Coronavirus : « Une bombe à retardement » pour les refuges d’animaux, qui craignent une vague d’abandons
INTERVIEW•Laëtitia Queherno, responsable d’un refuge de la Fondation assistance aux animaux, exprime ses craintes auprès de « 20 Minutes »Propos recueillis par Romarik Le Dourneuf
L'essentiel
- En raison de la propagation du coronavirus, la France est en confinement général depuis mardi midi.
- Parmi les activités touchées, les refuges et dispensaires animaliers ont dû, eux aussi, fermer leurs portes.
- Une situation qui ressemble à « une bombe à retardement » pour Laëtitia Queherno, de la Fondation assistance aux animaux, que 20 Minutes a interrogée.
Ils vont sans doute être l’une des nombreuses victimes collatérales du coronavirus. En conformité avec les mesures prises par le gouvernement, les refuges et dispensaires animaliers ont du fermer leurs portes pendant la période de confinement, depuis mardi.
Jointe par 20 Minutes, Laëtitia Queherno, responsable animalier-chien du refuge de Villevaudé (Seine-et-Marne) de la Fondation assistance aux animaux, qui accueille sur place plus de 160 animaux, explique la situation actuelle et livre ses craintes.
Avec le confinement instauré à cause du coronavirus, quelle est la situation pour un refuge comme le vôtre ?
Pour le moment, nous sommes bloqués. Les bénévoles ne peuvent plus venir nous prêter main-forte, il ne reste donc que les salariés. On s’occupe des animaux, on promène les chiens plusieurs fois par jours. On peut se déplacer pour une urgence vétérinaire, mais plus pour les chirurgies de convenance (stérilisations – N.D.L.R. -).
Pour ce qui est de la nourriture et du matériel, on a toujours le stock nécessaire. Nous avons vu les mesures venir, alors on a davantage stocké. En revanche, nous sommes une structure privée, et nous ne vivons que grâce aux dons. Avec le confinement, nous allons sûrement en recevoir moins, ça risque d’être compliqué.
Pendant cette période, pouvez-vous toujours accepter de nouveaux animaux et procéder aux adoptions ?
Non, malheureusement, le refuge est fermé. Nous ne pouvons plus accepter d’animaux, ni les laisser partir. C’est dur pour eux, surtout pour ceux qui sont jeunes. Notre plus jeune chien a quatre mois et demi, un âge auquel il doit être éduqué. Il prend ses habitudes et s’attache énormément à nous. Ce n’est pas forcément une bonne chose. C’est la même chose pour les chiens de 12 à 18 mois, ils sont très sociables, et le but est qu’ils soient adoptés très vite. On ne sait pas combien de temps ils vont rester avec nous. Habituellement, on fait adopter 30 animaux par mois.
Que s’est-il passé le week-end dernier, dans la perspective du confinement ?
Nous avons reçu énormément d’appels pour des abandons. Il y a ceux qui pensent que les animaux peuvent transmettre le coronavirus à l’homme, et ceux qui partent en province et/ou en famille. Comme pour les départs en vacances. Mais les gens n’osent pas dire que c’est à cause de cela.
Redoutez-vous une vague d’abandons à venir ?
C’est sûr, il y en aura beaucoup. De plus, c’est bientôt la période des chatons. Les chattes sont fertiles à l’arrivée du printemps. Et les températures ont été très douces dernièrement. Les chatons ne vont pas tarder à arriver. Ce que nous craignons le plus, ce sont les abandons « lâches », on en a déjà eu.
Les gens attachent les animaux à nos grilles ou les lancent carrément par-dessus. On a eu des boîtes pleines de chats. Si le confinement est maintenu, il faudra s’attendre à beaucoup d’abandons. C’est une bombe à retardement.