MASQUESInquiets, les profs des enfants de soignants veulent être « protégés »

Coronavirus : Inquiets, les profs mobilisés auprès des enfants de soignants veulent être « protégés »

MASQUESDans un courrier unitaire, les syndicats demandent à ce que les enseignants mobilisés soient équipés de masques
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • Entre 20 et 30.000 enfants sont actuellement pris en charge par des professeurs volontaires, selon le ministère.
  • Mais pour de nombreux enseignants, les mesures d'hygiène et de protection dans les écoles sont insuffisantes.

«Faut-il appeler la mairie ? Les syndicats ? L’inspecteur ? » Dans cet établissement près de Nantes, l’inquiétude monte. Alors que la majorité des Français sont invités à rester chez eux, certains enseignants volontaires, eux, prennent tous les jours le chemin de l’école pour y prendre en charge les enfants des personnels soignants. Mais plus le temps passe, plus ils craignent pour leur santé et pour celle de leur famille : ils demandent « des masques », « du gel », ou tout autre « moyen de protection », indispensables selon eux pour se retrouver face à la douzaine d’élèves accueillis ici.

A 500 km de là, près de Valenciennes (Nord), même topo. Stéphanie (le prénom a été modifié), directrice d’école, se « pose beaucoup de questions ». « Les collègues volontaires ont agi de manière citoyenne, sans réfléchir, mais aujourd’hui ils sont circonspects quand ils voient les conditions dans lesquelles ça se passe. Heureusement, dans mon école, on a quand même du savon, mais c’est tout ! Il faut se rappeler que les enfants que l’on reçoit sont potentiellement les plus exposés, avec des parents qui sont en contact toute la journée avec le virus. Le pire, c’est qu’on a des masques dans les malles PPMS ! Mais la mairie nous a demandé hier de leur retourner pour les envoyer aux établissements de santé. »

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Les syndicats interpellent le ministre

Selon le ministère de l’Education nationale, entre 20 et 30.000 enfants sont actuellement pris en charge selon les jours dans 7.600 écoles et collèges (et environ 10.000 dans le privé sous contrat). Alors que les masques sont devenus une denrée rare en France, et distribués en priorité aux personnels hospitaliers en première ligne face à l’épidémie de coronavirus, les syndicats d’enseignants demandent à pouvoir en bénéficier eux aussi. Lundi, dans un courrier unitaire, ils ont interpellé le ministre de l’Education afin que « les mesures de protection et d’hygiène soient appliquées, que du matériel soit systématiquement fourni dans les écoles. » Ce qui n’est pas le cas « dans de trop nombreuses situations », estiment-ils.

« C’est normal qu’il y ait une entraide, mais pour qu’elle perdure, il faut que les enseignants soient équipés, martèle Francette Popineau, porte-parole du Snuipp-FSU. Avec de jeunes élèves, faire respecter les gestes barrières comme se laver les mains ou respecter une distance d’un mètre est impossible ! Les enseignants peuvent être contaminés mais aussi contaminer les enfants, qui transmettront ensuite la maladie à leurs parents soignants. Nous ne demandons pas de passer avant le personnel hospitalier, mais il nous faut du gel, des masques, et des gants si l’on veut éviter ces transmissions en chaîne. »

Enseignantes confinées, école fermée

Car le risque, alors que la situation sanitaire continue de s’aggraver, est bien qu’il n’y ait plus assez d’enseignants volontaires, par crainte d’attraper le virus, ou carrément contraints de rester chez eux. Dans le Loiret, par exemple, une école a dû fermer ses portes ce mardi, après que plusieurs enseignantes ont développé les symptômes du Covid-19. « La maîtresse en place a été contaminée vendredi, sachant que d’autres collègues et moi-même étaient déjà tombées malades au tout début du confinement, rapporte une enseignante. Par précaution, l’inspecteur a préféré toutes nous confiner, même la dernière collègue qui devait faire la deuxième semaine ». Résultat, les trois élèves ont été envoyés ailleurs.

L’envoi de masques n’est pour le moment pas à l’ordre du jour selon le Snuipp, alors que dans la communauté éducative elle-même, le débat n’est pas tranché, certains estimant que le port du masque par un professeur pourrait être anxiogène pour les jeunes élèves. Les enseignants inquiets espèrent que la situation évoluera dans leur sens, dans la mesure où le nombre d’enfants à prendre en charge pourrait augmenter avec le récent élargissement des catégories de personnels concernés.