Coronavirus à Lyon : « Il y a encore une possibilité de le maîtriser, ce n’est pas une fatalité », estime Bruno Lina
VIRUS•Selon les HCL, la situation sur le territoire n’a pour l’heure rien à voir avec la première vague de Covid-19 ni avec les gros foyers épidémiques observés à Bordeaux et MarseilleElisa Frisullo
L'essentiel
- Ces dernières semaines, différents indicateurs démontrent que le coronavirus circule activement dans la région lyonnaise.
- Mais il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour l’heure, selon les HCL, qui rappellent que la situation n’a rien à voir avec mars dernier et que le virus peut encore être maîtrisé.
- La cellule de crise du CHU a été réactivée pour suivre scrupuleusement tous les signaux liés au Covid-19.
Un taux d’incidence du virus et un taux de reproduction (R) en hausse constante, des admissions en réanimation et des hospitalisations de nouveau sur la pente ascendante. Ces trois dernières semaines, différents indicateurs suivis scrupuleusement dans les hôpitaux indiquent que, dans la région lyonnaise, le coronavirus circule activement.
Face à ce frémissement, les HCL ont réactivé mardi leur cellule de crise, sans pour autant céder à l’inquiétude. Car, pour l’heure, selon différents spécialistes, la situation est « sérieuse mais maîtrisée ». « Il y a une accélération à la hausse de la circulation du virus et du recours à l’hôpital. Quelque chose est en train de se passer mais ce n’est en rien comparable à ce qui s’est passé en mars et avril », a indiqué mardi après-midi Raymond Le Moign, directeur général des HCL.
« Il est encore temps d’agir »
Un constat partagé par le célèbre virologue lyonnais Bruno Lina, membre du conseil scientifique. « Certes, il y a une augmentation du nombre de cas, mais lorsque l’on compare avec la première vague, cela n’a rien à voir (…) », estime-t-il. Selon les derniers chiffres des HCL, le taux d’incidence de la maladie dans la région lyonnaise (nombre de patients diagnostiqués chaque jour) est actuellement de 140 pour 100.000 habitants. Les appels au Samu (15) liés au Covid sont passés de 121 fin août à 526 le 13 septembre. Et sur les 139 lits disponibles actuellement en réa, trente sont occupés par des malades Covid +.
« Les signaux que l’on a nécessitent une vigilance mais ce n’est pas inquiétant car il y a une possibilité encore de maîtriser. Cela a été fait dans d’autres pays, dans d’autres régions, ce n’est pas une fatalité», estime le virologue, qui ne plaide pas pour un durcissement des mesures de protection dans la région lyonnaise. Un territoire où la circulation du virus reste nettement moins marquée qu’à Bordeaux ou Marseille, deux agglomérations où les autorités ont renforcé les règles imposées à la population pour limiter la propagation du Covid.
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Une situation incomparable avec Bordeaux et Marseille
« Bordeaux, Marseille et la Guadeloupe sont les foyers les plus importants. Le taux d’incidence est de plus de 260 pour 100.000 habitants (moins de 70 au niveau national). La situation lyonnaise n’est pas comparable », estime le professeur Lina. « Il est possible qu’il ne se passe pas du tout la même chose qu’au cours de la première épidémie où il y a eu un sentiment de débordement, avec, à un moment donné, la nécessité de sortir une arme terrible : le confinement. Aujourd’hui, on est beaucoup plus dans la déclinaison d’un certain nombre de mesures qui vont permettre de contrôler la circulation du virus, ajoute le virologue. Nos capacités d’analyses, de tests, d’isolement des malades peuvent nous laisser penser qu’on ne vivra pas ce que nous avons vécu en mars », souligne Bruno Lina.
Face à la menace d’une seconde vague, les responsables et spécialistes des HCL ont aussi le sentiment d’être mieux préparés. « Nous sélectionnons mieux les patients qui doivent rester hospitalisés ou qui peuvent rentrer chez eux, ceux qui doivent aller en réa… », ajoute l’infectiologue de la Croix-Rousse Florence Ader. Les professionnels de santé comptent donc sur l’expérience des derniers mois pour limiter l’asphyxie de la réanimation et la déprogrammation massive des activités chirurgicales non-urgentes, qui avait lourdement pénalisé les patients mais également les établissements hospitaliers lors de la première vague.
« Et puis nous ne sommes pas seuls dans la bataille, insiste Florence Ader. C’est une responsabilité générale de la population. Nous ne devons pas diminuer d’intensité dans la vigilance », souligne-t-elle, rappelant l’importance du respect du port du masque et des gestes barrières.