SANTÉCertains Ehpad du Haut-Rhin sont plus touchés que d'autres par le virus

Coronavirus dans le Haut-Rhin : Certains Ehpad sont plus touchés que d'autres par le virus

SANTÉLes résultats des tests sérologiques, conduits sur 1.807 personnes dans dix établissements, montrent une grande variété de situations
Charles Montmasson

Charles Montmasson

L'essentiel

  • Les 953 résidents et 854 personnels de dix Ehpad du département ont été testés sérologiquement la semaine dernière.
  • Selon les résultats, le taux de résidents qui ont été en contact avec la maladie varie de 0 % à 76 %, et celui de personnels de 2 % à 62 %.
  • Les limites des tests sérologiques, soulignées par la Haute Autorité de santé, conduisent à se tourner vers d’autres tests, biologiques.

Depuis le début de l’épidémie de coronavirus, 547 personnes sont décédées dans les Ehpad et 639 dans les hôpitaux du Haut-Rhin, selon un bilan établi lundi. La semaine dernière, le conseil départemental avait lancé une opération de dépistage dans dix établissements pour personnes âgées dépendantes, destinée à adapter la réponse sanitaire.

Qu’ont révélé les résultats, rendus publics ce mardi ? Sur 953 résidents testés, 296 (31 %) présentent des anticorps montrant qu’ils ont été en contact avec la maladie, comme 221 (26 %) des 854 membres du personnel testés. Derrière ces chiffres, on trouve « une variété de situations », indique Christian Fischer, directeur de l’Autonomie au conseil départemental du Haut-Rhin.

Jusqu’à trois quarts de résidents testés positifs

Dans l’un des Ehpad, 76 % des résidents ont été testés positifs, et dans un autre 62 % des personnels, quand, à l’inverse, un établissement ne présente aucun cas positif parmi les résidents et un autre « seulement » 2 % parmi les personnels. Sur les dix établissements étudiés, quatre ont plus de 50 % des résidents dont le test sérologique est positif, trois ont 10 % à 36 % de résidents dans ce cas et trois autres, 3 % maximum.

« Comme le département est très frappé, les experts ne s’attendaient à pas à cette hétérogénéité, remarque Brigitte Klinkert, la présidente (DVD) du conseil départemental du Haut-Rhin. Ils s’attendaient plutôt à voir le Covid présent dans tous les Ehpad. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. »

La « cartographie » de la maladie

Autre enseignement, « il existe une correspondance forte entre la clinique, c’est-à-dire les consultations des médecins, et la cartographie révélée par les tests », précise Christian Fischer.

« Grâce à ces tests, des résidents qui n’avaient a priori pas été malades se sont révélés positifs. Ça a permis aux Ehpad en question d’avoir une attention plus grande vis-à-vis d’eux, pour voir si, dans les jours à venir, ils ne développaient pas de symptômes », souligne Brigitte Klinkert.

Une méthode contestée par la Haute Autorité de santé

Pour autant, la présidente du conseil départemental a reconnu ce mardi les limites de cette étude pour définir « une stratégie opérationnelle » contre la maladie. La Haute Autorité de santé a fait savoir jeudi dernier – soit trois jours après le début des prélèvements – que les tests sérologiques manquaient de fiabilité.

« Le défaut de performance d’un test peut entraîner des conséquences graves pour les personnes se croyant faussement immunisées », explique l’Agence régionale de santé (ARS) du Grand-Est, pour qui « le recours à ces tests sérologiques n’est pas recommandé ».

L’adaptation des règles pour le Haut-Rhin

« C’est un élément fondamental et nouveau pour nous, que nous n’avions pas le 14 avril au moment du lancement des tests sérologiques », se justifie Brigitte Klinkert. Et qui explique la décision de ne pas généraliser ces tests sérologiques dans les Ehpad du Haut-Rhin. Au contraire, le conseil départemental entend « s’inscrire dans la doctrine nationale qui privilégie les tests PCR », ou tests biologiques, à partir d’un prélèvement dans les fosses nasales.

Alors que ces tests, dans une perspective de prévention, étaient réservés aux établissements présentant de nouveaux cas de Covid-19, le conseil départemental annonce avoir « obtenu une adaptation » pour le Haut-Rhin, où tous les établissements seraient potentiellement déjà touchés. « Nous aurons la possibilité d’effectuer ces tests PCR dès l’apparition d’une nouvelle suspicion chez les personnels et les résidents », dans les établissements qui n’ont pas connu de nouveau cas dans les deux semaines précédentes, annonce Brigitte Klinkert. En pratique, si un nouveau cas est avéré, tout le personnel sera testé.

Jusqu’à 500 tests par jour dans les labos départementaux

La présidente du conseil départemental compte sur la coopération des laboratoires des deux départements alsaciens pour réaliser des tests PCR, après avoir obtenu le feu vert de la préfecture. Ces structures pourraient réaliser à terme « 400 à 500 tests par jour » pour un total de 12.000 tests à l’échelle de l’Alsace.

La stratégie de dépistage « va s’intensifier dans les semaines à venir » dans le Grand-Est, avait annoncé lundi l’ARS.