Bretagne : Bientôt des protections hygiéniques gratuites dans tous les lycées ?
SANTE•La région et le rectorat souhaitent encourager les établissements à installer des distributeursCamille Allain
L'essentiel
- La région Bretagne et le rectorat souhaitent que tous les lycées de la région installent des distributeurs de protections périodiques gratuites.
- La société Marguerite & Cie, installée dans le Finistère, est la seule à proposer cette solution.
- Sa fondatrice aimerait éduquer les jeunes femmes à utiliser des produits biologiques respectueux de leur corps et de la planète.
« Quand j’étais jeune, on n’avait pas une parole aussi libérée. Aujourd’hui, les adolescentes parlent librement de leurs règles. Le sujet est de moins en moins tabou. Même les garçons l’abordent. » Du haut de ses 44 ans, Gaële Le Noane a vu les mentalités évoluer au fil des années. Installée à Lesconil, dans le Finistère, la fondatrice de la société Marguerite & Cie est devenue la spécialiste des distributeurs de protection hygiénique biologiques. D’abord présents à l’université Rennes 2 et dans tous les Crous de Bretagne, ses appareils ont peu à peu conquis la France. Des collèges, des universités mais aussi des entreprises et des bailleurs sociaux les ont installés pour proposer des protections hygiéniques gratuites aux femmes.
Peu à peu, l’idée de lutter contre la précarité menstruelle essaime. Vendredi, la région Bretagne et l’académie de Rennes ont annoncé leur souhait que la pratique soit généralisée dans l’ensemble des lycées bretons. « Une dizaine de lycées se sont déjà manifestés. On sent qu’il y a un vrai intérêt pour le sujet. Notre volonté, c’est de généraliser l’installation de distributeurs au sein de tous nos établissements », explique-t-on à la région. La collectivité se propose de financer l’achat et d’organiser l’installation de l’équipement. Charge aux lycées de payer les tampons et serviettes proposés gratuitement aux lycéennes.
« Eduquer les femmes » aux produits biologiques
Pour la fondatrice de Marguerite & Cie, l’enjeu est double. Gaële Le Noane souhaite d’abord mener « un combat féministe », estimant que les protections périodiques devraient être gratuites. Mais aussi « éduquer » les jeunes femmes à l’usage de produits biologiques. Cette ancienne orthophoniste a changé de voie il y a quelques années en découvrant l’inquiétant cocktail de substances contenues dans les tampons et serviettes du commerce. « C’est fait à 80 % de plastique. C’est dangereux pour notre corps, mais aussi pour la planète », poursuit Gaële Le Noane. Conçus par la société Natracare, tous les produits sont biodégradables, compostables et biologiques.
A l’université Rennes 2, premier établissement français à s’être positionné sur la question, une trentaine de distributeurs ont été installés. Pour cette première année de test, la fac a même été victime de son succès. « Cela montre qu’il y a une attente. Nous allons quadrupler nos moyens humains pour que les distributeurs soient remplis plus souvent », explique Fabien Caillé, vice-président étudiant de l’université. A Rennes 2, les tampons et serviettes ont été disposés dans les toilettes « pour être le plus accessible possible ». « L’idée, c’est d’en faire quelque chose de naturel. Que personne ne soit gêné », assume Gaële Le Noane.
A Rennes 2, le premier contrat d’approvisionnement a été estimé à 20.000 euros. La fondatrice de Marguerite & Cie évoque de son côté un budget moyen à « un euro par mois et par élève ».