Coronavirus à Marseille : « Vous nous redonnez foi en l’humanité », un restaurateur se confine seul pour cuisiner pour les hôpitaux
SOLIDARITE•Youcef Shamasna, patron du restaurant La Palestine à Marseille, a décidé de se confiner seul sans sa famille pour cuisiner pour les hôpitaux marseillais qu’il livre chaque jourAdrien Max
L'essentiel
- Youcef Shamasna prépare dans son restaurant La Palestine à Marseille une petite centaine de repas chaque jour depuis le confinement pour livrer les personnels soignants des hôpitaux de Marseille.
- Il s’est confiné seul dans un appartement, sans sa famille, afin de ne pas leur faire courir le risque d’une contamination puisqu’il se rend chaque jour dans les hôpitaux.
- Il explique faire ça par humanisme, pour montrer le soutien aux personnels soignants, sur les économies de son restaurant.
Il s’est confiné seul, sans sa famille, pour cuisiner pour les personnels soignants marseillais. Au début du confinement mis en place pour lutter contre la propagation du Covid-19, Youcef Shamasna n’a pas eu d’autres choix que de fermer son restaurant La Palestine, dans le quartier des Docks, à Marseille. Mais plutôt que de ranger ses marmites, il a lancé un appel sur les réseaux sociaux : « Durant cette période de crise, le restaurant La Palestine se propose d’offrir et livrer gratuitement des repas pour le personnel hospitalier pour les soutenir et les encourager. »
Depuis, il reçoit chaque soir des commandes pour les différents hôpitaux de la ville : l’hôpital Nord, la Timone, Saint-Joseph, l’hôpital Européen, notamment. « Des médecins ou des infirmières m’appellent ou m’écrivent par SMS avec le nombre de repas qu’il faut que je livre, et l’heure de la livraison », explique-t-il.
« J’utilise les économies du restaurant »
Il s’enferme ensuite dans son restaurant le matin et prépare jusqu’à une petite centaine de repas chaque jour, seul ou avec un employé qui a souhaité l’épauler dans sa démarche. « Je prépare les entrées, la viande, les desserts, le pain, tout », détaille Youcef avec son accent palestinien.
Tous les repas sont préparés gracieusement, Youcef pioche sur son fonds de roulement pour l’instant. « Je ne peux pas dépasser une petite centaine de repas par jour, sinon je n’arrive pas à suivre. Je m’occupe seul des livraisons en plus. Ça fait deux ans qu’on est ouvert donc j’utilise les économies du restaurant. Je vais faire le maximum, mais il faut que je fasse attention, je ne sais pas encore qui va payer mes cuisiniers qui ont arrêté de travailler, et j’ai une famille à nourrir », anticipe-t-il.
Et Youcef fait les choses dans la règle de l’art. Puisqu’il livre les hôpitaux, il a fait le choix de se confiner seul, sans sa famille, pour les protéger au maximum. « Ma femme est enceinte et comme je me rends dans les hôpitaux j’ai préféré me confiner seul dans l’appartement au-dessus du restaurant. Je passe mes journées seul, donc le matin je cuisine, des fois je fais des préparations le soir. C’est difficile, je commence à être fatigué mais je tiens le coup », explique Youcef.
« Montrer qu’on est avec eux et qu’on pense à eux »
S’il a fait le choix de se confiner seul, et de livrer les hôpitaux gracieusement, c’est par pur humanisme. « Là d’où je viens en Palestine, on s’entraide tous. Je voulais rendre hommage aux personnels soignants qui prennent des risques, nous avons besoin d’eux c’est normal de le montrer qu’on est avec eux et qu’on pense à eux. Je ne pouvais pas rester à la maison sans rien faire, donc je me suis servi de mon restaurant pour rendre service. Et si ça peut donner des idées à d’autres », espère-t-il.
Son initiative a largement été saluée par les personnels soignants qui ont eu la chance de recevoir ses bons petits plats. « Un grand merci au restaurant la Palestine qui a fait preuve d’une grande générosité et d’une grande humanité en offrant à toute l’équipe soignante ce délicieux repas. Vous nous redonnez foi en l’humanité, encore un immense merci », écrivent les personnels soignants sur Facebook. Une initiative d’autant plus forte que Youcef se trouve lui-même en pleine période d’incertitude pour l’avenir de son restaurant.