Rennes : « Ça nous facilite le travail »… Les fumeurs de joints mis à l’amende par les policiers
DROGUE•La capitale bretonne est l’une des quatre villes où le dispositif est expérimentéC. A. avec AFP
Deux cents euros d’amende pour avoir fumé un joint. La mesure a de quoi faire réfléchir. A Rennes, les policiers disposent d’un nouvel outil depuis lundi pour lutter contre la consommation de drogue. Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, l’amende forfaitaire s'applique à tous les consommateurs mais vise surtout les amateurs de cannabis. Première cliente du cannabis en Europe et troisième pour la cocaïne, la France ne parvient pas à faire baisser ses chiffres de consommation.
Depuis lundi, Rennes (Ille-et-Vilaine), Reims (Marne), Créteil et Boissy-Saint-Léger (Val-de-Marne) testent ce nouveau dispositif, qui devrait être étendu à Marseille et Lille mi-juillet. Le montant de 200 euros, qui peut être minoré (150 euros) ou majoré (450 euros) en fonction du délai de paiement, se veut dissuasif. « C’est toujours mieux que d’aller au poste de police », estime Gaëtan. Cet homme de 23 ans a été verbalisé au volant de sa voiture à Saint-Jacques-de-la-Lande, tout près de Rennes après avoir acheté deux grammes d’herbe pour 20 euros. « Je ferai attention la prochaine fois », avoue le jeune homme, même si l’amende ne devrait pas changer ses habitudes de consommation. En quatre jours, une dizaine d’amendes ont été dressées par les policiers rennais.
Le procureur Philippe Astruc explique vouloir mener une « politique très volontariste de responsabilisation » des consommateurs de cannabis. « Cela fait des années qu’on s’emploie à réduire l’offre de stupéfiants au niveau national. Le temps est venu de responsabiliser les usagers, c’est-à-dire d’avoir une politique de la demande. Il faut peser sur la demande pour nous permettre d’agir efficacement sur l’offre », avait-il expliqué fin mai.
« Un gain de temps considérable »
Pour les policiers, il s’agit avant tout d’un « gain de temps considérable en matière de procédure », souligne la commissaire Nathalie Frêche, en marge d’un contrôle. « Ça nous facilite le travail et ça donne une motivation supplémentaire pour les policiers qui voient la sanction immédiate », ajoute la fonctionnaire, qui entend faire de cette amende « un outil quotidien du policier ».
Chronophages, les procédures pour usages de stupéfiants se terminent souvent par un simple rappel à la loi. En 2016, près de 140.000 consommateurs de stupéfiants ont été interpellés, selon un rapport d’information parlementaire.