Des directeurs d’écoles du Rhône alertent sur la rentrée

Coronavirus dans le Rhône : « Les conditions de sécurité ne sont pas réunies », des directeurs d’écoles alertent sur la rentrée

RETOUR A L'ECOLEQuarante-cinq directeurs d'écoles du département estiment que les conditions de sécurité ne sont pas remplies pour accueillir les élèves
Elisa Frisullo

Elisa Frisullo

L'essentiel

  • Ce mercredi, 45 directeurs d’établissements du Rhône alertent sur les conditions de rentrée, qu’ils jugent « irréalistes, inapplicables et parfois dangereuses ».
  • Ils interpellent leur hiérarchie et le grand public sur la nécessité d’assurer la sécurité sanitaire des écoliers et personnels dans les écoles, avec notamment des moyens de protection suffisants.

A une semaine du retour annoncé en classe d’une partie des écoliers, le flou et l’inquiétude dominent dans les écoles du Rhône, comme un peu partout en France. Ce mercredi, 45 directeurs d’élémentaire ont tenu à alerter sur les risques qui entourent cette rentrée et appellent leurs collègues et les enseignants à être réactifs.

« Nous directeurs, constatons que les conditions de la réouverture des écoles sont irréalistes, inapplicables et parfois dangereuses. Ce n’est pas d’un sursis dont nous avons besoin mais de réelles garanties sanitaires », soulignent-ils dans une motion destinée à alerter leur hiérarchie, leurs collègues et le grand public.

Pas de protections sanitaires suffisantes

« Ils ne demandent pas un report de la rentrée en septembre. Eux aussi en ont assez d’être confinés et veulent retourner en classe. Mais ils ont un préalable : que les conditions de sécurité soient réunies pour accueillir les enfants. Si ces conditions étaient réunies dès le 11 mai, ils seraient ravis de retourner dans les écoles dès lundi. Mais ce n’est pas le cas aujourd’hui », souligne Frédéric Volle, membre du Snudi-FO, syndicat mobilisé aux côtés des directeurs et enseignants.

En matière sanitaire, les directeurs s’inquiètent de l’absence de réelles protections offertes aux personnels des écoles. « Aucun dépistage systématique n’est prévu pour les personnels et les élèves, aucun masque FFP2 n’est envisagé pour les collègues. Pire, dans la dernière version du protocole, les masques ne seraient plus obligatoires », s’alarment-ils. Dans la plupart des établissements scolaires, les masques grand public promis pour les personnels et le gel hydroalcoolique ne sont pas arrivés. « Nous n’avons aucune certitude sur le fait qu’il y en aura en quantité suffisante », ajoute le syndicaliste.


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Quant à l’organisation à mettre en place pour permettre la distanciation sociale entre les élèves et faire respecter les gestes barrières, elle suscite pour beaucoup de directeurs inquiétude et colère. Dans certains secteurs du département, comme à Lyon, les directeurs auraient appris par les parents d’élèves le calendrier de retour en classe fixé par la mairie. « Puis ils ont reçu un courrier du maire avant même que des consignes ne leur soient données par l’Inspection académique qui est quand même leur hiérarchie », ajoute Frédéric Volle.

Beaucoup de zones d’ombre

Sur le terrain, au-delà des questions qui se posent sur l’organisation à mettre en place dans les locaux pour limiter les contacts physiques entre les enfants, des informations essentielles manquent pour préparer le retour des élèves. « Combien vont-ils accueillir d’écoliers ? Combien de professeurs vont revenir à l’école, sachant que certains, à risque, ne pourront pas reprendre en présentiel ?, souligne Frédéric Volle. L’un des directeurs a par exemple dix classes dans son école et 280 élèves. Il table sur 120 à 150 enfants en classe avec huit enseignants sur les dix présents. Cela impose de répartir les écoliers présents de différents niveaux scolaires dans les classes. Et qui va faire la classe à distance aux quelque 150 élèves qui resteront à domicile ? Les deux professeurs en télétravail ne pourront pas assurer cela seuls », illustre Frédéric Volle.

« Ce qui devrait se mettre en place ne serait pas l’école mais de la garderie », fustigent les directeurs qui, dans ces conditions, « refusent d’endosser la responsabilité » d’appliquer « un protocole inapplicable, le tout sans aucun contrôle d’un organisme de sécurité indépendant. » Pour inciter l’inspection académique à mettre en place une rentrée plus sécurisée, ils appellent leurs collègues à se mobiliser. En ces temps de crise empêchant tout rassemblement, ils demandent aux directeurs inquiets de rédiger des courriers de conseil des maîtres à l’attention des maires et des Inspecteurs de l’éducation nationale pour signifier leur refus de la réouverture des écoles tant que les conditions ne sont pas réunies.

Une action symbolique qui ne devrait pas menacer le retour d’une partie des élèves la semaine prochaine. « Les directeurs ne peuvent pas refuser d’ouvrir les écoles. Mais ils peuvent refuser d’endosser la responsabilité et c’est ce qu’ils font. Si demain, des cas de Covid surviennent dans une école, on ne pourra pas leur reprocher de ne pas avoir alerté », estime le syndicat. Contactée par 20 Minutes ce mercredi, la direction des services départementaux de l’éducation nationale n’a pas répondu à nos sollicitations pour l’heure.