Coronavirus en Occitanie : Comment en un week-end, une entreprise de voile de parapente s’est reconvertie dans la production de masques
SOLIDARITE•Soutenue par le département et les services de l’Etat, une petite société des Hautes-Pyrénées fabrique temporairement des masques en tissu à la place de voiles de parapenteBéatrice Colin
L'essentiel
- Pour faire face aux besoins de masques, les services de l’Etat et du département des Hautes-Pyrénées ont fait appel aux ressources locales pour créer une filière de fabrication de masques lavables.
- Nervures, qui conçoit et fabrique des voiles de parapente et parachute, a reconverti sa production pour fabriquer ces masques, en partenariat avec d’autres sociétés locales.
- Pour son patron, cette crise montre l’importance de pouvoir compter sur une industrie locale.
Au début, Jean-Marie Bernos pensait produire quelques masques pour les aides à domicile de l’association de services à la personne qui intervient dans les villages de sa vallée. Mais en fin de semaine dernière, tout s’est accéléré pour le patron de Nervures, une petite PME des Hautes-Pyrénées qui conçoit et fabrique des parapentes et des voiles de parachute à Soulom.
En un week-end, avec l’appui des services de la préfecture et du département, il a reconverti la production de sa petite entreprise de 15 personnes, participant ainsi à la lutte contre la propagation du virus.
« La semaine dernière, ça me turlupinait, j’ai appelé l’ancien gérant de la société dont la femme est infirmière et on s’est dit qu’on pouvait en fabriquer », se rappelle-t-il. Sa bonne volonté coïncide avec l’envie des services de l’Etat et du Département de structurer rapidement une filière de masques en tissu en coton lavables.
30.000 masques commandés
Un coup de fil de la sous-préfecture de Bagnères-de-Bigorre plus tard, ce qui était une simple idée est devenue réalité. « Dans le week-end, on a conçu plusieurs prototypes que les services de l’Etat ont validés ainsi qu’un médecin. Celui retenu est fonctionnel, il a quatre épaisseurs, il marche. Ils nous ont fait livrer des draps de blanchisserie inutilisés pour les fabriquer. Le département nous a passé une première commande de 25.000 masques et la préfecture une autre de 5.000 masques », poursuit Jean-Marie Bernos.
Depuis lundi, l’équipe de Nervures découpe, assemble et coud. Le conseil départemental coordonne la logistique. L’ancienne Blanchisserie des Gaves à Soulom et la Blanchisserie des Pyrénées, à Lourdes, ont ainsi mis à disposition plusieurs km2 de drap. Les ateliers chantiers d’insertion Récup’Action 65 se sont portés volontaires de leurs côtés pour prendre en charge le nettoyage des masques et leur emballage avant leur distribution.
Importance du made in France
Pas question de concurrencer les fabricants classiques de masques, ceux « made in Soulom » s’adressent « aux besoins des personnes qui, même si elles ne sont pas des professionnels des soins, continuent de travailler et de s’exposer chaque jour pour permettre la continuité de la vie de la nation », indique la préfecture.
Dans les locaux de Nervures, tous les employés ont répondu à l’appel pour lancer la production, dont la totalité est pour l’instant réservée. Mais son patron est prêt à partager son process avec tous ceux qui voudraient se lancer aussi dans une production. « On reçoit des encouragements. J’espère que cette crise permettra de faire comprendre aux gens l’importance de fabriquer en France et du maintien de notre savoir-faire. On a délocalisé toute l’industrie textile et on en paie aujourd’hui les conséquences. Cela montre l’intérêt d’une industrie locale, qui répond présent quand on en a besoin », plaide Jean-Marie Bernos.