TEMOIGNAGESLes parents ont-ils fait bosser leurs enfants cet été ?

Cahiers de vacances, exercices maison, farniente total… Les parents ont-ils fait bosser leurs enfants cet été ?

TEMOIGNAGESPour de nombreux enfants, juillet et août n’ont pas été des mois de pure détente, mais aussi de révisions pour préparer une rentrée qui s'annonce difficile
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

L'essentiel

  • Après le confinement et la reprise très parcellaire de l’école en mai et juin, la rentrée scolaire ne sera pas évidente pour de nombreux élèves.
  • D’où la volonté de leurs parents de les remettre à cheval dès cet été, grâce aux devoirs de vacances ou à des exercices éducatifs.
  • A contrario, certains parents ont décidé de laisser leur progéniture se régénérer, loin du travail scolaire.

Après presque six mois passés loin des bancs de l’école, la rentrée scolaire, qui a lieu dans une semaine, risque d’être un moment difficile pour beaucoup d’élèves. D’où la volonté de nombreux parents de préparer au mieux leurs enfants cet été en les faisant travailler. Et même si habituellement, ce n’est pas le genre de la maison. Comme pour Véronique, l’une de nos lectrices qui a répondu à notre appel à témoins : « De manière générale, je pense que les vacances sont faites pour se reposer, les enfants étant suffisamment sollicités le reste de l’année. Mais au vu des circonstances et des chamboulements vécus, cela ne leur fait pas de mal de travailler. J’ai donc proposé à mes deux enfants des cahiers de vacances, à raison de deux séances par jour après le déjeuner ». Une démarche qui semblait nécessaire aussi à Jimmy, qui a fait plancher son fils collégien sur les maths : « Lors de ce confinement forcé, les lacunes nous sont apparues de façon flagrante », explique-t-il. Et pour Corinne, mieux vaut prévenir que guérir : « Nous avons imposé le cahier de vacances à nos enfants. Car nous trouvons dommage de leur faire subir des évaluations à la rentrée. Ils savent pertinemment que les élèves n’auront pas tous le même niveau ».

Et pas question de plaisanter avec la discipline. Ni de déroger aux séances de devoirs quotidiens. « J’ai acheté des cahiers de vacances à mes deux enfants (collégien et lycéen) et établi un planning travail/repos. Le matin, 2 à 3 heures de révisions, relecture de leurs cours et détente l’après-midi », précise Bénédicte. Même gymnastique quotidienne pour les enfants de Jessica : « Nous avons opté pour des cahiers de vacances, complétés par des exercices déjà réalisés en classe que nous avons fait refaire aux enfants sur des notions particulières où ils étaient en difficulté, par exemple. Révisions obligatoires des tables de multiplication et des conjugaisons, entre autres. Nous avons pu les faire travailler 1h/1h30 tous les jours, de manière à ce qu’il y ait un rythme et une régularité du travail ».

Réviser sans cahier de devoirs de vacances, c’est possible, la preuve

Si les cahiers de vacances ont été très plébiscités cette année, certains parents n’en sont clairement pas fans. Parce qu’ils en ont gardé de mauvais souvenirs d’enfance, ou parce que leurs contenus ne leur plaisent pas. Du coup, ils font travailler leurs enfants avec leurs propres méthodes. « Pendant le confinement, nous avons appris à faire différemment, avec des pratiques concrètes basées sur la vie quotidienne tout en respectant les rythmes de nos enfants. Cet été, nous avons fait de même, nous avons travaillé l’Histoire (grande oubliée des programmes à la maison durant le confinement…) en visitant les plages du Débarquement. Les maths, en permettant aux enfants de gérer l’argent de poche alloué à leurs souvenirs de vacances et le français, via les traditionnelles cartes postales », raconte Benjamin. De son côté, Philippe a concocté à son fils de 7 ans des « exercices de calcul dès que les situations s’y prêtaient, comme partager les gâteaux apéro en trois parts identiques. Et j’ai veillé à ce qu’il soit peu devant les écrans et beaucoup devant les livres. A 7 ans, il découvre les Tintin et les Astérix… », se réjouit-il. Même logique chez Olivier : « Cet été, nous avons juste imposé des lectures de livres, quelques mathématiques, mais de façon ludique, comme additionner le montant des péages sur l’autoroute ».

