Coronavirus : L’OMS a-t-elle bien listé les « effets indésirables » des masques contre le Covid-19 ?
FAKE OFF•Plusieurs posts Facebook pointent du doigt les « effets indésirables et inconvénients potentiels » du masque, listés par l’OMS il y a quelques mois, pour remettre en question leur utilitéAlexis Orsini
L'essentiel
- L’Organisation mondiale de la santé aurait-elle reconnu indirectement l’inutilité des masques contre le Covid-19 ?
- C’est ce que laissent penser plusieurs posts Facebook listant les « effets indésirables et inconvénients potentiels » des masques, tirés d’un document de l’OMS daté de juin 2020.
- Mais ils omettent de mentionner les avantages potentiels listés dans le même document, ainsi que les conseils les plus récents de l’OMS sur le port du masque chirurgical ou en tissu.
Les anti-masques auraient-ils trouvé un soutien de taille auprès de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ? Ces derniers jours, plusieurs posts Facebook relayent certaines remarques de l’institution internationale pour étayer leurs interrogations/critiques vis-à-vis de cette mesure sanitaire anti-Covid 19 adoptée dans de nombreux pays – et qui vient de devenir obligatoire dans tout Paris.
« Voici un document publié par l’OMS il y a quelques mois sur le port du masque. On y retrouve en page 9, les effets indésirables et inconvénients potentiels : risque potentiellement accru d’autocontamination dû au fait de manipuler un masque facial puis de se toucher les yeux avec des mains contaminées, autocontamination possible si un masque non médical humide ou sale n’est pas remplacé, favorisant ainsi la prolifération de micro-organismes, mal de tête et/ou difficultés respiratoires possibles selon le type de masque utilisé, lésions cutanées faciales », peut-on lire dans cette longue liste.
Celle-ci mentionne aussi une « fausse impression de sécurité pouvant conduire à un respect moins scrupuleux des mesures préventives qui ont fait leurs preuves comme la distanciation physique et l’hygiène des mains » ou encore un « port du masque mal supporté, notamment par le jeune enfant ». Et le post d’indiquer un lien vers la page du site de l’OMS comportant ces indications.
Si ces posts Facebook citent bien les « orientations provisoires » de l’OMS, en date du 5 juin 2020, concernant ses « conseils sur le port du masque dans le cadre [du] Covid-19 », ils omettent en revanche les « effets bénéfiques/avantages potentiels » pourtant listés par l’organisation dans le même document. Et ils laissent penser, à tort, que l’OMS s’oppose à une telle mesure, alors que sa position sur le sujet a bien évolué depuis début juin.
FAKE OFF
« Dans le grand public, le port du masque par des personnes en bonne santé peut notamment présenter les avantages suivants : risque potentiellement réduit d’exposition à des sujets infectés encore asymptomatiques ; stigmatisation potentiellement réduite des personnes portant un masque pour éviter d’infecter autrui (lutte à la source) […] ; impression donnée aux gens de contribuer à stopper la propagation du virus ; occasion de rappeler à la population les autres mesures à respecter (veiller par exemple à l’hygiène des mains, ne pas se toucher le nez ou la bouche) – l’effet inverse étant toutefois aussi possible », peut-on aussi lire dans ces orientations provisoires.
Ces préconisations marquaient déjà une évolution importante dans le discours de l’OMS par rapport à celui qu’elle tenait en avril, lorsqu’elle n’évoquait pas encore le port généralisé du masque.
Deux mois après, dans ses orientations du 5 juin, elle préconise toujours l’usage du « masque médical » (chirurgical) en priorité aux personnes manifestant des symptômes du Covid-19 et au personnel soignant, tout en « [conseillant] désormais aux autorités, pour prévenir efficacement la transmission de la Covid-19 dans les zones de transmission communautaire, d’encourager le port du masque par le grand public dans des situations et lieux particuliers, dans le cadre d’une approche globale de lutte contre la transmission du SARS-CoV-2. »
En outre, les « inconvénients potentiels » listés par l’OMS ne signifient pas que les masques seraient inefficaces. Le risque d’auto-contamination, par exemple, est bien pris en compte par le gouvernement puisqu’il précise, dans ses recommandations sanitaires, d’éviter de le toucher, de le porter sur le front ou le menton et enfin de le ranger dans un sac ou dans une poche.
Ces précisions d’usage font elles-mêmes écho aux recommandations de l’OMS pour les décideurs, telles qu’on peut les lire dans le document cité sur Facebook : « Si le port du masque est recommandé pour le grand public, les décideurs politiques devraient communiquer clairement le but recherché, indiquer où, quand et comment le porter et le type de masque à utiliser, expliquer les résultats que le port du masque permettra ou ne permettra pas d’atteindre et préciser clairement que le port du masque s’inscrit dans le cadre d’une série de mesures aux côtés de l’hygiène des mains, de la distanciation physique et d’autres mesures, toutes nécessaires et qui se renforcent mutuellement ».
« Encourager le port du masque non médical en tissu par le grand public »
A l’heure actuelle, l’OMS préconise toujours le port du masque médical « seulement par les soignants, les personnes présentant des symptômes évocateurs [du] Covid-19, même bénins, les personnes qui s’occupent de cas suspects ou confirmés de Covid-19 en dehors des établissements de santé les personnes âgées de 60 ans ou plus, les personnes atteintes de maladies chroniques ».
Et si elle indique qu’« aucune donnée scientifique de qualité ne permet de justifier le port généralisé du masque partout » et qu’il « faut tenir compte d’avantages et d’inconvénients potentiels », elle « conseille aux pouvoirs publics d’encourager le port du masque non médical en tissu par le grand public » car celui-ci « pourrait limiter la propagation de gouttelettes potentiellement infectieuses par les sujets infectés ».
Le 24 août, le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, répétait pour sa part : « Si tous nous veillons à respecter la distanciation physique, à nous laver les mains régulièrement, à porter des masques et à nous tenir informés, nous pouvons collectivement briser les chaînes de transmission. » Un rappel effectué quelques jours après que l’OMS a préconisé le port du masque dès l’âge de 12 ans, dans les mêmes conditions que les adultes.