Coronavirus : Les écoles françaises sont-elles soumises à l'un « des protocoles sanitaires les plus stricts d’Europe », comme l’affirme Blanquer ?
FAKE OFF•Le port du masque sera obligatoire en milieu scolaire pour toutes les personnes de plus de 11 ans lorsqu’une distanciation d’un mètre ne peut être garantieAlexis Orsini
L'essentiel
- Alors que la rentrée scolaire approche en France, Jean-Michel Blanquer s'est voulu rassurant sur l'antenne de RMC-BFMTV, lundi 24 août.
- Pour le ministre de l'Education, le protocole sanitaire en vigueur dans les établissements de l'Hexagone compte parmi « les plus stricts d’Europe ».
- 20 Minutes a voulu vérifier cette affirmation, en se plongeant dans les différentes mesures prévues dans le reste de l'Europe.
«Créer de bonnes conditions de rentrée pour tous » : tel est l’objectif poursuivi par Jean-Michel Blanquer, à l’approche de la reprise des cours, le 1er septembre prochain, en période de coronavirus.
Invité de l'émission « Apolline Matin » sur RMC-BFMTV, lundi 24 août, le ministre de l’Education nationale s’est voulu rassurant sur les conditions d’accueil des élèves : « Nous avons un des protocoles sanitaires les plus stricts d’Europe », a-t-il notamment affirmé, sans entrer dans le détail de ces mesures.
Les « grands principes de la rentrée 2020 » sont toutefois rappelés sur le site de l’Education nationale : « Respect des gestes barrière, port du masque pour les adultes et pour les élèves de plus de 11 ans [lorsqu’une distanciation d’un mètre ne peut être garantie], hygiène des mains, nettoyage et aération des locaux ».
La France compte-t-elle pour autant parmi les Etats européens prévoyant les mesures les plus rigoureuses contre le Covid-19 dans les établissements scolaires ? Allemagne, Italie, Espagne, Pologne, Belgique, Grèce, Royaume-Uni… Tour d’horizon de plusieurs pays voisins de l’Hexagone.
FAKE OFF
Si la distanciation sociale et le lavage régulier des mains sont la norme dans les établissements scolaires de tous ces pays, le protocole sanitaire varie en revanche fortement sur la question du port du masque, tantôt obligatoire dans tout le pays, dans certaines régions, ou bien uniquement dans certains espaces.
Des règles variables au sein d’un même pays
Les consignes varient parfois même au niveau local, en Espagne par exemple. Alors que les recommandations nationales adoptées en juin préconisent aux établissements scolaires espagnols de rendre le masque obligatoire dans l’enseignement secondaire uniquement – et dès l’âge de 6 ans dans les transports scolaires –, les 17 communautés autonomes du pays restent les seules compétentes en la matière.
« Plutôt que d’une rentrée scolaire, il faudrait parler de 17 rentrées scolaires différentes » note ainsi Courrier international, alors que la communauté autonome de Madrid a par exemple laissé entendre, face à la récente recrudescence du nombre de cas dans la région, que la rentrée physique pourrait être abandonnée au profit d’une rentrée à distance.
Outre-Rhin, où les élèves ont repris les cours dès la mi-août, certains Etats fédéraux privilégient les cours à l’extérieur, quand d’autres modifient les horaires de cours pour éviter au maximum que les classes ne se croisent. Dans certains cas, le masque est obligatoire uniquement dans les couloirs, alors qu’il l’est aussi en classe dans d’autres régions.
En Belgique, le protocole varie selon le niveau de propagation du virus. Au sein des écoles primaires et maternelles, en vertu du « code jaune » prévu pour la rentrée, seuls les adultes doivent respecter une distance de 1,5 mètre entre eux et porter un masque s’il est impossible de se tenir suffisamment loin. Dans l’enseignement secondaire, en revanche, le masque doit être porté par tous si la distanciation n’est pas possible – et y compris par les professeurs lorsqu’ils « parlent à voix haute » pendant les cours.
La Grèce et l’Italie, meilleures élèves des règles sanitaires
La Grèce fait partie des pays ayant adopté les mesures les plus strictes puisque le port du masque est obligatoire en permanence pour les élèves (du primaire jusqu’à l’enseignement supérieur) comme pour les enseignants et le personnel. Cette mesure a même été comparée par la ministre de l’Education, Niki Kermaéos, à des précautions « évidentes » de la vie courante, telles que le port de la ceinture en voiture ou la vaccination. Le port du masque y est donc plus étendu qu’en France.
Même chose de l’autre côté des Alpes. Après avoir un temps envisagé d’autoriser les élèves à retirer leur masque lorsqu’ils se trouvent à leur place, l’Italie, où la rentrée scolaire est prévue le 14 septembre, a elle aussi adopté un protocole strict. Le masque y est obligatoire à partir de 6 ans, y compris en classe. Les élèves manifestant des symptômes potentiels du Covid-19 font en outre l’objet d’un isolement et d’une prise en charge par un membre du personnel avant d’être évacués puis testés.
Si les élèves polonais ne sont pas obligés de porter le masque en classe, les établissements bénéficient d’une importante marge de manœuvre selon l’évolution locale de l’épidémie : adaptation des horaires pour limiter les flux de circulation, port obligatoire du masque pour les adultes et les élèves dans les couloirs…
Enfin, au Royaume-Uni, outre l’incitation des élèves potentiellement malades du Covid-19 à rester chez eux – comme en France et dans d’autres pays européens – et les mesures de distanciation sociale standard, les enseignants sont invités à garder au maximum les mêmes enfants au sein d’un petit groupe identique. En l’absence d’obligation du port du masque au collège et au lycée – sauf en Ecosse et dans certains établissements –, un syndicat de directeurs d’établissement a demandé des clarifications au gouvernement afin de savoir si les élèves souhaitant eux-mêmes porter des masques y sont autorisés.
« Peu de foyers épidémiques en milieu scolaire »
Toutefois, si Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, a d’ores et déjà prévenu qu’« il y aura des contaminations à l’école » mais que celles-ci seraient « gérées », le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies nuance l’idée selon laquelle l’environnement scolaire représenterait un espace plus dangereux que d’autres lieux de regroupement quotidiens.
« On dénombre peu de foyers épidémiques de Covid-19 en milieu scolaire, principalement car la majorité des enfants ne manifestent pas de symptômes quand ils sont contaminés par le virus, ou parce qu’ils contractent une forme très bénigne de la maladie », rappelle-t-il notamment. Ainsi, alors que certains établissements ont déjà dû ferme temporairement en Allemagne à cause de cas confirmés de Covid-19, les tests réalisés ces deux dernières semaines montrent qu’aucun d’entre eux n’est à l’origine de ces contaminations, celles-ci ayant eu lieu hors du cadre scolaire.