INDUSTRIEL’avenir incertain de la centrale à charbon de Gardanne

Bouches-du-Rhône : L’avenir incertain de la centrale à charbon de Gardanne

INDUSTRIELa direction de la centrale de charbon de Gardanne a annoncé la suppression de 70 % des emplois, alors que l’avenir de ce site industriel reste flou malgré la mise en place d’un « projet de territoire »
Adrien Max

Adrien Max

L'essentiel

  • Gazel Energie a annoncé ce mardi aux salariés de la centrale à charbon de Gardanne la suppression de 70 % des emplois et une fermeture anticipée.
  • Les salariés souhaitent la reprise du site par un industriel, qui ne s’est pas encore manifesté publiquement, avec un projet de développement de l’hydrogène et la valorisation de déchets.
  • Pour le député François-Michel Lambert, l’option des salariés, comme le projet de territoire mis en place par l’Etat, ne répondent pas aux enjeux à long terme.

Une fin programmée et un avenir toujours aussi flou. Les salariés de la centrale à charbon de Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, ont appris ce mardi au cours d’un comité social et économique la mise en place d’un plan social avec la suppression de 70 % des emplois par Gazel Energie, propriété du magnat tchèque Daniel Kretinsky.

Programmée par l’Etat à l’horizon 2022 à travers la Loi énergie climat, la fermeture de la centrale interviendra finalement plus tôt. « Cette unité est source de perte considérable, pour laquelle un investissement de 10 millions est nécessaire. Cet investissement est trop significatif comparé au délai d’exploitation qu’il nous reste », explique Gazel Energie.

Projet contre projet

Une fermeture anticipée alors que le « projet de territoire », mis en place afin de créer « de nouvelles dynamiques économiques, sociales et écologiques », n’est pas clairement défini. Il prévoit pour le moment le développement de la filière bois à travers la création d’une scierie, notamment, ou le développement de l’hydrogène vert et de e-methanol, en s’appuyant sur la centrale de biomasse.

Mais les représentants du personnel ont une préférence pour une autre proposition, qu’ils ont présentée à la direction. « Un industriel est prêt à reprendre l’usine pour y développer un projet d’unité de valorisation des déchets et le développement de l’hydrogène. On demande juste à ce que Gazel Energie laisse les bureaux propres vu qu’ils ne veulent plus investir », explique Nadir Hadjali, syndicaliste CGT. L’industriel se serait engagé à maintenir les emplois.

Les salariés ne veulent pas entendre parler du projet de territoire, alors qu’ils considèrent « l’Etat et Gazel Energie de mèche ». « Les projets n’interviendraient qu’à l’horizon 2022 pour la scierie, et encore bien plus tard pour le reste. Avec le projet que nous portons avec ce nouvel industriel, cela nous laisse 15 ans pour réfléchir à la conversion du site et de réfléchir au futur modèle industriel », avance Nadir Hadjali.

La centrale de biomasse au cœur du débat

Une vision à court terme rassurante pour les salariés, alors que le député écologiste du territoire, François-Michel Lambert, souhaite, lui, une vision plus concrète à long terme. Car toutes ces orientations s’appuient sur la centrale de biomasse.

« Le problème majeur est que le contrat de rachat de l’électricité signé avec l’Etat s’arrête en 2035. Lors de la dernière réunion en préfecture vendredi dernier, lorsque je leur ai demandé ce qu’on faisait le 1er janvier 2036 tout le monde s’est regardé dans le blanc des yeux, gênés. On ne peut pas faire reposer un contrat de territoire sur cette centrale de bio masse alors qu’il n’y a aucune garantie à l’horizon de 15 ans », regrette-t-il.

« Depuis sa construction, elle n’a jamais tourné à plein régime, et les projets de scierie, à l’horizon 2022, et d’hydrogène, en 2028, seront rapidement remis en question. Pourquoi faire un plan à 10 millions d’euros avec une obsolescence programmée de la centrale prévue pour 2035 ? », s’interroge-t-il.

Court terme

Il comprend la vision à court terme des salariés pour sauver l’emploi, mais regrette celle des élus locaux. « Le problème c’est qu’ils restent arc-boutés derrière ce qui avait été envisagé en janvier avec Emmanuelle Wargon. Mais entre-temps le monde a changé avec la crise du Covid-19, notamment en matière de souveraineté industrielle, de relocalisation. Cette droite conservatrice est dans l’incapacité de percevoir le monde qui bouge », tacle-t-il.

De son côté Gazel Energie, « ne souhaite pas se séparer du site ». « Nous voulons maintenir une activité industrielle qui se traduit par la volonté de pérenniser l’unité de biomasse avec d’autres projets complémentaires », avance l’industriel dont les projets sont ceux figurant dans le pacte de territoire. Un comité de pilotage devrait être mis en place début octobre pour s’assurer que toutes les parties prenantes de ce projet de territoire vont dans le même sens.