SOLIDARITE« Sans les associations, ces personnes mourraient de faim »

Coronavirus à Lyon : « Sans les associations, ces personnes mourraient de faim », comment les bénévoles s’activent auprès des plus démunis

SOLIDARITEReportage dans un entrepôt de la Croix-Rouge où les bénévoles confectionnent puis livrent des colis aux personnes isolées ou sans ressources
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • Depuis le début du confinement, les associations se mobilisent pour venir en aide aux plus nécessiteux.
  • Reportage à Lyon auprès des bénévoles de la Croix-Rouge qui œuvrent quotidiennement pour confectionner des colis livrés aux personnes âgées isolées ou aux plus démunis.

Masque sur le nez, gants, gilet aux couleurs de la Croix-Rouge sur le dos, Thomas attrape soigneusement les produits entreposés devant lui. Du café, de la farine, des conserves, de la purée, du riz, du lait, des céréales stockés sur des étagères, qu’il range ensuite dans un cabas en plastique… Au fil des semaines, les gestes sont devenus mécaniques. « Je suis au chômage technique depuis le début du confinement, alors j’avais du temps devant moi », glisse-t-il dans un sourire.

Cet informaticien, qui vit dans le 5ème arrondissement de Lyon, se rend plusieurs fois par semaine dans un entrepôt de Vaulx-en-Velin, transformé pour l’occasion en plateforme logistique. C’est ici, depuis un mois, que les bénévoles de la Croix-Rouge, entre 100 et 150 par jour, œuvrent sans relâche pour confectionner puis livrer, grâce des voitures prêtées par la métropole de Lyon, des colis de premières nécessitées aux personnes les plus fragiles vivant sur le territoire. A savoir une majorité de personnes âgées isolées, mais aussi des familles monoparentales et des personnes handicapées. Pour ceux-là, les paniers sont payants et la commande, qui peut aussi englober la livraison de médicaments, se fait auprès d’une plateforme téléphonique (09 70 28 30 00).

14.000 repas livrés dans les squats et bidonvilles

« Ce sont souvent des personnes qui ne peuvent se déplacer. Elles n’ont pas de famille ou de voisins susceptibles de leur rendre service. Alors, nous le faisons pour elles. D’ailleurs, elles nous disent qu’il s’agit de la solution pour qu’ils puissent continuer de manger », explique Grégory Perret, référent de la mission « Croix-Rouge chez vous ». « Sans les associations, ces personnes mourraient de faim », appuie Samuel Dauphin, chargé de coordonner l’ensemble des acteurs.



« Nous agissons aussi auprès des populations sans ressource. Notamment celles qui vivent dans les squats et les bidonvilles. Depuis un mois, 14.000 repas leur ont été livrés. Pour eux, c’est gratuit. Cela représente 44 paniers solidaires sur les 262 commandes qui ont été déjà honorées depuis le début de l’opération », souligne Loïc Rey, président de la Croix-Rouge dans le Rhône.

« On applique la même méthode que pour une gestion de crise survenant lors d’une catastrophe naturelle. Sauf que là, il s’agit d’une crise sanitaire », expose Samuel Dauphin. Ce géologue dirige les opérations sans relâche, attentif au moindre souci qui se profilerait. Et des problèmes à résoudre, il n’en manque pas. « Au début de l’opération, nous avions reçu 15 palettes de produits frais dont la limite de consommation était de 4 jours. Nous n’avions rien pour les entreposer. Finalement, le livreur nous a généreusement laissé son container frigorifique », sourit-il.

Un manque cruel de produits d’hygiène

« On doit anticiper au maximum les commandes et les stocks de nourriture qui vont nous parvenir pour ne pas être dépassés », enchaîne Hugo, prof de math et chef du PC. 3 tonnes de denrées ont été récupérées auprès de la banque alimentaire. Et presque autant de dons d’entreprises. Le reste est acheté à prix coûtant auprès des grandes enseignes. Notamment les produits d’hygiène.

« C’est ce dont nous manquons le plus actuellement. La situation est particulièrement compliquée car nous avons beaucoup de mal à nous approvisionner », glisse Loïc Rey, président de la Croix-Rouge dans le Rhône. Savons, gels douches, rasoirs, mousses à raser, dentifrices, brosses à dents manquent à l’appel. Tous comme les couches, notamment celles destinées aux nourrissons. L’association a pu récupérer un stock global auprès de la ville de Lyon. Mais cela n’a pas suffi à couvrir tous les besoins. Pas question pour autant de solliciter la générosité des particuliers auxquels il serait déconseillé de se déplacer.

« Si l’on pouvait bénéficier d’un accord avec les grandes enseignes, ça serait l’idéal pour acheter les produits nécessaires. Cela éviterait de se rendre en grande surface à 8h du matin et de vider tous les rayons car les autres clients ne comprendraient pas. Et cela ne serait pas la solution », glisse-t-on en guise de conclusion.