TEMOIGNAGE« Tout est différent maintenant, on s’adapte », témoigne Lydie, policière

Déconfinement : « Tout est différent maintenant, on s’adapte », témoigne Lydie, policière à Briançon

TEMOIGNAGEAffectée au commissariat de Briançon (Hautes-Alpes), Lydie, 41 ans, a repris le travail début avril après avoir été contaminée par le coronavirus, comme bon nombre de ses collègues
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Après huit semaines d’attente, le déconfinement partiel démarre ce lundi en France.
  • Caissières, médecins, policiers, livreurs, éboueurs… 20 Minutes donne la parole à celles et ceux qui ont continué à travailler durant le confinement.
  • Lydie, policière à Briançon (Hautes-Alpes), se confie sur cette période si particulière.

Ils font partie de celles et ceux qui n’ont pu rester confinés. En continuant à sortir, tous les jours, pour aller au travail, ils ont permis à tous de se soigner, de se nourrir, et à l’économie de ne pas s’effondrer. Policière depuis treize ans, Lydie a repris le travail début avril après avoir été contaminée par le coronavirus. Elle raconte à 20 Minutes comment elle a vécu cette période si particulière.

« Début mars, un adjoint de sécurité du commissariat a été testé positif au coronavirus. Comme toutes les personnes qui ont été en contact avec lui, j’ai été confinée 14 jours par l’ARS sans avoir été testée. Puis, quelques jours plus tard, j’ai eu les premiers symptômes : de la fatigue, des courbatures, mais pas de fièvre. J’ai repris le travail le 20 mars mais, progressivement, j’ai commencé à ressentir une gêne pour respirer. Le 23 mars, j’ai donc appelé le Samu. Cette fois, j’ai été testée positive et j’ai donc été de nouveau confinée 14 jours. Finalement, j’ai repris le travail le 6 avril après un mois d’arrêt. J’étais contente de revenir car je ne suis pas du genre à rester à la maison. En plus, il y a une bonne ambiance ici. »

Un certain de nombre de mesures sanitaires avaient pourtant été prises rapidement au sein de son commissariat.

« Dès le mois de mars, a été mis en place un service minimum afin d’éviter qu’il y ait trop de monde au commissariat. Une société spécialisée est venue nettoyer les locaux et du gel hydroalcoolique a été mis à disposition ainsi que des visières, plus pratiques que des masques pour discuter avec les gens. Comme beaucoup d’agents étaient confinés, nous avons obtenu du renfort de Marseille. Heureusement, car les collègues étaient en sous-effectifs. Ils n’étaient qu’une demi-douzaine pour assurer les plaintes, la nuit… C’était une période assez compliquée. »

L’épidémie de coronavirus a durablement modifié les habitudes de travail au sein du commissariat.

« Certains policiers ont été mis en congés d’office afin que l’on soit moins le moins nombreux possible dans les locaux. Il n’y a pas une délinquance importante à Briançon, cela nous permet d’aménager nos horaires de travail. On doit s’adapter, mettre en place une nouvelle façon de travailler. Les distances de sécurité sont respectées dans le commissariat d’autant plus facilement que nous avons presque tous des bureaux individuels. Ceux qui en partagent un travaillent une semaine sur deux pour éviter d’être en contact. Quand on reçoit des personnes, il faut bien s’assurer qu’elles portent un masque, leur demander de se passer du gel hydroalcoolique sur les mains, puis penser à nettoyer les chaises et les stylos après leur départ… Dès qu’on arrive le matin, on désinfecte les bureaux. »



Spécialisée dans l’investigation, Lydie croise moins de citoyens que ses collègues qui patrouillent sur la voie publique. Elle a néanmoins été obligée de s’adapter afin de pouvoir poursuivre ses enquêtes tout en limitant ses interactions avec les personnes rencontrées.

« Je ne vais sur le terrain que dans le cadre des investigations que l’on mène, pour faire des perquisitions, des interpellations. Avec le confinement, il y a eu moins de délinquance et donc moins d’affaires à traiter. Les choses les moins importantes sont reportées à plus tard, on gère les urgences pour l’instant. Hormis les personnes placées en gardes à vue, on n’impose pas aux gens de venir. Parfois, on les auditionne par téléphone car nombreux sont ceux qui, ayant appris qu’il y avait eu des cas de Covid-19 ici, ont peur de rentrer dans les locaux. Les avocats ne se déplacent plus, ils peuvent être présents par visio ou par téléphone. Tout est différent maintenant, on s’adapte. »