Coronavirus : Les salariés veulent garder un peu de télétravail mais veulent aussi des règles
ALLO•La fin du télétravail est parfois brutale dans certaines entreprises20 Minutes avec AFP
Après plusieurs mois de télétravail forcé pendant la crise sanitaire, nombre d’entreprises rappellent leurs employés et employées dans leurs locaux, suscitant une certaine incompréhension, et tentent de négocier des accords pour trouver la juste dose de travail à distance. Si seulement un quart des salariés travaillaient sur site fin mars, ils étaient déjà 50 % fin mai. Fin juillet, le télétravail, en plein essor avec le confinement, ne concernait plus qu’un salarié sur dix, selon les dernières données du ministère du Travail.
« Pour la rentrée, on a reçu comme consigne (de faire) un jour de télétravail par semaine », « une injonction très contradictoire » alors que les gestes barrières doivent être respectés et les réunions physiques évitées. C’est même « un peu démotivant », témoigne Damien (prénom modifié). Pour ce quadragénaire qui encadre une petite équipe dans le domaine informatique au sein d’une filiale d’EDF, septembre a donc sonné le retour au régime ante-Covid, après du télétravail à 100 % pendant le confinement et un retour très progressif ensuite, au siège situé à la Défense.
« Douche froide »
Cette annonce a fait l’effet d’une « douche froide » et « les gens râlent un peu », confie ce Parisien qui passe 1h30 en moyenne quotidiennement dans les transports en commun. « Quelques équipes ont dû perdre un peu pied » pendant le confinement et « pour éviter de faire des cas particuliers, l’entreprise fait des règles générales », avance-t-il en notant que, « du côté du top management, il y a une volonté de recadrage et de ne pas aller trop vite sur le sujet ».
Car si beaucoup ont apprécié le télétravail en termes de gain de temps dans les transports et d’équilibre des temps de vie, d’autres, parmi lesquels des responsables d’équipe, émettent des réserves. Selon un sondage OpinionWay réalisé fin mai pour un cabinet de conseil aux entreprises, 85 % des télétravailleurs souhaitent conserver la possibilité de faire du télétravail mais une majorité veut aussi plus de règles pour l’encadrer.
Orange a de l’avance
Les partenaires sociaux doivent décider vendredi s’ils lancent la négociation d’un accord national interprofessionnelle (ANI), souhaitée par les syndicats. Dans de nombreuses entreprises, comme le constructeur automobile PSA ou le gestionnaire d’aéroports ADP, direction et syndicats ont déjà entamé, ou vont lancer, des négociations pour s’accorder sur les règles du télétravail.
Avec un premier accord sur le télétravail signé en 2009, Orange a un certain « recul » sur le sujet, explique Martine Bordonné, directrice Télétravail et Nomadisme du groupe. En France, avant le Covid, 36.000 salariés (environ 39 % des effectifs éligibles) bénéficiaient régulièrement ou occasionnellement, sur la base du volontariat et via un avenant au contrat de travail, de trois jours de télétravail maximum par semaine. Depuis le 1er septembre, ce régime est maintenu mais « une mesure de 'télétravail élargi' permet aux salariés qui ne l’avaient pas expérimenté et à ceux qui ne télétravaillaient qu’une demi-journée ou un jour par semaine, de le faire jusqu’à deux jours par semaine », selon Martine Bordonné.