Affaire Adama Traoré : Les auditions des témoins-clés n'ont aucun lien avec la manifestation, affirme le procureur
ENQUÊTE•Le procureur, Rémi Heitz, a indiqué que les juges d’instruction cherchaient à entendre depuis 2019 deux témoins de l’interpellation d’Adama TraoréC.Po.
Eviter « la propagation d’informations parcellaires ou inexactes ». Dans un communiqué publié ce lundi, le procureur de la République de Paris, Rémi Heitz, a indiqué que les magistrats en charge de l’enquête sur la mort d’Adama Traoré, le 19 juillet 2016 dans la gendarmerie de Persan, dans le Val-d’Oise, entendaient « convoquer deux témoins pour audition ». Et ce, bien avant la manifestation organisée mardi dernier devant le tribunal. Cette décision, précise Rémi Heitz, avait été annoncée aux proches de la victime en avril 2019 et l’audition devait avoir lieu fin septembre 2019 mais l’un d’eux – celui chez qui Adama Traoré s’est réfugié juste avant son interpellation – ne s’est pas présenté. « Des investigations ont depuis lors été lancées pour le localiser. » Le second témoin est une femme qui a assisté à son interpellation dans la rue.
Dix expertises réalisées par des experts assermentés
L'avocat de la famille Traoré, Me Yassine Bouzrou, s'était félicité vendredi de la tenue prochaine des deux auditions, annoncées mercredi par courriel aux parties. Il avait aussi estimé qu'elles étaient une réponse à la manifestation de mardi qui a rassemblé 20.000 personnes à Paris, à l'appel de la famille de la victime. « Dès 2016, le Défenseur des droits avait compris qu’il fallait entendre des témoins importants. Les juges d’instruction ont pris quatre ans pour tirer les mêmes conclusions, malgré notre demande », a-t-il déclaré ce lundi dans Le Parisien Cette rare communication, en accord avec les trois magistrats chargés d'enquêter sur la mort du jeune homme noir de 24 ans, au cours de son interpellation par des gendarmes, intervient dans un contexte de dénonciation des violences policières particulièrement prégnant.
Dans cette enquête, rappelle le procureur de la République, dix expertises ont été réalisées par des « experts et médecins assermentés » auxquelles s’ajoutent les deux rapports médicaux produits par les parties civiles. « Cette procédure se déroule dans le respect du contradictoire et de la présomption d’innocence qui s’impose aux magistrats instructeurs et aux experts judiciaires », insiste le magistrat. Et de conclure : « La justice met tout en œuvre pour parvenir à la manifestation de la vérité sur les circonstances du décès d’Adama Traoré. »