Coronavirus à Montpellier : C’est quoi le passage au niveau 2 du plan blanc au CHU ?
CORONAVIRUS•Le CHU de Montpellier s’est totalement réorganisé pour accueillir la seconde vague de malades du coronavirus et ne pas être submergé par l’afflux de patientsJérôme Diesnis
L'essentiel
- Le CHU s’attend à l’afflux imminent d’une seconde vague des patients atteints du coronavirus.
- Les services ont été totalement réorganisés de façon à ne pas être submergés. « Ce qui prime dans la gestion de cette crise, c’est avant tout l’anticipation et la coordination ».
- Les capacités en secteurs de réanimation et le nombre de lits en hospitalisation pour les patients les plus touchés ont été doublés voire triplés.
Le CHU de Montpellier s’attend à accueillir de façon imminente une vague de patients atteints par le coronavirus. « Elle sera forte et soudaine », annonce le directeur de l’établissement Thomas Le Ludec. Pour s’y préparer, il a anticipé en fin de semaine dernière la phase 2 de son plan blanc : « Il s’agit de l’augmentation des capacités d’accueil des patients du coronavirus que nous mettons en place. Au vu de ce qui s’est passé dans le Grand Est, nous savons désormais que ce qui prime dans la gestion de cette crise, c’est avant tout l’anticipation et la coordination. »
« De 20 lits disponibles jusqu’à présent en réanimation lors du passage au niveau 1, nous passons à 44 », précise le professeur Kada Klouche, chef du service de médecine intensive et réanimation au CHU. Pour les cas moins graves mais nécessitant néanmoins une hospitalisation, le service des maladies infectieuses double sa capacité d’accueil : « Nous pouvons monter jusqu’à 120-130 lits », note le professeur Vincent Le Moing, responsable des maladies infectieuses et tropicales, un service relocalisé afin de raccourcir la chaîne de soins.
« Ne pas engorger le Samu et les hôpitaux »
En fin de semaine dernière, 120 patients atteints du Covi-19 sous une forme ne nécessitant pas leur hospitalisation, étaient suivis en téléconsultation à leur domicile. L’application développée par le CHU lui permet un suivi très précis de leurs situations. « S’il y a nécessité de se rapprocher d’une hospitalisation, on en discute avec eux », reprennent les médecins. Les professionnels de santé rappellent par ailleurs que l’appel au Samu (15) n’est recommandé qu’en cas de problèmes respiratoires accompagnés de fièvre, afin de ne pas engorger des services en surchauffe depuis plusieurs semaines.
La faculté de pharmacie alimente désormais de façon satisfaisante le CHU en gel hydroalcoolique. « Contrairement à d’autres établissements, nous ne sommes pas à ce stade en rupture de masques FFP2 et chirurgicaux. L’Etat a totalement réorganisé la filière de distribution. Nous sommes totalement dépendants du rythme d’approvisionnement », reprend le directeur du CHU. « Mais la gestion se fait à une autre échelle, précise le président Patrice Taourel, président de la commission médicale d’établissement du CHU. Si les médecins généralistes n’ont pas de masques, ils ne pourront pas voir les patients en première intention et nous serons submergés au CHU. Le problème est le même dans les cliniques libérales avec lesquelles nous sommes en lien étroit ». Ces établissements sont en relation étroite avec le CHU, pour récupérer notamment une partie des interventions urgentes. « Ce dont nous manquons, c’est de tests », précise l’un des professeurs.
Protection maximale et visites exceptionnelles
Les visites au CHU sont limitées à leur maximum. Dans certaines circonstances exceptionnelles, elles ont accepté « pour des raisons d’humanité », mais avec des précautions draconiennes : un seul parent en service pédiatrie, un accompagnant uniquement en salle d’accouchement à la maternité. Le personnel bénéficie par ailleurs d’une cellule d’écoute. « Lorsque le nombre de décès va fortement augmenter, la charge émotionnelle sera considérable », prévient Thomas Le Ludec.
Selon le bilan quotidien de l’ARS établit le 24 mars à 18 heures, 97 personnes sont hospitalisées dans les différents établissements de l’Hérault, dont 32 placées en réanimation. Dans le département, dix personnes sont décédées en établissements de santé depuis le début de la pandémie. « Le meilleur moyen de nous aider est de rester chez vous », rappellent les médecins.