Coronavirus : Le rapatriement des Français bloqués à l’étranger se poursuit, mais à quel prix ?
RETOUR COMPLIQUE•« 20 Minutes » a interrogé les conditions de retour de certains Français bloqués à l’étranger depuis la suspension des vols aériens vers l’Europe à cause de l’épidémieGilles Durand
L'essentiel
- Le ministère des Affaires étrangères annonce que 148.000 Français ont été rapatriés depuis le début du confinement.
- 20 Minutes a recueilli quelques témoignages des conditions de retour.
«On a ramené 148.000 Français à la maison » depuis le début du confinement. Le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne, a déclaré ce mardi sur l’antenne de France Bleu Provence que seuls « quelques milliers » de ressortissants restaient à rapatrier.
Après la suspension des liaisons aériennes avec l’Europe, épicentre de la pandémie de Covid-19, de nombreux Français s’étaient retrouvés bloqués à l’étranger. Un « plan de transport aérien adapté », via Air France, avait été mis en place par le gouvernement pour permettre un retour.
« C’était un peu la panique pour tout le monde »
Dans les faits, l’assurance du « On a ramené » mérite d’être un peu nuancée, à en croire quelques rapatriés que 20 Minutes a pu contacter. Agée de 21 ans, Eléa rentre tout juste d’Australie où elle était partie avec son compagnon depuis fin octobre. Mais son rapatriement ne doit pas grand-chose au gouvernement français.
« Tout est allé très vite. C’était un peu la panique pour tous les touristes. Du jour au lendemain, les auberges de jeunesse et campings ont fermé. Heureusement que nous avions notre voiture pour éviter de dormir dehors, comme certains », souligne cette Nordiste.
Une liste de rapatriement
Il y a une semaine, un e-mail de l’ambassade les prévient, en fin de matinée, d’un vol de rapatriement organisé… en fin d’après-midi. Impossible pour le couple qui doit encore vendre la voiture achetée en début de séjour, une pratique courante des touristes en Australie.
Un coup de fil à l’ambassade ne rassure pas Eléa. « Aucun autre vol retour n’était garanti ». Puis un rapide coup d’œil sur les sites des compagnies aériennes l’inquiète encore plus. « On trouvait des vols à plus de 11.000 euros »
Heureusement pour eux, après la vente de la voiture, rapidement réalisée, Qatar Airways, compagnie référente de l’ambassade, proposait encore deux vols internationaux par jour depuis Perth. « On a pu trouver un billet à 750 euros chacun et nous sommes partis, lundi, pour un retour avec escale à Doha ». Fin des aventures australiennes qui avaient commencé… par de gigantesques incendies du côté de Sydney.
« Des prix prohibitifs »
Du côté de Véronique, comme chez beaucoup d’autres, c’est surtout la facture du retour qui coince. Ses parents, âgés de plus de 70 ans, font partie des 4.000 touristes français restés bloqués en République dominicaine au début du confinement. « Les vols de rapatriement ont été proposés à des prix prohibitifs, trois ou quatre fois le tarif habituel, dénonce cette Francilienne. Des familles avec trois enfants qui n’ont pas les moyens de payer sont encore sur place. »
Ses parents ont quand même pu rentrer, il y a dix jours. « On essaie aujourd’hui de se faire rembourser une partie du billet initial* mais la pandémie ne fait pas partie des clauses », regrette Véronique, assez remontée contre l’imprévoyance des autorités. « Quand mes parents sont partis, le 9 mars, tout le monde répétait, en France, qu’il n’y avait aucun risque. »
Florian, lui aussi bloqué en République dominicaine, a pu également retrouver le chemin de la France moyennant un billet retour à un peu plus de 700 euros. « Il y a eu quelques péripéties : vol annulé, puis changement d’aéroport, puis vol à nouveau décalé, mais nous sommes bien rentrés », témoigne-t-il à 20 Minutes.
Des touristes encore disséminés
Comme en république dominicaine, trois semaines après le début de la crise, des touristes français « restent encore disséminés » à travers le Pérou, ainsi qu’aux Philippines, « dans beaucoup d’îles » estime un responsable du ministère des Affaires étrangères.
De même, des Français sont encore à bord du Zaandam, qui a accosté jeudi en Floride, et du Coral Princess, un autre bateau de croisière situé au large des côtes américaines. Parmi eux, une centaine présente des problèmes de santé « très sévères ».
* Pour tenir compte de cette situation sans précédent, l’ordonnance n°2020-315 du 25 mars 2020 prévoit que, pour tout voyage annulé entre le 1er et le 15 mars 2020, en raison de circonstances exceptionnelles liées au covid-19, l’organisateur peut proposer au client, à la place du remboursement de l'intégralité des paiements effectués, un avoir valable 18 mois. Le client est alors dans l’obligation d’accepter cet avoir mais il n’est pas contraint de l’utiliser. Il pourra, s’il le souhaite, en demander le remboursement après la fin de sa validité.