« On nous dit qu’il va y avoir des masques au supermarché, y en a pas »

Coronavirus : « On nous dit qu’il va y avoir des masques au supermarché, y en a pas. Ils se foutent de nous »

BAS LES MASQUESDepuis ce lundi, des masques sont disponibles en supermarché. Théoriquement, car en pratique, rares sont les enseignes à les avoir déjà reçus…
Caroline Politi

C.Po.

«– Désolée Madame, nous n’avons plus de boîtes de 50, il nous reste des boîtes de dix masques chirurgicaux si vous voulez ou des lots de deux lavables.

- Mais il n’est que 10h30… Comment c’est possible ? »

Depuis l’ouverture de ce magasin Monoprix, en plein cœur du 9e arrondissement de Paris, la file d’attente ne désemplit pas devant l’accueil où deux hôtesses de caisse sont chargées de la vente des précieux masques. « Il y a beaucoup plus de monde que d’habitude, les gens ont entendu dans les médias que maintenant on pouvait en distribuer aussi », analyse un agent de sécurité, chargé de veiller spécifiquement sur ce poste. Depuis cette semaine, en effet, les enseignes de grande distribution sont autorisées à vendre des masques chirurgicaux ou en tissu.

Certains clients, détenteurs d’une carte de fidélité ont reçu dès samedi un SMS de la firme pour les avertir. C’est le cas de Myriam, qui après avoir essayé, la semaine dernière, « à trois reprises » d’en acheter en pharmacie, tente sa chance ce lundi au supermarché. Après 10 minutes de queue, elle repart avec deux lots de deux masques lavables, vendus un peu moins de cinq euros chacun, mais aurait préféré en acheter le double pour en donner à ses parents. Pour tenter de satisfaire le maximum de clients, le magasin limite les achats à une boîte de masques chirurgicaux ou deux lots de masques lavables. « Je trouve ça cher, ça devrait être gratuit puisque ça va devenir obligatoire mais bon, on n’a pas le choix », soupire la jeune femme.

« On n’en a pas et on ne sait pas quand on va les recevoir »

Dans le 18e arrondissement, dans un magasin de la même enseigne, les stocks ont fondu en une matinée. « Il ne me reste que quelques masques lavables, mais à ce rythme, je n’aurais plus rien avant midi », souffle une vendeuse, assise derrière une large vitre de plexiglas. A Intermarché, pour éviter la cohue, l’enseigne a fait le pari des réservations en ligne. Le magasin près de la porte de Clichy a reçu une boîte de 40 lots, déjà tous réservés par les clients détenteur d’une carte de fidélité. « Le téléphone n’arrête pas de sonner, on ne sait plus où donner de la tête. Tout le monde veut son masque », confie l’une des responsables.

Si certains magasins sont pris d’assaut, c’est également parce que, dans de nombreuses enseignes, ces masques si convoités ne sont pas encore arrivés. Parmi la dizaine de magasins dans les 9e, 17e et 18e arrondissements visités ce lundi, les deux tiers attendaient encore la précieuse marchandise. Depuis l’ouverture, le téléphone du supermarché Auchan, près de la place de Clichy sonne sans discontinuer. « Ils veulent tous savoir si on a des masques, souffle le gérant, mais pour l’instant, la réponse est non. On ne peut même leur dire quand ils arriveront, on attend que la centrale [d’achats] nous contacte ». Même son de cloche dans un Carrefour City, dans le 18e arrondissement. Depuis l’ouverture du magasin, les clients n’ont qu’une question à la bouche : « Avez-vous des masques ? » « Non, on n’en a pas et on ne sait pas quand on va les recevoir », souffle une vendeuse.

« Les gens vont finir par s’emporter »

« C’est encore un effet d’annonce. On nous dit qu’il va y en avoir à la pharmacie, y en a pas. On nous dit qu’il va y en avoir au supermarché, y en a pas. Ils se foutent de nous », s’emporte une cliente, à la caisse d’un magasin Franprix. Face à elle, l’hôtesse semble désolée.

Les masques, clé de voûte du déconfinement, seront-ils disponibles en quantité suffisante avant le 11 mai ? Le gouvernement en est convaincu. En attendant, les tensions sur ce marché si convoité pourraient engendrer un regain d’agressivité chez des clients frustrés de ne pas en trouver. « Ce matin, ça va encore, mais si les difficultés pour trouver des masques durent, les gens vont finir par s’emporter », assure l’agent de sécurité de Monoprix.