« Affaire Augustin » à Lyon : Témoignages et vidéos contredisent la version véhiculée par les réseaux sociaux
AGRESSION•Les témoignages recueillis et l’exploitation des images de vidéo surveillance viennent contredire le passage à tabac de l’adolescent même s’ils confirment son agressionCaroline Girardon
L'essentiel
- Cinq jours après l’agression à Lyon d’Augustin, 17 ans, le parquet a communiqué les premiers éléments de l’enquête, ce mercredi.
- Ils mettent à mal la version des faits livrée par l’entourage de la victime.
«L’agression existe… Mais nous avons une histoire qui est partie un peu vite ». De l’aveu de la police lyonnaise, ce que l’on appelle désormais « l'affaire Augustin » s’est emballée. Notamment sur les réseaux sociaux, devenus un tribunal populaire. Il aura suffi de plusieurs vérifications aux enquêteurs pour comprendre que l’histoire, véhiculée par l’entourage de la victime et relayée par les milieux nationalistes ou d’extrême droite, n’était pas tout à fait conforme à la vérité.
« Le fait que, ni la police, ni les pompiers n’aient été contactés vendredi [le soir des faits], et le dépôt de plainte deux jours après les faits incitaient à prendre du recul pour étudier la situation », confie-t-on du côté de la police ayant lancé un appel à témoins lundi soir. Les éléments, communiqués par le parquet de Lyon ce mercredi après-midi, apportent un éclairage précis sur le déroulé de la soirée. Voici ce qu’ils révèlent.
Pas d’agression des jeunes filles
Si le frère d’Augustin n’a pas hésité à parler d’un groupe de filles agressées vendredi à 23 heures à un arrêt de bus de la place Bellecour, les principales intéressées ont rapidement démenti l’information. Interrogées par différents médias, elles ont livré une version des faits plus édulcorée. « On sortait du restaurant. Des garçons nous ont accostées, sans être vulgaires, sans nous manquer de respect. On a répondu gentiment qu’on n’était pas intéressées », a témoigné l’une d’elle sur les télévisions locales.
Le groupe s’est montré « insistant ». Un peu lourd. Sans être menaçant pour autant, indique le parquet. C’est là qu’Augustin est intervenu spontanément. Mais pas pour les mettre à l’abri dans la supérette, située à proximité, comme le prétendait son frère. « Il est intervenu pour prendre la défense de jeunes filles qu’il pensait être importunées », rectifie le parquet. Et dire au groupe de garçons de les laisser tranquilles.
Coup de poing au visage
Les premiers échanges ont été calmes mais le ton a fini par monter. Des insultes ont fleuri entre le groupe d’individus et le jeune homme. « Ils ont proposé de se battre à un contre un. On a tenté de les raisonner en disant que cela ne servait à rien », témoigne encore l’une des jeunes filles. Alors que « la tension semblait s’apaiser », l’adolescent reçoit un coup de poing au niveau du visage. Dans la mâchoire précisément.
Souffrant d’une fracture mandibulaire et d’une lésion dentaire, il a été opéré lundi et s’est vu prescrire 21 jours d’ITT par le médecin légiste ce mercredi. « Les blessures constatées sont compatibles avec un coup unique porté au niveau du visage », souligne le parquet.
Pas de passage à tabac
Contrairement à ce qu’affirmait le père de la victime au Progrès, Augustin n’a pas été « entraîné vers les arbres » de la place Bellecour, ni « tabassé ». Après le coup de poing, « le groupe de jeunes gens a quitté rapidement les lieux », certifie le parquet. Ce qui vient conforter la version des jeunes filles, indiquant qu’elles étaient restées avec Augustin, tombé au sol mais voulant se relever pour continuer à en découdre.
« C’était une bonne intention à la base, témoigne l’une d’elles. Il a fait preuve de courage car on aurait pu se retrouver en danger ». Aujourd’hui, l’auteur présumé du coup de poing court toujours. « Les investigations se poursuivent activement aux fins de l’identifier », conclut le parquet.