pas », a indiqué samedi lors d’une conférence de presse Awa Gueye, vêtue d’un tee-shirt et d’un masque siglés Justice pour Babacar.

« Cette reconstitution des faits, c’est important pour moi », a-t-elle ajouté, en soulignant que son frère était resté « une heure au sol, menotté et en caleçon » après avoir reçu cinq balles dans le corps. « Les trajectoires balistiques démontrent qu’aucune des cinq balles tirées n’est arrivée de face », a précisé le comité de soutien dans un communiqué de presse. « La vérité judiciaire n’est pas la vérité médiatique », a rétorqué Me Frédéric Birrien, avocat du policier. L’auteur du tir avait été placé sous le statut de témoin assisté en juin 2019.

Deux enquêtes classées sans suite dans cette affaire

Babacar Gueye était hébergé chez un ami lorsqu’il avait été pris d’une crise d’angoisse au milieu de la nuit du 2 au 3 décembre 2015, s’emparant d’un couteau de table. Les pompiers appelés par l’ami étaient arrivés avec huit policiers. Faute de pouvoir le maîtriser avec un taser défectueux, la scène s’était poursuivie dans l’escalier, où un policier, membre de la Bac, avait tiré à cinq reprises. Babacar avait ensuite été menotté au sol et était mort malgré les soins prodigués.

Une enquête ouverte par le parquet pour « tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique » avait été classée sans suite en juillet 2016, tout comme une enquête de l'IGPN, la police des polices. La famille a déposé plainte avec constitution de partie civile en janvier 2017 et une information judiciaire a été ouverte peu après.