MANIFESTATIONMalgré le Covid, les syndicats espèrent se faire entendre le 17 septembre

Coronavirus : Malgré le Covid-19, les syndicats espèrent se faire entendre à la rentrée sociale du 17 septembre

MANIFESTATIONLe contexte sanitaire, mais aussi le retour des « gilets jaunes », pourraient handicaper le mouvement
Nicolas Raffin

Nicolas Raffin

L'essentiel

  • Plusieurs syndicats et organisations étudiantes manifesteront ce jeudi, le 17 septembre.
  • Le contexte sanitaire bouleverse évidemment l’organisation des rassemblements.
  • La mobilisation des « gilets jaunes » peut aussi représenter une forme de concurrence.

Les masques vont-ils étouffer la manif ? Alors que plusieurs syndicats et organisations étudiantes (CGT, FSU, Solidaires, Fidl, MNL, Unef, UNL) ont prévu de battre le pavé jeudi prochain, le 17 septembre, le contexte sanitaire pourrait jouer sur la mobilisation interprofessionnelle qui portera plusieurs revendications en même temps : hausse des salaires, défense de l’emploi, abandon de la réforme des retraites.

Côté organisation, il faut évidemment s’adapter à la nouvelle donne. Le port du masque obligatoire dans certaines villes, le respect des mesures barrières (distanciation physique) et la limitation des cortèges à 5.000 personnes font réfléchir les organisateurs. « Ce n’est pas une journée qui va fédérer des milliers de personnes », reconnaît Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, à 20 Minutes. « On ne s’attend pas à une marée humaine », confirme Elie Lambert (Solidaires).

Donner de la voix

« La situation sanitaire va rendre la mobilisation compliquée, complète Benoît Teste. Certains auront peut-être la crainte de se rendre dans les rassemblements. Par ailleurs, dans l’éducation, les professeurs viennent tout juste de retrouver leurs élèves après des mois de confinement et les vacances, donc cette date de mobilisation peut arriver un peu tôt pour eux ».

Pour autant, les organisateurs sont clairs : malgré la recrudescence de l’épidémie – près de 10.000 nouveaux cas de Covid étaient enregistrés quotidiennement en fin de semaine dernière –, pas question de rester silencieux sur les questions sociales. « C’est de notre responsabilité » assène Elie Lambert. « Le non-dialogue imposé par le gouvernement fait que ces mobilisations restent nécessaires, ajoute Helno Eyriey, vice-président de l’Unef. Il faut que des questions comme celle de l’emploi ou des retraites restent dans le débat public ».

« Emmanuel Macron s’était aussi engagé à revaloriser les métiers essentiels (éboueurs, par exemple), mais rien n’a été fait », déplore Valérie Lesage (CGT Ile-de-France), qui estime par ailleurs que les avancées obtenues lors du Ségur de la santé sont trop limitées. D’où l’impérieuse nécessité, pour les syndicats et les organisations étudiantes, de donner de la voix dans la rue. « La forme classique du défilé reste celle que les pouvoirs publics et le gouvernement écoutent le plus », constate Helno Eyriey.

« La question sanitaire ne doit pas effacer la question sociale »

« Le droit de manifester nous semble absolument indispensable et doit être défendu dans les périodes comme celle-ci, poursuit Benoît Teste. On voit bien les dérives qu’il peut y avoir à diminuer les droits syndicaux au nom de la santé publique ». Une allusion très claire au décret du 14 juin, qui limitait très fortement le droit de manifester en le soumettant à une autorisation préalable. Le texte avait finalement été retoqué par le Conseil d’État début juillet. « La question sanitaire ne doit pas effacer la question sociale, conclut Helno Eyriey. A quoi ça sert d’être protégé contre le Covid-19 si on ne peut plus payer son loyer ? ».

Les syndicats ne sont pas les seuls à avoir eu l’idée de descendre dans la rue. Après plusieurs mois de pause, confinement oblige, les « gilets jaunes » ont voulu eux aussi montrer qu’il leur restait des forces. La préfecture de police leur avait interdit de manifester à plusieurs endroits de Paris samedi 12 septembre, craignant des troubles à l’ordre public et un non-respect des gestes barrières. Finalement, la manifestation s'est tenue dans le nord-est de la capitale et a rassemblé environ 2.500 personnes. Ce retour, même clairsemé, d'un mouvement très critique vis-à-vis des syndicats n’est pas forcément une bonne nouvelle pour ces derniers.

« Les «gilets jaunes» estiment que les syndicats ne parviennent plus à mobiliser efficacement », reconnaît Benoît Teste. Le syndicaliste assure néanmoins que des points de convergence sont possibles : « Même si nous n’appelons pas à participer à leur mobilisation, nous mettons en avant le fait que les préoccupations que nous portons sont les mêmes, avec entre autres la protection de l’emploi et des salaires. » Entre la recrudescence de l’épidémie, la possible crainte d’aller manifester et la concurrence des « gilets jaunes », ceux qui défileront le 17 septembre ont donc intérêt à chanter fort sous leur masque pour espérer être entendus.