C. A. avec AFP
Un peu plus de 200 salariés testés et déjà 69 cas positifs confirmés. Dans l’abattoir de Kermené, dans les Côtes d’Armor, le coronavirus s’est visiblement bien installé. Filiale du groupe Leclerc, à qui il fournit des produits de boucherie, de charcuterie et de traiteur, la société va se prêter à une grande opération de dépistage ce mardi sur plusieurs sites du département. L’entreprise bretonne emploie 3.400 personnes sur six sites situés autour de l’abattoir installé à Mené, près de Saint-Brieuc.
Ce mardi, plusieurs centaines de salariés vont être testées au Covid-19. « Le dépistage pourrait se poursuivre mercredi car son périmètre n’est pas encore arrêté », a déclaré le directeur de l’agence régionale de Santé (ARS), Stéphane Mulliez. Le premier signalement remonte au 13 mai, quand le « patient zéro » a été admis en soins intensifs au centre hospitalier de Saint-Brieuc.
Vendredi, 209 salariés de l’atelier de découpe primaire avaient été testés et 69 cas positifs ont été révélés. « C’est notre changement de doctrine depuis le 11 mai qui nous permet de dépister de nouveaux cas. Dans le cas présent, certains de ces cas testés positifs peuvent être des cas anciens. C’est normal que des cas positifs apparaissent puisqu’il y a davantage de tests », a détaillé le responsable de l’ARS, évoquant des « tests sérologiques ».
Ce mercredi, un autre secteur de l’entreprise sera probablement investigué. « Si le nombre de cas positifs est important à nouveau, il faudra continuer les tests ». Les personnes testées sont mises en quatorzaine, y compris dans l’attente des résultats des examens. Les contacts de ces personnes sont recherchés et ces « contacts à risque seront également placés en quatorzaine. Il s’agit de casser la chaîne de contamination », a indiqué Stéphane Mulliez.
« On partage les mêmes vestiaires »
L’abattoir qui traite deux millions de porcs et 160.000 bœufs par an va-t-il fermer ? « Une fermeture, même temporaire, serait une catastrophe », estime le maire du Mené, Jacky Aignel. Six cents personnes y travaillent. Et beaucoup s’inquiètent. « On est sur les mêmes lieux, on partage les mêmes vestiaires », a témoigné un salarié qui travaillait au quotidien avec le patient hospitalisé. Pendant le confinement, l’usine a fonctionné à plein régime : « On a travaillé 50 heures par semaine, y compris des week-ends », assure ce salarié.
Plusieurs abattoirs du monde ont été touchés par l’épidémie de coronavirus. En France, le site Tradival situé à Fleury-les-Aubrais, près d’Orléans (Loiret), a révélé 54 cas positifs lundi soir. Aux Etats-Unis, 115 abattoirs ont été touchés depuis le mois de mars. La proximité des salariés pourrait être un facteur de propagation. La température, presque systématiquement en dessous des dix degrés, favoriserait également la diffusion du virus.