CONTAGIONPeut-on être contaminé au coronavirus par l’argent liquide ?

Coronavirus : Peut-on être contaminé par les billets de banque et les pièces de monnaie ?

CONTAGIONMême s’ils manquent de données, les experts estiment que les objets peuvent participer à la transmission du Covid-19
Romarik Le Dourneuf

Romarik Le Dourneuf

L'essentiel

  • Si les lieux publics « non indispensables » sont fermés depuis dimanche 15 mars, les commerces alimentaires restent ouverts.
  • Or, l’argent liquide peut être une source de transmission du coronavirus, selon des études.
  • Le meilleur moyen de s’en prémunir reste les gestes barrières et le paiement sans contact.

En dépit de la fermeture annoncée des lieux publics « non indispensables » à cause du coronavirus, certains commerces restent ouverts. Parmi eux, les commerces alimentaires, les pharmacies, les buralistes, les stations-service, etc.



Si la plupart des commerçants utilisent des gants, le risque de contamination au contact d’autres clients est bien réel, et beaucoup se demandent ce qu’il en est des billets de banque et des pièces de monnaie. En Chine, les autorités ont décidé de désinfecter les billets aux rayons ultraviolets, et les Etats-Unis imposent une quarantaine aux coupures qui viennent d’Asie. Pour le moment, aucune mesure spécifique n’a été prise en France.

Un risque faible

« Le risque d’être infecté par le Covid-19 en touchant des pièces de monnaie, billets de banque ou cartes de crédit est très faible. » Contacté par 20 Minutes, le ministère de la Santé martèle la communication de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Une porte-parole du ministère rappelle tout de même : « Nous n’avons pas de données précises, mais en général, nous ne gardons pas la monnaie très longtemps en main. »

La Banque de France a également communiqué à ce sujet, comme le rapporte Le Monde : « Comme pour la grippe saisonnière et comme sur toute autre surface, les gouttelettes respiratoires d’une personne infectée déposées sur un billet pourraient survivre pendant une période limitée, mais pas significative pour être un vecteur majeur de transmission. »

Difficile de s’y retrouver tant on manque de données. Pour le moment, les chercheurs se basent sur l’épidémie de Sras en 2003 pour estimer la force de contagion du Covid-19. Une étude de l’université de la Ruhr publiée le 6 février dernier estimait que les cellules du coronavirus pourraient persister en moyenne de 4 à 5 jours sur certaines surfaces comme le papier ou le verre. Selon le taux d’humidité et la température, cela pourrait s’étendre jusqu’à neuf jours. Mais d'autres travaux plus récents, américains, évoquent un délai de survie de vingt-quatre heures sur le carton (qui est proche du papier). Par ailleurs, ils évaluent à trois jours la durée de persistance sur le métal. Ces mêmes études aboutissent à la conclusion que la transmission du virus peut, au regard des délais de persistance, s’établir au contact d’objets.

Bons réflexes, pas d’inquiétude

Face à ces risques de contamination, faut-il s’inquiéter ? Alexandre Bleibtreu, médecin-infectiologue au service de maladies infectieuses et tropicales de la Pitié-Salpêtrière (Paris), interrogé par nos confrères du Parisien, se veut rassurant : « Le risque est infime. Il peut se transmettre si l’on ne respecte pas les mesures d’hygiène de base mais, a priori, il n’y a pas plus de risque qu’avec une carte bancaire ou un téléphone mobile. » Autrement dit, pour se préserver d’une contamination, il faut appliquer les gestes barrières. Une porte-parole du ministère de la Santé abonde : « Il y a très peu de risques si on se lave les mains dès que possible et autant de fois que nécessaire. »

Même son de cloche du côté de l’OMS, citée par le quotidien britannique The Telegraph : « L’argent change fréquemment de mains et il peut ramasser toutes sortes de bactéries et virus. Nous conseillons aux gens de se laver les mains après avoir manipulé des billets de banque et d’éviter de toucher leur visage. Dans la mesure du possible, il serait également conseillé d’utiliser les paiements sans contact pour réduire le risque de transmission. »

La grande majorité des commerçants sont d’ailleurs équipés pour cela. Selon une étude* OpinionWay pour l’entreprise Sumup, 8 commerçants sur 10 acceptent déjà le sans-contact. Ce chiffre monte même à 97 % en ne prenant en compte que les commerces de proximité, hors personnels de santé.

*réalisée auprès d’un échantillon de 1023 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, réalisée du 29 au 30 janvier 2020.