Coronavirus en Ile-de-France : Lever le confinement sans dépister ni restreindre les déplacements serait inefficace, selon une étude
RECHERCHE•Une étude de l’Inserm publiée ce dimanche se penche sur différentes stratégies de déconfinement en Ile-de-FranceL.C.
Comment sortir du confinement ? C’est l’épineuse question pour les gouvernements qui l’ont mis en place pour endiguer l’épidémie de coronavirus. Alors qu’Emmanuel Macron doit s’adresser ce lundi soir aux Français, une étude scientifique se penche sur différentes stratégies de déconfinement en Ile-de-France. Leurs travaux, publiés dimanche et repérés par le journal Le Monde, mettent en garde sur les risques post-confinement.
L’équipe de Vittoria Colizza et Pierre-Yves Boëlle (Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique, Inserm et Médecine Sorbonne Université) a développé un modèle pour évaluer l’efficacité potentielle de diverses mesures post-confinement. Il s’agit de mesurer « des effets de différents scénarios, tenant compte du type de mesures plus ou moins contraignantes et du moment où elles seraient appliquées », explique Vittoria Colizza au Monde. « Nous avons testé des hypothèses théoriques dans cette période où l’immunité collective est insuffisante. »
Un déconfinement en juin ?
Selon leurs travaux, menés à l’échelle de l’Ile-de-France, « lever le confinement sans stratégie de sortie conduirait inévitablement à une deuxième vague épidémique qui déborderait le système de santé », car le taux de population immunisée est faible. Pour déconfiner, il faut être en mesure de mener une politique de tests très active, pour identifier les personnes porteuses du SARS-CoV-2 et leurs contacts, afin de les isoler.
Sans mesures spéciales lors du second pic de l’épidémie, les besoins en lits de soins intensifs seraient quarante fois supérieurs aux capacités du système dans la région, selon le modèle.
Maintenir le télétravail et le confinement des seniors
D’après leurs estimations, en Ile-de-France les autorités ne seraient en capacité de tester la population à grande échelle qu’à partir du mois de mai, ou de juin. « Un confinement plus long jusqu’en juin, aiderait à diminuer la pression sur le système de santé », écrivent-ils dans leur étude.
Les scientifiques préconisent de maintenir le confinement pour les personnes âgées, et de ne pas rouvrir les écoles avant l’automne. Un recours au télétravail pour une large partie des travailleurs pourrait aussi freiner la reprise de l’épidémie, tout comme une reprise graduelle de certaines activités économiques. De telles mesures pourraient réduire de plus de 80 % le nombre de cas atteint lors du pic épidémique, et feraient gagner entre un mois et demi et trois mois sur l’arrivée d’une seconde vague, par rapport à l’absence de mesures.