SOCIETEUne avocate obligée de retirer son soutien-gorge pour rentrer en prison

Toulouse : Pour voir un détenu, une avocate est obligée de retirer son soutien-gorge pour passer la sécurité

SOCIETEL’avocate toulousaine Stella Bisseuil, qui a retiré son soutien-gorge dans sa voiture, déplore que l’administration ne lui ait pas proposé une solution
Béatrice Colin

Béatrice Colin

L'essentiel

  • Pour voir son client et passer sous le portique de sécurité, une avocate a dû enlever son soutien-gorge mardi à la maison d’arrêt de Seysses, au sud de Toulouse.
  • Elle déplore qu’aucune solution ne lui ait été proposée par l’administration pénitentiaire pour pouvoir régler ce problème.
  • L’administration pénitentiaire, qui se refuse à répondre par médias interposés, indique que toutes les règles de sécurité ont été respectées.

Ce petit strip-tease sur le parking de la maison d'arrêt de Seysses, coincée dans sa voiture garée sous l’œil des caméras de vidéosurveillance, Stella Bisseuil s’en serait bien passée. Mardi matin, cette avocate toulousaine avait rendez-vous de longue date avec l’un de ses clients, en vue de préparer son prochain procès devant la Cour d’appel.

Un rendez-vous qui a pris une drôle de tournure lors de son passage sous le portique de sécurité. Comme cela arrive régulièrement, le portique a détecté sur l’avocate un objet en métal. Après avoir passé en revue sa garde-robe, il s’est avéré que l’objet litigieux n’était autre que la baleine de son soutien-gorge.

« Je me suis dit "on va trouver une solution, on va me proposer d’aller l’enlever dans un vestiaire". La directrice adjointe est arrivée et m’a dit que je pouvais repartir. Je me suis dit tant pis, je vais aller me changer dans ma voiture, mon client m’attendait », explique l’avocate qui déplore que les droits de la défense n’aient pas été pris en compte ainsi que le ton de la conversation.

Elle a décidé de saisir le bâtonnier, mais aussi le contrôleur général des lieux de privation de liberté déjà saisi sur un cas similaire à la prison de Fresnes. « Il avait alors dit que c’était à la maison d’arrêt de trouver une solution. Il peut s’agir d’une fouille réalisée par une femme ou encore d’un passage au détecteur de métaux comme dans les aéroports. On n’empêche pas quelqu’un de monter dans un avion pour ça », explique Stella Bisseuil qui ne remet pas en cause la question de la sécurité mais plaide pour les droits de la défense.

Pas de palpations possibles

Sollicitée par 20 Minutes, la direction interrégionale des services pénitentiaires de Toulouse ne désire pas « répondre par médias interposés », tout en précisant que « les règles de sécurité avaient été respectées ». « C’est elle-même qui a pris la décision de retourner dans son véhicule pour retirer son soutien-gorge. Contrairement au règlement dans les aéroports, nous ne sommes pas autorisés à effectuer des palpations sur les personnes », a indiqué de son côté Stéphane Gély, le directeur interrégional, à La Dépêche du Midi.

L’avocate, elle, espère trouver une solution pour que cela ne se reproduise plus à l’avenir, d’autant plus que cette profession se féminise de plus en plus.