Et bizarrement, dans certaines familles, ce sont les enfants qui réclament des devoirs de vacances. « Ma fille de 9 ans est toujours très demandeuse, elle a donc travaillé sur des livrets de révision et sur un site spécialisé, excepté pendant deux semaines où je l’ai "obligée" à se déconnecter un peu de tout ça », raconte Johanna. Un comble ! Et ce phénomène très étrange a été aussi observé chez les plus petits, comme l’a observé Marie : « Je suis maman de deux enfants en maternelle. Tous les 2 ont fait des cahiers d’exercices pendant l’été…. Ils nous l’ont demandé. L’école leur manque, ils ont soif d’apprendre. Donc oui, nous les avons fait travailler pour préparer la rentrée et ne pas oublier les fondamentaux acquis en classe pour la plus grande. Le deuxième, c’était surtout pour s’amuser ».

« Le stress de l’école a la maison, j’ai dit stop »

Mais pour la plupart des enfants, le travail estival reste un vrai pensum : « Ils ne sont pas du tout demandeurs et aimeraient plutôt passer 24 heures sur leur console. Ce n’est pas facile de les faire travailler, mais je suis sûre qu’ils me remercieront à la longue », assure Sarah, qui ne s’est pas laissée attendrir par les suppliques de ses petits. Marie-Claude, grand-mère de deux enfants entrant en CP et CE2, a voulu leur remettre le pied à l’étrier avant la rentrée. Grand mal lui en a pris : « J’ai voulu vérifier ce qu’ils avaient assimilé ou oublié. Les débuts ont été difficiles : manque de concentration, de persévérance… Il a fallu deux semaines de révisions, sauf le week-end, à raison d’une heure par jour, pour avoir du mieux en concentration et en application. Un enfant était demandeur, l’autre aurait préféré jouer, mais au final, il s’est rendu compte que cela lui avait été profitable. Pour lui, il a fallu lutter, mais au final, je pense que cela a été très utile ».

A contrario, ce sont parfois les parents qui ont zappé les séquences devoirs de vacances. A l’instar d’Isabelle : « J’ai laissé ma fille passer un été tranquille : elle n’a pas de mal à travailler et a une bonne moyenne. Elle reprendra en septembre sans problème », assure-t-elle. Même logique pour Olivier : « Les vacances sont les vacances. Nous serons au top pour la rentrée : le seul risque scolaire est de s’ennuyer », assène-t-il. Il faut dire que dans certaines familles, le souvenir du confinement est encore frais : « Le stress de l’école a la maison, j’ai dit stop. Ils saturaient. Mes enfants avaient besoin de normalité, donc de vraies vacances. A la rentrée, nous serons vigilants concernant des lacunes éventuelles. Mais je ne suis pas très inquiète, les enfants s’adaptent et récupèrent vite. J’ai juste quelques inquiétudes concernant la reprise du rythme normal, qui a été impossible à maintenir depuis mars », indique Aude. Marilyne, qui faisait travailler ses trois enfants les précédents étés, a aussi passé son tour cette année : « Ce furent des mois où ils ont vécu des choses difficiles, où ils ont appris à travailler de manière autonome. Ils n’ont rien lâché pendant la période de confinement et ont très bien travaillé à distance. Ils avaient besoin de lâcher prise pendant ces deux mois de vacances, surtout que l’on ne sait pas comment va se passer cette rentrée. La maison doit aussi rester un lieu neutre, de détente. La coupure était nécessaire pour ne pas les dégoûter du scolaire ». Le fils de 11 ans de Caroline a aussi pu profiter pleinement : « Pas de cahier de vacances, pas de vacances apprenantes, pas de révisions pré-rentrée. L’important, c’est qu’il soit bien dans sa tête et dans ses baskets à la rentrée ». Car le retour à un emploi du temps chargé et des devoirs le soir va nécessiter un petit temps d’adaptation pour beaucoup d’élèves…