Avant de reprendre la route comme chaque matin, Marina et Marie-Neige prennent quelques instants pour revenir sur leur mission. Depuis lundi, ces deux médecins gériatres se relaient au sein d’une équipe mobile spéciale « Ehpad » composée également d’une interne en médecine, d’une interne en pharmacie spécialisée en hygiène et d’un ambulancier.

Créée par le CHU de Bordeaux il y a cinq ans, cette unité avait l’habitude de rendre visite quotidiennement aux personnes âgées de la ville. Mais avec le confinement, elle se rend maintenant dans la soixantaine d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes de la métropole. « Ils appellent la cellule Ville-Hop du CHU qui fait un premier tri sur leurs demandes et selon les besoins, on fait appel à nous pour aller directement sur place », explique le docteur Marina Coutauchaud. Des interventions qui peuvent durer près de deux heures.

Dépistage, matériel, conseils au personnel…

Face à un personnel « en difficulté et très inquiet », elles doivent répondre évidemment à « beaucoup de questions » comme le souligne sa collègue, le docteur Marie-Neige Videau. Leurs interventions peuvent durer plus de deux heures :

« « On fait du dépistage en prélevant les cas suspects de Covid-19, on aide aux prises de décision – Doit-on hospitaliser ? Comment isoler une personne ? – on aide aussi sur le plan de l’hygiène par exemple quel matériel utiliser dans cette situation-là ? » »

La question des équipements revient très régulièrement à l’occasion de ces « maraudes ». Si cette équipe mobile ne distribue pas masques et autres surblouses, elle fait remonter toutes les demandes à l’Agence Régionale de Santé en Nouvelle-Aquitaine pour qu’elle envoie du matériel rapidement. « En temps normal, ce sont déjà des établissements en manque de moyens notamment humains alors autant vous dire que là ça risque de devenir très compliqué si du personnel doit être arrêté. Ils sont tous très inquiets face à la propagation du virus car parfois, ils n’ont pas les moyens de faire respecter les gestes barrières », rappelle Marie-Neige Videau.

Cette aide du CHU est donc « indispensable » selon Aude Zimmer, directrice de l’Ehpad Château Gardères à Talence : « Elle nous permet de ne pas être dans un véritable isolement et nous avons souvent besoin de leurs conseils sur la stratégie de soins à suivre pour tel ou tel patient ».

Une situation « très disparate » selon les établissements

En Nouvelle-Aquitaine, la situation est moins grave que dans d’autres régions pour l’instant avec tout de même 1.007 cas confirmés et 34 décès depuis le début de l’épidémie. Ce vendredi, l’ARS a signalé que des cas déclarés de Covid-19 avaient été recensés dans une trentaine Ehpad de la région. Les autorités ont par ailleurs annoncé que des « SAS sanitaire » pour le personnel allaient être installés à l’entrée de certains établissements plus touchés que d’autres. En Charente à Mansle, des soignants ont carrément décidé de se confiner avec leurs pensionnaires.

Au niveau de l’agglomération bordelaise, Marine Coutauchaud confirme que la situation est « très disparate » selon les établissements. « Tout dépend en fait du matériel dont ils disposent pour eux et les personnes âgées », ajoute-t-elle. Une bonne nouvelle selon les deux médecins bordelais, il semblerait que la distribution de celui-ci s’accélère depuis le milieu de la semaine. En attendant une amélioration de la situation, pas une seconde à perdre pour Marina et Marie-Neige qui reprennent le volant avec toute leur équipe…