Coronavirus à Toulouse : Dealers livreurs et conjoints violents… Comment le confinement a changé la face de la délinquance
CONFINEMENT•A Toulouse et en Haute-Garonne, la police et la gendarmerie font face à de nouveaux phénomènes liés au confinementHélène Ménal
L'essentiel
- Près de 10.000 contraventions pour non-respect du confinement ont été dressées en trois semaines à Toulouse et en Haute-Garonne.
- Au-delà des contrôles qui se multiplient, l’activité des forces de l’ordre est complètement transformée.
- Avec de bonnes nouvelles comme la chute impressionnante des cambriolages ou des accidents mais aussi l’explosion inquiétante des violences intrafamiliales.
- Par ailleurs, des profiteurs de confinement apparaissent.
Dealers en mal de stock mais imaginatifs, cyber-arnaqueurs, et hommes violents aux pulsions libérées… en trois semaines, le confinement inédit imposé par le coronavirus a changé la face de la délinquance à Toulouse et en Haute-Garonne. Les policiers et gendarmes contrôlent évidemment à tour de bras le respect des mesures. Ils ont distribué près de 10.000 contraventions (4.300 en zone de gendarmerie, plus de 5.000 en zone urbaine). Et il n’y a selon Dominique Alzéari, le procureur de la République de Toulouse, pas de profil type pour ces contrevenants qui s’affranchissent de dérogation. « Ils sont aussi divers que la population », dit-il.
Et puis il y a les vrais réfractaires, ceux qui depuis le 24 mars se sont fait prendre plus de quatre fois, se rendant coupables du fameux délit de réitération. Onze ont été placés en garde à vue en trois semaines, dont un jeune d’Empalot ce mardi, contrôlé sans autorisation pour la sixième fois. Le procureur de la République classe ces allergiques au confinement en deux catégories : « Des jeunes de moins de 25 ans plus inconscients que dangereux et d’autres qui ont la volonté assumée de ne pas se soumettre ». Pour ces derniers, trois peines de prison ont été prononcées, deux avec sursis, et une ferme à l’encontre d’un jeune de 19 ans qui a reconnu vendredi devant le tribunal qu’il sortait pour s’approvisionner en cannabis. Par ailleurs, d’après Nelson Brouard, le directeur département la sécurité publique (DDSP), deux des gardés à vue avait une raison impérieuse de sortir puisqu’ils sont connus de ses services de police pour leur lien avec le trafic de drogue.
Des dealers en difficulté mais qui ont de la ressource
Concernant les points de deals justement, le préfet Etienne Guyot annonce sans surprise que leur « fréquentation est en forte baisse ». L’arrêt des approvisionnements par la route en provenance du Maroc puis d’Espagne provoque une baisse drastique des stocks, avec pour corollaire une hausse sensible des prix concernant le cannabis. Mais ceux qui vivent sur leur réserve s’adaptent, comme toujours. Les drive géolocalisés grâce à Snapchat ont le vent en poupe toute comme les livraisons à domicile « facturées 10 euros en plus », selon Nathalie Tallevast, la patronne du SRPJ.
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Des arnaqueurs aux remèdes miracles
Sans donner de chiffres, le procureur de la République relève aussi une nouvelle cybercriminalité de confinement. La police judiciaire et la gendarmerie travaillent sur des trafics de masques en ligne, des ventes d’attestations dérogatoire aux plus naïfs, mais aussi du commerce de traitements miracles contre le Covid-19. Des arnaqueurs basés en Haute-Garonne ont même proposé des produits vétérinaires pour guérir le coronavirus.
Des violences intrafamiliales en forte hausse
Selon le général Jacques Plays, le chef du groupement de gendarmerie de Haute-Garonne, le quotidien des militaires a radicalement changé de visage : les cambriolages sont en baisse de 68 %, les accidents corporels chutent de 71 %, les vols de véhicules de 73 %. En revanche les interventions pour tapage ont bondi de 108 % et celles pour différend de voisinage de 154 %. Surtout, comme partout en France, les violences intrafamiliales – violences conjugales ou enfants maltraités – ont explosé de 83 % en zone de gendarmerie.
Même constat en zone de police. Nelson Brouard constate que, l’alcool aidant, « le confinement réussit plutôt mal à un certain nombre de personnes » et que les victimes ont encore « bien du mal à sortir pour déposer plainte ». Ces deux dernières semaines, 38 hommes ont été placés en garde à vue pour des violences intrafamiliales, selon le parquet. Des suites pénales ont été données dans 24 cas, dont six comparutions immédiates devant le tribunal. La justice a pris en charge 18 femmes victimes pour la seule semaine dernière.